Le Grand Steeple des anecdotes (2/2)

28/05/2016 - Actualités
 La cent-trente-huitième édition du Grand Steeple-Chase de Paris n’a pas dérogé à ses devancières. Elle nous a procuré son lot d’émotion mais également une peine indescriptible dans le tournant d’Auteuil. Le nordiste As d’Estruval est allé rejoindre nombre de cracks morts au champ d’honneur. Par Xavier BOUGON  

Héros XII

 
As d’Estruval à l’image d’un Héros...XII
 
Avant de continuer le chapitre « anecdote » à partir de l’après première guerre, arrêtons-nous sur le triste sort que le Grand Steeple a réservé à un de ses vainqueurs. As d’Estruval était le favori suite à ses trois succès dans les préparatoires, tout comme l’avait été Héros XII, ce héros chouchou du public, né pendant la guerre et nommé en conséquence. Après sa victoire du Grand Steeple 1922, Héros XII est au départ, en novembre 1923, du Prix du Cinquantenaire d’Auteuil, tout comme Master Bob et L’Yser. Dans le dernier tournant, il semble avoir course gagnée. Soudain, il s’arrête, immobile, sur trois jambes, la tête basse. Il vient de mettre le pied dans un trou et se brise le pâturon de l’antérieur droit. Un silence lugubre plane sur Auteuil, noyé sous une pluie fine en ce jour de Toussaint. Ainsi tomba au champ d’honneur ce cheval admiré des foules pour sa capacité «à porter le poids » et qui justifia un nom si difficile à porter.
 
 
 
1919 : l’anglais Troytown nous laisse les miettes
 
Il faudra attendre le mercredi 7 mai 1919 pour assister à la réouverture d’Auteuil. L’émotion est grande dans la salle des balances puisque figure un portrait du jockey Alec Carter portant les couleurs de James Hennessy. Alec était décédé, habillé d’un uniforme français, aux premières heures des hostilités de la Grande Guerre. Deux jours plus tôt, Maisons-Laffitte avait ouvert ses portes, la veille, Enghien avait organisé sa première réunion et Longchamp ne va pas tarder (seul Chantilly et Le Tremblay resteront fermés). C’est le 22 juin que la 42e édition du Grand Steeple-Chase de Paris va pouvoir enfin se courir devant un parterre de 77.626 spectateurs.
 
Au rayon nouveauté, l’une est de taille : les conditions de la course prévoient différentes surcharges. L’anglo-irlandais Troytown va dominer l’opposition réduite à deux, Albanais (pour les couleurs du comte Delaire de Cambacérès) et Gonfalon, après les chutes de cinq adversaires et deux chevaux arrêtés. Albanais se consolera en remportant ensuite le Prix des Drags devant Gonfalon. Troytown était venu à Auteuil, huit jours plus tôt, reconnaître le parcours. Pas tout le parcours puisqu’il glisse à la réception de la rivière des tribunes et déséquilibre sa monture, William Head. Lors de sa domination, Troytown a sur le dos, William (Billy) Escott qui venait de se marier, deux mois plus tôt à Madeleine, fille George Batchelor. Mais ce jeune jockey va chuter le 11 octobre suivant dans le Prix Congress et succombera à ses blessures le surlendemain.
 
 

Coq Gaulois au défilé du Grand Steeple, devant Héros XII
 
 
1920 : un cocorico pour le nimois Coq Gaulois devant près de 100.000 spectateurs
 
Le pensionnaire du duo d’associés, Charles Liénart et Jean Lieux, monté par William Head, Coq Gaulois, rentre aux balances, applaudi à tout rompre par un large public (98.575 spectateurs) à grande majorité français, un tantinet cocardier. En effet, avant coup, la course ne pouvait pas échapper à l’un des deux visiteurs anglais, Troytown (vainqueur du Grand National deux mois plus tôt et tenant du titre à Auteuil) et Poethlyn (vainqueur par deux fois du Grand National d’Aintree). Le public est donc enchanté puisque son idole du moment porte en effet un nom à ravir. Les anglais termineront troisième et quatrième. Le gagnant est un fils d’un étalon national, ancien stayer anglais importé. Coq Gaulois a été élevé dans le Gard au Haras de Campagne près de Nîmes et, pour l’anecdote, est de robe grise. C’est une première dans le Grand Steeple. Son éleveur, Georges Arnaud, banquier de métier, l’avait cédé au principal propriétaire du Sud-Est, Pierre Thomas, qui ne pourra, après-guerre, refuser une offre du belge Charles Liénart. Resté entier, Coq Gaulois rentrera étalon au haras d’Ouilly pour son nouveau propriétaire, le duc Decazes qui venait non seulement d’acheter le haras mais aussi l’effectif du belge décédé. Il sera exporté en 1924 aux USA.
 
 

Léon Volterra
 
 
1921 : Roi Belge, Master Bob, un jumelé de chanceux
 
Héros XII a course gagnée quand son partenaire, le pourtant génial Georges Parfrement, se trompe de parcours ! Cette erreur profite à ses chanceux adversaires, Roi Belge (monté par George Mitchell) et Master Bob (monté par Alfred Kalley). William Head, pilote de L’Yser, s’aperçoit au dernier moment de l’erreur de parcours. Il va pour redresser la course de son cheval mais celui-ci glisse des quatre pattes et sa monture tombe sur le plat. Le vainqueur, qui venait de remporter le Grand Steeple-Chase de Bruxelles (à Groenendael) appartient à un tout nouveau propriétaire de 33 ans, Léon Volterra, qui fera parler de lui par la suite. Son propriétaire-éleveur, Augustin Champion l’avait mis à réclamer pour 10.000 F. parce qu’il était tout près de claquer des tendons. Léon Volterra l’achète donc (comme l’avait été Dandolo et comme le sera Mandarino, 75 ans plus tard) pour 10.100 F. après un succès sur les haies le 30 octobre 1919 à Auteuil. Son entraineur, Michel Pantall avait réussi à le raccommoder suite au claquage survenu effectivement 15 jours après la réclamation. Il restera sur «la touche» pendant près d’un an. Pour l’anecdote, le père de Roi Belge, Gros Papa, sera également celui de Millionnaire II (Grand Steeple 1933).
 
1922 : un Héros malheureux
 
Héros XII est né dans les Hautes-Pyrénées élevé par C. Lafforgue. Son père, Ex Voto, un vainqueur du Prix du Jockey Club, est étalon national au haras de Gélos. Présentation faite, il va gagner, à 6 et 7 ans, le Prix du Président de la République sous la charge de 77 et 79 kilos, plus gros poids jamais porté par un vainqueur de ce handicap. Il porte les couleurs d’Henri Coulon associé à Robert Bollack (l’oncle de Myriam).
 
Sans surcharge, le Grand Steeple semble une formalité. Mais trois fois la fatalité s’abat sur lui. En 1920, il se classe second entre le vainqueur Coq Gaulois et le crack anglais, Troytown. En 1921, Georges Parfrement, crack jockey, est appelé pour monter l’édition 1921. Favori, il fait figure de gagnant quand, erreur incroyable et irréparable, son jockey se trompe de piste après la rivière du huit, entrainant avec lui le reste du peloton sauf deux trainards, Roi Belge et Master Bob. Pour eux, les deux premières places et la troisième à notre Héros, remis dans le droit chemin par son jockey conspué par le public. Il sera mis à pied jusqu’à la fin de l’année.
 
Le 18 juin 1922, l’année suivante donc, le public n’a d’yeux que pour Héros XII face à onze adversaires dont deux italiens et deux britanniques. Il est enfin récompensé dans l’épreuve reine, monté par George Mitchell, le jockey de Roi Belge, l’année précédente. Il devance Corot et Music Hall qui venait de s’imposer dans le Grand National de Liverpool.
En 1923, à 8 ans, Héros XII doit porter douze livres de surcharge (74 kgs contre 68 kgs), rançon de son succès de l’année précédente. Il doit se contenter de la 3e place derrière L’Yser et Master Bob. Puis viendra l’automne évoqué dans le chapitre des morts au champ d’honneur. Sa dépouille fût enterrée dans le paddock de l'établissement de son entraineur, Roch Filippi à Maisons-Laffitte. Ce dernier décédera lors du bombardement, par l’aviation anglaise, du pont de chemin de fer reliant Sartrouville à Maisons-Laffitte.
 
 

L'Yser
 
 
1923 : L’Yser, un fils d’Ex Voto (comme Héros XII)
 
Le duc Decazes venait d’accueillir Coq Gaulois comme étalon en son haras d’Ouilly quand son pensionnaire, L’Yser (entrainé par Charles Bariller) domine Master Bob et le valeureux Héros XII (sous 74 kgs) dans le Grand Steeple de Paris. L’Yser, ce fils du fonctionnaire Ex Voto, venait de remporter le Grand Prix de Pau sous 79 kgs et le Prix Murat (devant Corot, un autre pensionnaire Decazes) sous 77 kgs. Ce sont les plus lourdes charges jamais portées par un vainqueur dans ces deux épreuves, aujourd’hui encore.
 
 

Maurice Gillois, créateur de la piste extérieure du steeple-chase
 
 
1924 : Master Bob saute le premier « juge de paix »
 
Deux fois second de Roi Belge et de L’Yser, Master Bob, âgé de 10 ans, va enfin faire sien l’épreuve phare du calendrier d’Auteuil. Il y devance son dauphin d’une tête. Mais cette édition du 22 juin 1924 est autre que les précédentes puisque, cette année, deux nouveaux parcours sont inaugurés : la piste des fortifications sur les haies et la piste extérieure des steeple-chases. Sur cette piste vient d’être ajouté un obstacle appelé «rail ditch and fence». Malgré les hurlements poussés par certains entraineurs, le colonel Maurice Gillois, l’initiateur, tient bon. «Les gros» d’en face se dressent toujours aujourd’hui donnant son véritable sens au steeple-chasing.
 
 

Silvo
 
 
1925 : Silvo, le dernier étranger jusqu’à l’arrivée de Mandarin en 1962.
 
Nos sauteurs français sont médiocres, la relève tarde à venir d’autant que le vainqueur de La Haye Jousselin de l’automne précédent, Gorey, vient de mourir d’une pneumonie infectieuse. C’est en toute quiétude qu’un représentant anglais, Silvo, domine l’opposition dont son dauphin, Lautaret, qui marchait sur sa barbe. Celui-ci, âgé de 13 ans, avait été acheté à réclamer en début de saison par Maurice Tillement, propriétaire par ailleurs de Gorey, mais aussi d’un ancien élève de Meautry, Rocking Chair, vainqueur le mercredi suivant de la Grande Course de Haies d’Auteuil.
 
Quant à Silvo, né en Irlande neuf ans plus tôt, il est entrainé en Angleterre par Percy Whitaker. Troisième du Grand National l’année précédente, il était venu reconnaître le parcours une semaine avant son succès finissant second tout en concédant seize livres à son vainqueur. Ce n’est pas de sitôt qu’un étranger viendra «remanger» le pain des français. Il faudra attendre Mandarin et l’année 1962 pour revoir un anglais franchir le poteau du Grand Steeple en vainqueur.
 
1926 : un irlandais pour un belge entrainé en France
 
La 49e édition promet au vainqueur 300.000 F., un record devant un public venu en nombre (104.796 entrées payantes, un autre record). Son allocation attirent 16 partants mais pas d’étranger. La moitié du peloton (dont Le Touquet) ne verra pas le poteau d’arrivée ce qui facilite la victoire du «vieillard», Portmore, importé d’Irlande par le milliardaire belge, Alfred Loewenstein qui l’avait confié au mansonnien, Jean-Baptiste Bourdale. Portmore reste avec Congress le plus vieux vainqueur du Grand Steeple. Agés également de 11 ans, Mandarin et Mid Dancer (en 2012) les rejoindront au palmarès des «vieilles» gloires. Pour l’anecdote, Portmore fait une telle faute à la dernière haie que son jockey (Jean Biarrotte) lâche les rênes pour le laisser se reprendre seul.
 
 

Le propriétaire américain A. K. Macomber
 
 
1927 : une édition sans chute, sans claquage, sans dérobade, rien à raconter donc
 
D’autant plus que les deux favoris du public prennent des deux premières places et dans l’ordre souhaité, The Coyote (âgé de 7 ans) devance l’irlandais Jerpoint. Entrainé par le mansonnien Charles Bariller, The Coyote (ex Franco) porte les couleurs du marquis de Triquerville acquis à réclamer à l’issue d’une victoire en plat à l’âge de 3 ans. Elevé par l’américain William-Kissam Vanderbilt au Haras du Quesnay, il avait été vendu yearling par son compatriote Abraham-Kissam Macomber qui avait repris l’effectif du défunt.
 
 

Maguelonne (à droite)
 
 
 
1928 : une histoire belge dramatique pour le propriétaire de Maguelonne
 
Alfred Loewenstein (grand «collectionneur» de chevaux de chasse et de sport) avait inscrit son nom au palmarès en 1926 avec Portmore. Il récidive cette année avec Maguelonne qu’il avait achetée à l’amiable (pour une somme très conséquente) au comte Pierre de Jumilhac (également entraineur dans l’Aisne, au haras de d’Ecuiry) au lendemain de sa victoire dans le Prix Saint-Sauveur, huit jours plus tôt. Quelques semaines plus tôt, elle était tombée dans le Grand National, une édition qui n’avait vu que deux arrivants (le second était également tombé mais remonté) sur les 42 partants. Rappelons qu’elle avait été vendue yearling par son éleveur, le vicomte Emmanuel d’Harcourt (décédé en septembre 1928), à Mathieu Goudchaux (20.000 F.) pour qui elle terminera à la 3e place du futur Prix de Sandringham.
 
Albert Loewenstein va enlever quelques jours (le vendredi) après son succès dans le Grand Steeple, le Prix des Drags avec Easter Hero. Ce sera la dernière grande victoire du milliardaire belge qui disparaît en mer moins d’un mois après. L’histoire vaut d’être contée. En partance du sud de Londres en juillet, il survole la mer du Nord pour rallier Bruxelles à bord de son avion personnel. Selon toute vraisemblance, il aurait confondu la porte des toilettes et la porte de sortie de son appareil !
 
1929 : Le Touquet, le premier ch’ti avant Rigolo et.... As d’Estruval
 
Auteuil ouvre ses portes avec trois de semaines de retard ; on n’avait pas vu cela depuis 1895. Le froid oblige l’annulation de 17 réunions (neuf à Enghien, huit à Auteuil). Puis vient l’heure du Grand Steeple dans lequel figure le favori, l’anglais Easter Hero, entrainé par Percy Whitaker pour sous ses nouvelles couleurs, celles de l’américain John Hay Whitney (qui avait également acheté Maguelonne). Il débarquait à Auteuil auréolé d’une victoire dans la Gold Cup de Cheltenham et d’une seconde place dans le récent Grand National de Liverpool. Il mène bon train, follement dirons certains. Il est rejoint puis arrêté victime d’un tour de reins et d’un fer retourné (ce sont les raisons invoqués). Il laisse le champ libre au 7 ans, Le Touquet, le récent vainqueur du Grand Prix de Pau. Pour l’anecdote, il revenait indemne de Liverpool où le Grand National avait réuni 66 partants (!) et dont le second n’était autre que Easter Hero.
 
Le Touquet, entrainé par un jeune de 33 ans, John (Jack) Cunnington, portait les couleurs (cerise, toque bleu-clair) de son éleveur, Gustave Wattinne, propriétaire du Haras de Blingel à Auchy les Hesdin (Pas de Calais). Ce département a vu naître As d’Estruval, élevé par Bernard Le Gentil, quatre-vingt ans plus tard. Le département du Nord a également son classique : Rigolo, vainqueur du Grand Critérium, de la Poule d’Essai, du Prix Lupin, est né en 1945 à Tilloy les Cambrai, élevé par le maire (ou futur maire) de la commune, Prosper Leleu. Il finira sa carrière au Haras des Sablonnets comme étalon.
 
 

Le Fils de la Lune
 
 
1930 : une tête en faveur d’un autre fils d’Ex Voto
 
Le Fils de la Lune est un fils d’Ex Voto, père également d’Héros XII et de L’Yser. Elevé par Albert de Taillac, commissaire à Pau, il avait rejoint les boxes mansonniens de Lucien Robert qui est en pleine réussite après son succès, huit jours plus tôt, de son pensionnaire Château Bouscaut dans le Prix du Jockey Club. Le chaud favori du Grand Steeple, Strélitz (vainqueur à 3 ans des Prix Congress et Georges Brinquant et de la préparatoire, le Prix Saint-Sauveur pour le comte Max de Rivaud) désarçonne son jockey, Marcel Fruhinsholtz, au rail ditch. En profite Le Fils de la Lune, monté par Julien Belmondo, qui arrache la victoire à l’issue d’une vive empoignade avec ses dauphins (tête et courte encolure). Strélitz se vengera en enlevant le Prix des Drags.
 
1931 : La Frégate, une première pour une femelle de 5 ans
 
A l’image de ses aînés, Dandolo et Roi Belge, La Frégate a participé à quelques courses à réclamer à ses débuts mais personne n’a semblé être intéressé. En débutant à 3 ans en plat à Saint-Cloud, la fille de Jus d’Orange est mise à réclamer pour 50.000 F. mais ne participe pas à l’arrivée. Ce sera sa seule course plate. Elle débute en obstacles à Enghien dans une course à réclamer pour 30.000 F. dans laquelle elle dérobe. L’élève du Docteur Gustave Beauvois restera sa propriété et portera ses couleurs (rayée blanc et noir) lors de son succès dans le Steeple-Chase de Début à Enghien, entrainée par le cantilien Edouard Watkins (l’ancien jockey de La Camargo). A 4 ans, elle compte deux succès de moindre importance et arrive l’année suivante sur le Prix du Président de la République avec le bottom-weight (61 kgs). Elle remporte ce handicap si convoité d’une tête puis le Grand Steeple-Chase de Paris d’une encolure, montée par Paul Riolfo. Elle n’est âgée que de 5 ans. Pour l’anecdote, les couleurs de Gustave Beauvois avaient surtout brillé, jusqu’alors, dans le Prix d’Amérique à Vincennes.
 

Duc d'Anjou
 
 
1932 : Duc d’Anjou, le dernier 4 ans vainqueur du Grand Steeple
 
Le 19 juin, il y a foule au départ de l’édition 1932 avec un record de partants (20) supérieur à celui de l’année 1885 (18). Seul l’année 1959 fera mieux (21).
 
Elevé au haras de Vaucresson par Victor Duret, Duc d’Anjou fut vendu yearling à Deauville pour 16 000 F. à Edouard Wormser qui le confia à George Mitchell. Castré à 2 ans, il courut à l’automne quatre fois non placé dans des courses à réclamer. A 3 ans, avec un nouvel entraîneur, Daniel Lescalle, il ne fit guère mieux lors de ses six premières sorties en plat marquées seulement par une place de deuxième obtenue au Mans. En juin, il débuta en haies à Auteuil dans le Prix Wild Monarch, non placé des dix-neuf partants. Deux autres parcours effectués à Auteuil se soldèrent par un nouvel échec et une chute. Daniel Lescalle abandonna alors Auteuil et décida de monter lui-même son pensionnaire, étant à l’époque également jockey. Six courses, trois en province puis trois à Enghien. Bilan, une victoire en haies en juillet à Vittel et une autre fin octobre à Enghien, en steeple pour sa seconde tentative dans cette nouvelle spécialité. Un mois plus tard, le 26 novembre, Edouard Wormser mit en vente chez Chéri à Neuilly Duc d’Anjou qui fut adjugé pour 25 000 F à Léon Tacquet.
 
Celui-ci, ancien notaire à Lens et grand amateur de chevaux de concours hippique, le confia à Maurice Adèle.
A 4 ans, Duc d’Anjou retrouva Auteuil où, en trois semaines et monté par Raymond Trémeau, il s’affirma un sauteur prometteur. C’est ainsi que Duc d’Anjou se rendit le 1e mai en Belgique, à Groenendael, pour disputer et gagner le Grand Steeple-Chase de Bruxelles. C’est avec ce bagage encore mince que se présenta Duc d’Anjou au départ du Grand Steeple-Chase de Paris le 19 juin. Contre lui, surtout son jeune âge, aucun 4 ans n’étant parvenu à gagner depuis deux décennies (Ultimatum en 1913). Retardé par une faute à la haie adjacente au talus, il revint courageusement prendre l’avantage d’une tête sur Strélitz (encore lui) et du favori El Hadjar (Prix Murat) qui venait comme un gagnant à la dernière haie.
 
Quand la Société des Steeple-Chases de France décida en 1941 de créer un programme spécifique pour les chevaux de 4 ans, c’est le nom de Duc d’Anjou qu’elle fût choisit : c’était le dernier 4 ans vainqueur du Grand Steeple-Chase de Paris, dorénavant fermé aux jeunes. Cette épreuve est, de nos jours, la première préparatoire au Prix Ferdinand Dufaure, le Grand Steeple-Chase des 4 ans.

    

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