Le petit chelem de la génération 2009

25/11/2011 - Actualités
Régulièrement dominé dans les belles épreuves françaises dédiées aux 2 ans, l’entraînement tricolore a cette année réalisé un festival avec ses jeunes talents. Bilan et petits enseignements d’une saison peu ordinaire.

 

Les statistiques sont édifiantes. Prenons les sept courses majeures pour 2 ans proposées par le programme français (5 Groupe 1, 2 Groupe 2). Explorons le passé récent et l’on arrive à ce constat cuisant : De 2005 à 2010, les 2 ans étrangers ont, à l’exception de 2007, dominé les « nôtres » avec constance. Dominé, et parfois écrasé. En 2006 et 2010, les visiteurs ont ainsi humilié les locaux à domicile (voir ci-dessous). Compte tenu du bilan comptable des exercices précédents,  le cinglant 6-1 infligé cette année par nos bébés galopeurs aux jeunes cadors étrangers est pour le moins étonnant.
 
Palmarès 2011 des sept plus belles épreuves françaises dédiées aux 2 ans
Epreuve Vainqueur Entraîneur Propriétaire
Px Robert Papin (Gr.1) Family One Y. Barberot Ecurie Ascot
Px Morny (Gr.1) Dabirsim C. Ferland S. Springer
Px Jean-Luc Lagardère (Gr.1) Dabirsim C. Ferland S. Springer
Px Marcel Boussac (Gr.1) Elusive Kate JHM Gosden Magnolia Racing / Mme Hood
Critérium International (Gr.1) French Fifteen N. Clément R. Tooth
Critérium de Maisons-Laffitte (Gr.2) Restiadargent H.A Pantall G. Pariante
Critérium de Saint-Cloud (Gr.1) Mandaean A. Fabre Godolphin SNC

 

 

French Fifteen, éblouïssant dans le Critérium International a fait la joie de ses éleveurs, M. et Mme Forien du Haras de la Reboursière et de Montaigu, où son père, Turtle Bowl fait la monte.
(©APRH)

 

Bilan des grandes épreuves françaises réservées aux chevaux de 2 ans (Groupe 1/Groupe 2)

Année Nombre de victoires françaises / Nombre de victoires étrangères
2011 6 / 1
2010 0 / 7
2009 3 / 4
2008 2 / 5
2007 4 / 3
2006 0 / 7
2005 3 / 4

 

Cru exceptionnel ou inversion de tendance ?
 
Exceptionnel, forcément. Parmi, les 5 2 ans ayant contribué à la réussite française 2011, il y a bien évidemment quelques sujets peu ordinaires. On pense d’abord à Dabirsim (vous saurez tout sur lui en lisant notre article ici), auteur du doublé  Morny/Lagardère. Invaincu, le fils de Hat Trick a, lors de ses deux victoires majeures, laissé bouche bée tous les observateurs et son fabuleux coup de reins le premier dimanche d’octobre restera, et pour longtemps, gravé dans toutes les mémoires. Mandaean (premier fils de Manduro à gagner groupe) est lui aussi un crack XXL, et il ne lui aura fallu que deux tours de piste pour en faire la démonstration. Lauréat lors de ses premiers pas « en se tordant de rire », le représentant Maktoum (qui défendra désormais la casaque Godolphin) a proprement nettoyé ses rivaux dans le Critérium de Saint-Cloud.
 
 
 
Dabirsim, auteur du doublé Px Morny (Gr.1) et Px Jean-Luc Lagardère (Gr.1) le jour de sa consécration à Longchamp.
(©APRH)
 
 
À cru exceptionnel, décrue exceptionnelle. Car il faut être honnête, nos amis anglais et irlandais n’ont pas toujours répondu présents lors de nos confrontations majeures pour 2 ans. Comme le constate avec modestie, Yann Barberot : « J’ai effectivement l’impression qu’ils étaient moins nombreux à se déplacer cette année. » Dans le « ils » de Yann Barberot, il est naturellement question d’Aidan O’Brien et des représentants Coolmore. Hormis en 2007, et donc cette année, le professionnel irlandais a toujours remporté chaque année au moins un groupe 1 français avec l’un de ses 2 ans (l’an passé, il en avait d’ailleurs enlevé trois). N’avait-il pas, cette année, un réservoir de 2 ans suffisant pour s’engager sur tous les fronts ? Spéculation. Une chose nous interpelle. Habituellement très représenté dans le Critérium de Saint-Cloud (trois partants en moyenne ces cinq dernières années), son entraînement était totalement absent dans cette joute. Evoquer une inversion de tendance en s’appuyant sur les seuls résultats français 2011 semble prématuré. Mais l’on peut espérer que la réussite de la génération 2009 inspire quelques entraîneurs et propriétaires.   
 
La Province à l’attaque
 
Traditionnellement, au niveau Groupe 1/Groupe 2, les 2 ans cantiliens constituent l’opposition directe aux compétiteurs étrangers. Et il faut remonter à Hélios Quercus (Cyriaque Diard) pour retrouver la trace d’un galopeur provincial au palmarès de l’une sept courses françaises majeures dédiées aux 2 ans. Cette année, trois jeunes galopeurs non parisiens ont réussi à s’illustrer à cette altitude : Restiadargent (Henri-Alex Pantall), Dabirsim (Christophe Ferland) et Family One (Yann Barberot). Trois galopeurs provinciaux qui représentent, chacun, une région. Restiadargent vient de Beaupréau, Dabirsim du Sud-Ouest, et Family One de Deauville. Il y a bien longtemps que Paris ne fait plus peur aux entraîneurs extra-muros, et les résultats obtenus simultanément par ces trois professionnels démontrent que les courses de groupe de 2 ans ne sont pas la chasse gardée des maisons classiques, qu’elles soient françaises ou irlandaises.
 
 
 
Family One, un petit provincial au moteur explosif, l'un des tous meilleurs 2 ans entraînés en France!
 
 
Paris audacieux
 
Pour s’imposer en pareille société, surtout lorsque l’on n’a pas la puissance financière d’un Maktoum, il faut savoir prendre des risques. Celui d’engager ses chevaux dans les groupes parisiens. Prendre le risque, aussi, de miser en amont sur des étalons pas forcément bankables. C’est notamment le cas de Guy Pariente qui a investi sur Kendargent. Un pari qui pouvait sembler audacieux. Kendargent n’a pas exactement un papier « à grimper aux rideaux », mais ses premiers produits sont pour le moins prometteurs. Sept d’entre eux ont débuté cette année, parmi lesquels Restiadargent (lauréate du Critérium de Maisons-Laffitte) et Kendam (lauréate du Prix Eclipse), excusez du peu.  

 

Restiadargent, fruit d'un pari risqué par Guy Pariente, associée au jeune et talentueux Maxime Guyon
(©APRH)

Nouvelle vague
 
Ils ont sellé leur premier partant en 2008. Ils  sont en outre à la tête d’un effectif quantitativement équivalent, composé pour moitié de jeunes chevaux. Christophe Ferland et Yann Barberot ont crevé l’écran cette année. Ferland, avec Dabirsim, a remporté le premier groupe I de sa jeune carrière, mais a aussi réalisé une bonne pioche chez les 2 ans, en particulier avec les représentants de Simon Springer (propriétaire de Dabirsim, mais aussi d’Orcus et de Gloomy Sunday). Le normand Yann Barberot n’est pas en reste avec son collègue du Sud-Ouest. S’il s’est d’abord fait connaître avec des chevaux de quinté, l’ex-pilote de Stéphane Wattel est en train d’atteindre les objectifs qu’il s’était fixés en début de carrière (« Les chevaux de gros handicaps, c’est bien, mais j’espère aussi très vite récupérer de bons 2 ans.» déclarait-il lors de ses débuts). Vainqueur du Prix Robert Papin avec Family One (vendu récemment plus de 400.000 euros), le professionnel deauvillais a lui aussi réussi à sortir quelques autres 2 ans de qualité, dont l’invaincu Gentle Storm.      
 

Gentlestorm associé à Christophe Soumillon, invaincu en 2 sorties s'est imposé avec autorité à Angers dans le Px Kerautem
(©APRH)

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