Figuero : l'heureuse retraite limougeaude d'un ancien roi d'Auteuil
Le champion Figuero, toujours bon pied bon oeil à 10 ans, et profitant pleinement de sa retraite en Haute-Vienne, aux côtés de Rémy Anne, qui lui a souvent été associé le matin, à l'entraînement, et emmené aux courses l'après-midi
Il y a quelques mois en arrière, à la fin de l'hiver, j'étais "capot ouvert". En pleine préparation de mon premier trail de la saison. Car même si ce n'était qu'une "course saucisson", il fallait quand même y aller avec un minimum de préparation. Mais alors que j'étais en train de me faire "sauter le caisson", ma Garmin m'a ramené à la raison. Pas pour me signaler que j'étais essouflé comme un âne. Je l'avais déjà deviné. Mais pour me dire que j'avais reçu un coup de téléphone de Rémy Anne. Autant décrocher. Cela permettra au temps de récup' d'augmenter... La vision quelque peu troublée, j'arrive quand même à bien écouter. Et à vite comprendre que mon interlocuteur, aussi, avait des étoiles plein les yeux. Sans que je ne le vois. Juste au son de sa voix.
Figuero, sous le regard attentif et bienveillant de Rémy Anne, son premier "fan", aux côtés de qui l'ancien champion d'Auteuil coule une douce et paisible retraite
En effet, celui qui est installé débourreur/pré-entraîneur au Haras des Places de Marie-Pierre Lejeune, à Saint-Just-le-Martel, du côté de Limoges (Haute-Vienne), venait d'apprendre que le champion Figuero (Yeats), "son" cheval de coeur, alors fraîchement retiré des pelotons, allait couler des jours heureux... à ses côtés. Un bien joli cadeau, une bénédiction même, faite par Fabienne et François Nicolle, ainsi que la famille Détré, au jeune trentenaire. Bien conscients de l'importance que ce cheval a à ses yeux, depuis leur rencontre commune, du temps où Rémy Anne travaillait chez le maître de Saint-Augsutin. Celui-ci me demandait alors s'il était possible, dès que l'occasion se présenterait, de venir le voir dans sa nouvelle vie de (très) heureux retraité. Et voici que début août, en vadrouille dans le Limousin hippique, à voir et photographier les futures étoiles des hippodromes, l'occasion s'est effectivement présentée. De s'arrêter prendre des nouvelles de cette ancienne gloire des pelotons. Qui après avoir tant gagné en piste, a aujourd'hui gagné le droit... de ne rien faire !
Figuero, dans ses oeuvres sur les obstacles de la Butte Mortemart, à Auteuil, sous la selle d'Angelo Zuliani (© APRH)
Sous la coupe donc de François Nicolle, et la casaque de Jacques Détré, Figuero s'est effectivement avéré être un compétiteur de tout premier plan dans la discipline de l'obstacle. 28 courses. 10 victoires. 15 places. Et plus d'un millions d'euros de gains. Parmi ses plus beaux titres, deux succès au plus haut-niveau, dans les Prix La Haye Jousselin (Gr.1) et Maurice Gillois (Gr.1), ainsi que dans d'autres épreuves d'envergure, comme les Prix Héros XII (Gr.3), Ingré (Gr.3), The Fellow (Gr.3), Philippe Ménager. Sans oublier ses accessits dans des courses toutes aussi renommées comme le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr.1), et les Prix La Haye Jousselin (Gr.1), Troytown (Gr.3), Ingré (Gr.3) ou encore Richard et Robert Hennessy à Auteuil (L.). De bien belles épopées, dans lesquels il lui est arrivé d'être accompagné par Rémy Anne justement, qui a été à la fois son cavalier d'entraînement ainsi que son garçon de voyages.
Rémy Anne, du temps où il travaillait chez François Nicolle, à la tête de Figuero, lors de l'une des victoires de ce dernier à Auteuil, avec à leurs côtés notamment Fabienne et François Nicolle, Thierry Cyprès, Romain et Patrice Détré (© APRH)
Avant de rejoindre les prés limougeauds de son "ange gardien", et supporter inconsidéré, Figuero est né et a grandi dans ceux, nivernais, de Thierry Cyprès. AQPS aujourd'hui âgé de 10 ans, il a pour père le formidable étalon irlandais Yeats (Sadler's Wells), ancien stayer de - très - grand talent, vainqueur notamment de quatre éditions successives de l'Ascot Gold Cup (Gr.1) en sus de la Coronation Cup (Gr.1), de l'Irish St Leger (Gr.1) et du Prix Royal Oak (Gr.1), devenu par la suite le père de plusieurs sauteurs classiques. Côté maternel, Figuero est le premier produit de l'inédite Annaland (Saint des Saints), à qui l'on doit également le top-sauteur Kingland (Cokoriko), lauréat l'an dernier du Prix Maurice Gillois - Grande Course de Haies des 4 Ans (Gr.1), sous la même férule de François Nicolle. Annaland n'est autre qu'une petite-fille de la matrone Queensland IV (Citheron) de laquelle descendent pas moins de 20 "black type" en obstacle, parmi lesquels Cumberland (Cyborg), autre vainqueur du Prix Maurice Gillois (Gr.1), mais aussi le double lauréat du Prix Héros XII (Gr.3) Edgeoy.
Figuero, un cheval qui aura beaucoup, beaucoup compté dans la carrière de jockey d'Angelo Zuliani (© APRH)
Si la question de la reconversion peut se poser, elle n'est aucunement d'actualité pour Figuero, Rémy Anne souhaitant voir son "champion" pleinement profiter de sa retraite pour l'instant. Tranquille. Pépère. Un régime sans selle, qui semble parfaitement convenir à celui dont l'embonpoint croît à mesure que sa crinière ne s'étoffe. L'oeil toujours malicieux, il prend chaque jour plaisir à tester les limites de la clôture de son pré. Et la patience de son "ange gardien". Tout cela pour voir si l'herbe n'est pas plus verte à côté. Ou tout du moins pas plus courte. Mais en cas d'incartade, celle qui partage son quotidien, une jument de selle, de 7 ans sa cadette, n'a pas peur de le rappeler à l'ordre. C'est-à-dire chaque matin, au moment de la ration. Ou quand il reçoit de la visite. Comme celle de son plus fidèle partenaire en piste, Angelo Zuliani, et de sa compagne, Louise, ravis de le voir continuer à "faire le malin", comme il le faisait à Saint-Augustin. Et, surtout, d'avoir été placé en de si bonnes mains. Pour poursuivre son p'tit bonhomme de chemin.
GALERIE PHOTOS