Un Ojo, un cheval borgne en route vers le Kentucky Derby

L’histoire des courses mondiale est truffée de belles histoires à travers les décennies, celle du 3 ans nommé Un Ojo en est un nouvel exemple. Alors qu’il gambadait gaiement dans les prairies du Kentucky, une tempête s’est soudain abattue. De par les vents violents, une branche s’est envolée et est venue crever l’œil de ce pauvre poulain. Si son œil n’a pu être sauvé, ses éleveurs conservaient tout de même l’espoir de le faire courir. Arrivé chez un entraîneur local Ricky Courville, les premiers mois ne furent pas simples pour ce cheval qui, à cause de son handicap visuel, était  trés hésitant. Son mentor raconte qu’Un Ojo (qui signifie « un œil » en espagnol) a mis plus d’un mois à accepter de venir galoper à côté  d’un autrer cheval, et qu’il a fallu du temps avant qu’il prenne confiance.

 

 

 Après avoir pris confiance en lui, Un Ojo peut exprimer son plein potentiel ©Thoroughbreddailynews

 

 

Après avoir été castré, Un Ojo devenait de plus en plus sérieux, et s’est montré digne de pouvoir débuter. Il faut savoir qu’aux États-Unis tous les hippodromes sont à main gauche, et qu’Un Ojo est non voyant de l’œil gauche, ce qui renforce son handicap, l’empêchant de voir où est la lice intérieure. Au mois de septembre de ses 2 ans, le poulain débute bon 2^e d’un maiden à Keeneland, avant de s’imposer à ce niveau 1 mois plus tard. Le poulain va ensuite bien se comporter, se classant 4^e puis second au niveau black type. A 3 ans le fils de Laoban va passer un cap en se classant 2^e de Gr.3 puis créant la surprise en dernier lieu en remportant à 75/1 les Rebel Stakes (Gr.1) empochant au passage sa participation au prochain Kentucky Derby (Gr.1). Aligné ce dimanche dans l’Arkansas Derby (Gr.1) Un Ojo tentera de confirmer. Courir le Kentucky Derby en étant castré reste assez rare. On compte dans l’histoire une grosse centaine de partants qui ont couru castrés, et seulement 5 ont triomphé depuis la création de la course en plus de 150 ans d’histoire.

 

 

 Un Ojo et Ramon Vazquez après leur victoire qualificative pour le Kentucky Derby ©Americasbestracing

 

 

L’histoire de ce poulain est intimement liée à celle de son entraîneur Ricky Courville. Installé dans le Kentucky depuis 2009 il possède un effectif limité à l’échelle de cet immense pays et comptait seulement 193 victoires, dont aucune au niveau Groupe. Ainsi de façon surprenante c’est un cheval sur le papier handicapé qui lui a apporté la plus grande joie de sa carrière. Un Ojo avait été un temps transféré chez l’entraîneur Anthony Dutrow pour sa course d’Aqueduct, Courville ne possédant pas d’écurie à New-York. Un Ojo permet de mettre en valeur son père Laoban, un jeune étalon fauché en pleine ascension d’une crise cardiaque. Entré au haras dans un quasi anonymat au tarif de 7500$, le fils d’Uncle Mo s’était révélé très améliorateur, produisant notamment la gagnante de Gr.1 Simply Ravishing.

 

 

 Laoban, le père d'Un Ojo, mort en pleine ascension ©Win Star Farm

Avant Un Ojo, d’autres chevaux borgnes avaient réussi de très grandes choses aux États-Unis. Il y quelques saisons un poulain nommé Patch avait participé au « Run for Roses ». Non classé dans le Derby, il avait tout de même pris la 3^e place d’une autre étape de la Triple Couronne, les Belmont Stakes (Gr.1).  La pouliche Hard Not To Love a fait mieux, puisque la jument entraînée par John Shirreffs (l’homme de la star Zenyatta ndlr.) puisqu’elle compte deux victoires de Groupe, dont une au plus haut niveau dans les La Brea Stakes (Gr.1) à Santa Anita. Enfin Finnick The Fierce était lui monté à plusieurs reprises sur le podium au niveau Groupe.