Sauter ou foncer ? Ces jockeys ont fait leur choix

05/10/2022 - Découvertes
S’il est assez courant de voir des jockeys de plat faire évoluer leur carrière vers l’obstacle, l’inverse est encore rare. La plupart d'entre eux migrent vers l’obstacle car leur poids le leur impose, ou pour tenter de nouvelles expériences. Mais qui sont ces jockeys qui s’adonnent aux courses plates après avoir fait carrière en obstacle ? Focus sur Jim Crowley, Dougie Costello, Vincent Cheminaud et d’autres.

 

Dans le monde des courses de galop, les jockeys choisissent souvent de se spécialiser en plat ou en obstacle. Deux manières différentes d’appréhender les courses et c’est certainement ce qui explique le petit nombre de pilotes à être passés de l’une à l’autre. En règle générale, si un jockey est léger, il va se diriger vers le plat et s’il est plus lourd, il ira vers l’obstacle. La frontière du poids a donc son importance, mais ce n’est pas la seule. Dans le vestiaire, les clichés ont la vie dure. Quelques théories selon lesquelles les jockeys de plat seraient frêles et délicats tandis que les pilotes d’obstacle seraient durs au mal. Comme une frontière immuable, de nombreux jockeys commencent et terminent leur carrière dans la même spécialité, mais il ne faut pas oublier ceux qui se meuvent d’un monde à l’autre. Si certains quittent le plat pour l’obstacle, il est plus rare d’observer le phénomène inverse. L’exemple le plus significatif n’est autre que le britannique Jim Crowley, premier jockey pour Shadwell et partenaire attitré de la superstar Baaeed.

 

Jim Crowley après son succès dans les Juddmonte International Stakes avec Baaeed ©thoroughbredracing
 
Crowley a orienté son début de carrière vers l’obstacle en remportant plusieurs Groupes, dont le Sandown Handicap Hurldle (Gr. 3) en selle sur le "FR" Ungaro pour Keith Reveley, le père de James. Malgré cela, à 28 ans, après avoir monté quasiment 10 ans en obstacle, il décide de commencer un carrière de plat, ce que lui permet son petit poids. Il sera soutenu dans son nouveau projet par son beau-père et ancien entraîneur, Guy Harwood et sa belle-sœur Amanda Perret. Le succès dans les épreuves black type ne se fait pas attendre et il enchaine les victoires. Il remporte son premier Gr.1 en France à l’occasion du Prix Jean Part de 2009, en selle sur Lord Shanakill. Deux ans plus tard, il décroche sa première victoire lors de Royal Ascot, avec Prohibit dans les King Stand’s Stakes (Gr.1).Puis en 2016, Crowley devient le premier jockey de Shadwell, l’entité de feu Cheikh Hamdan Al Maktoum. Pour la célèbre casaque bleue et blanche, il sera associé au grand champion Battaash (Dark Angel), un cheval d’exception quadruple gagnant de Gr.1 et meilleur sprinter de sa génération. A 44 ans, Crowley totalise plus de 1900 victoires en plat, et est associé au meilleur cheval du moment, Baaeed. Ensemble, ils sont invaincus en 10 tentatives dont 6 au plus haut niveau. Le représentant Shadwell tentera de poursuivre sa fantastique série, le 15 octobre prochain à Ascot dans les Champion Stakes (Gr.1).

 

Jim Crowley et Baaeed dans le Prix du Moulin de Longchamp (©APRH)
 
 
Outre-manche, Graham Lee et Dougie Costello ont également fait la bascule de l’obstacle au plat. Après des débuts en courses de poneys, le premier cité met fin à ses études à l’âge de 15 ans et se dédie entièrement à sa carrière de jockey d’obstacle. Dans cette discipline, il peut notamment se targuer d’avoir remporté le Grand National d’Aintree en 2004 avec Amberleigh House. Il a également remporté plusieurs courses lors du Festival de Cheltenham : le Stayers Hurlde, le Supreme Novices Hurlde et le Baring Bingham Novices Hurlde en 2005 puis le Novices Handicap Chase en 2007 et 2011. Somme toute léger pour un pilote d’obstacle et suite à quelques accidents, Lee annonce vouloir passer sur le plat en 2012. Une décision qui lui aura été profitable puisqu’il enchaine les victoires et compte à ce jour près de 900 gagnants. Parmi les courses notables de son palmarès, on retrouve les Lancashire Oaks (Gr.2), les Summer Stakes (Gr.3) de York, mais surtout, la Gold Cup (Gr.1) remportée avec Trip To Paris en 2015. 
 
 
Graham Lee l’emporte à Ascott ©Daily mail
 
 
 
Graham Lee et Amberligh House au Grand National ©Racing Post
 
 
Autre preuve que les frontières sont miscibles, du côté de  Dougie Costello, l’Irlandais de 39 ans a remporté plusieurs Groupes sur les obstacles dont le Triumph Hurdle (Gr.1) lors du festival de Cheltenham en 2012 où il était associé à Countrywide Flame pour l’entrainement de John Quinn. Durant ce festival de Cheltenham édition 2012, il a également remporté l’Argento Chase (Gr.2) avec Midnight Chase. Après ses belles victoires en obstacle, il a décidé de se tourner vers le plat, ce qui lui a bien réussi. En 2016 il se classe premier des Cleves Stakes sur l’hippodrome de Lingfield en février avant de rempoter quelque temps plus tard, en juin 2016, la Commonwealth Cup (Gr.1) à Royal Ascot avec Quiet Reflection
 
 
Dougie Costello remporte son premier Gr.1 de plat
 
 
En France aussi, les jockeys traversent les frontières, changent de discipline, et rencontrent le succès, c’est ce qu’a vécu Vincent Cheminaud. A partir de 2013, sa carrière connait une ascension fulgurante. Il remporte le Prix Robert de Clermont-Tonnerre, son premier Groupe en 2013 alors âgé de 20 ans. Il enchaine avec son premier Gr.1, le Prix Ferdinand Dufaure associé à Storm of Saintly. En selle sur ce même champion, il s’adjuge le Grand Steeple-Chase de Paris l’année suivante. Entrainé par Guillaume Macaire, ce fils de Saint des Saints aura marqué la carrière de Vincent Cheminaud en lui offrant cette victoire pour sa première participation au Grand Steeple-Chase de Paris. Toujours en 2014, Cheminaud est en haut de l’affiche : il remporte la cravache d’or avec 90 victoires. C’est ensuite en 2015 qu’il bifurque vers le plat. Fait rarissime, il décroche un contrat de première monte pour le Prince Khalid Abdullah alors qu’il est toujours techniquement « apprenti » en plat. Le pilote prend le départ d’un Gr.3 pour sa première course plate, le Prix de la Grotte à Longchamp pour André Fabre. Mais il ne s’arrête pas là. En 2015, il entre dans l’histoire des courses françaises. Malgré sa faible expérience en plat, il s’adjuge le Prix du Jockey Club (Gr.1) en selle sur New Bay et devient, de ce fait, un jockey classique. Par ailleurs, ce même New Bay lui permettra de se placer troisième dans le Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1) en 2015.
 
 
 
Vincent Cheminaud en selle sur New Bay remporte le Prix du Jockey Club ©APRH
 
  
Vincent Cheminaud et Storm of Saintly dans le Grand Steeple-Chase de Paris ©APRH
 
 
Olivier d’Andigné floute lui aussi la frontière entre le plat et l’obstacle. Après des débuts à 16 ans en tant que gentleman-rider en obstacle, il passe professionnel en 2017 devenant jockey chez Arnaud Chaillé-Chaillé. Pour le professionnel du Royan, il va devenir à l’âge de 19 ans lauréat du Prix du Président de la République (Gr.3). C’est à la suite des confinements qu’il prend la décision de donner une nouvelle direction à sa carrière. Il a eu l’occasion de monter des chevaux de plat durant la crise sanitaire, ce qui a conforté son projet de partir vers le plat. Premier jockey chez son cousin Jean de Mieulle, Olivier compte à ce jour 74 succès en France en plat. Son plus beau titre de gloire reste son double sacre dans la President Of The UAE Cup, un Gr. 2 réservé aux pur-sang arabes à Baden-Baden. Il y a quelques jours, Olivier a remis sa casquette de jockey d’obstacle. En effet, deux ans après sa dernière monte en obstacle, il s’est imposé sur les haies de Moulins, en selle sur Jour de Gloire, une pouliche entraînée par son frère Etienne
 
Olivier d’Andigné et Lamet Shamel ©APRH
 
  
Via dolorosa Olivier d’Andigné lors du Prix du Président de la République ©APRH

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