A Cheval sur l'Histoire : Teddy et le Jockey-Club secret

20/03/2020 - Grand Destin
Les courses n'avaient été annulées que lors des deux guerres mondiales jusqu'alors en France. En 1916, le futur grand chef de race Teddy remportait un Jockey-Club dans le quasi secret sur l'hippodrome de Moulins. Retour dans nos plus anciennes archives avec l'épisode de notre toute 1e émission sur France Sire TV : " A Cheval sur l'Histoire !" Avec aussi le grand récit de Xavier Bougon.

 

Teddy, un cheval qui a marqué l’histoire. Son destin vous est compté par Xavier Bougon ©DR
 
 
Arrêt des courses, état des lieux et climat politique de l’époque
 
Le 28 juin 1914, le jour du Grand Prix de Paris, l’ambassadeur de l’empire austro-hongrois se trouve à Longchamp où il est prévenu de l’attentat de Sarajevo. Un mois après, le mardi 28 juillet, a lieu à Chantilly, la seule réunion de l’été. C’est le dernier jour de courses en région parisienne. Le vendredi 31, Vichy et Pont-l’Evêque donnent leurs dernières réunions. Le 2 août, jour de mobilisation générale, les réunions de Lannemezan et de Saumur sont les dernières avant le début des hostilités.
 
 
En région parisienne, c'est à Maisons-Laffitte et Chantilly que l'on court les "épreuves de sélection". Ici, l'enceinte des balances en 1917 est presque vide à Maisons-Laffitte et pour cause, le gouvernement n'autorise pas de public sur l'hippodrome ©DR
 
 
Le Ministère de l’Agriculture (Jules Méline), par un arrêté du 17 juillet 1916, autorise la Société d’Encouragement à organiser des «épreuves de sélection» à condition qu’elles soient disputées exclusivement en semaine, le matin, sans entrées payantes, sans public et sans paris. Trois hippodromes sont choisis dans les principales régions d’élevage de l’époque, la Normandie, le Centre et le Sud-Ouest. Vingt-deux réunions seront programmées : du 4 au 16 septembre 1916 à Caen (8 réunions) et en octobre à Moulins (du 2 au 14, soit 8 réunions) et à Mont de Marsan (du 25 au 31 soit 6 réunions). Le mercredi 11 octobre 1916, sur 2.400 mètres, est programmée l’épreuve qui sera considérée comme le Jockey Club. Pour fêter l’évènement, la Société des Courses de Moulins a obtenu l’organisation d’une course principale, le Prix de Suresnes (Listed sur 2.000 mètres), à défaut du Prix du Jockey Club, le samedi 16 avril 2016.
 
Auteuil accueille les bovins sur la pelouse, Longchamp des ambulances. Les centres d’entrainement de Maisons-Laffitte et de Chantilly perdent la moitié de leurs effectifs. Que faire des chevaux de courses ?
 
 
Il est bien loin de temps où la foule nombreuse quittait l’hippodrome de Longchamp ici sur l’avenue du Bois (aujourd’hui avenue Foch) ©DR
 
 
L’armée, sous forme d’achat ou de réquisition, va s’approprier près de 4.000 sujets adultes. Des éleveurs se tournent vers l’étranger pour écouler leur production. Huit cents jeunes vont être exportés, principalement vers les Etats-Unis (environ 550) et l’Italie (environ 200). Le conflit se prolongeant, un grand éleveur perd confiance.
C’est dans ce climat qu’à Neuilly Saint-James, le 9 octobre 1915, Edmond Blanc vend aux enchères une cinquantaine de pensionnaires dont quelques 2 ans. Pour une bouchée de pain, 5.400 F., un fils d’Ajax deviendra la propriété d’un anglo-américain, Jefferson-Davis Cohn. Il s’appellera Teddy qui n’était encore que yearling quand le conflit éclate.
 
 
Sur la pelouse d'Auteuil en septembre 1914, plus de chevaux mais des bovins ©DR
 
 
Teddy, par Ajax et Rondeau par Bay Ronald, un futur chef de race mondial
 
En 1913, Teddy était né au Haras de Jardy (une ancienne ferme du XIXème siècle située sur la commune de Marnes la Coquette) chez Edmond Blanc. Le nouveau pensionnaire de J.D. Cohn est issu d’un père vainqueur du Derby français et d’une mère importée d’Angleterre en 1906.
 
- Ajax, (en photo ci-contre ©DR) le père de Teddy, avait gagné le Prix du Jockey Club et le Grand Prix de Paris 1904 avec comme partenaires, le même entraineur et la même monte qu’à Moulins, 12 ans plus tard. A cette occasion, George Stern enlevait son second Derby français après celui de 1901. Il restera dans l’histoire comme étant le plus jeune jockey à enlever le classique cantilien ; il est âgé seulement de 17 ans et 8 mois (80 ans plus tard, Serge Gorli approchera ce record, il a 18 ans et 5 mois). Pour l’anecdote, Ajax est le fils de la première production de Flying Fox (Triple couronne anglaise pour le Duc de Westminster et l’entrainement de John Porter) qu’Edmond Blanc avait acheté aux enchères lors de la «dispersal des effectifs du Duc» pour une somme record en février 1900.
 
 

Ajax, le père de Teddy.
 
 
- Rondeau, la mère de Teddy, avait été achetée par Edmond Blanc à Newmarket en décembre 1906 pour l’équivalent de 105.000 F., une somme conséquente tout de même. Elle est la fille d’un étalon anglais, Bay Ronald, qui, après trois saisons de monte outre-manche, émigre en France suite à son achat par un groupement d’éleveurs français.
 
 
Teddy, à l’entrainement chez Robert Denman (l’ancien homme de confiance d’Edmond Blanc), n’a pas encore pu fouler un hippodrome en compétition officielle. En ces temps de conflit, plus de la moitié des concurrents débutent à 3, voire 4 ans. Teddy ne fait pas exception et c’est ainsi qu’il entamera sa carrière à 3 ans en Espagne (pays neutre). Il enlève, en juillet en terrain lourd, le Grand Prix de Saint-Sebastien (100.000 F. d’allocations dont 70.000 au vainqueur) face à 25 adversaires venus de France dont son compagnon d’écurie, Spirt, arrivé second. Son pilote, R. Stokes, portait peu de poids, 49 kg selon les conditions qui accordaient 5 kg de décharge aux 3 ans n’ayant jamais couru.
 
 
 
Robert Denman a entrainé des chevaux d'Edmond Blanc jusqu'à la Première Guerre mondiale ©DR
 
 
Il confirme le 17 septembre suivant, monté par George Stern, dans le Saint-Leger de Saint-Sébastien sur 2.500 m. (au lieu de 2.800 m.) (le Premio Villamejor d’aujourd’hui) devant 3 adversaires dont deux compagnons de couleurs.
Le 24 septembre, il doit s’incliner dans la Coupe d’Or du Roi d’Espagne remportée par un de ses compagnons de couleurs, Rabanito, monté par R. Stokes. Une coupe est offerte par le Roi Alphonse XIII et l’allocation conséquente est versée en espèces.
De retour en France, c’est à Moulins que son entourage décide de faire sa première apparition sur son sol natal. Il remporte, le mardi 3 octobre, le Critérium des Produits (le Prix de Darbonnay) disputé sur 2.200 m. devant un élève de l’américain, W.K. Vanderbilt. Ils n’étaient que 3 partants ; pas étonnant, les conditions n’admettaient que les chevaux issus de juments nées hors de France.
Deux jours plus tard, toujours à Moulins, le jeudi, il devance d’une tête l’élève du baron Edouard de Rothschild, Jus d’Orange dans le Prix de Darnay (Grand Critérium des Produits).
 
Vient enfin le mercredi 11 octobre, soit moins d’une semaine après son dernier succès. Il remporte donc le Prix des Trois ans, considéré comme le Prix du Jockey Club de l’année avec comme partenaire, George Stern. Les allocations sont offertes par la Société des Steeple-Chase de France.
Il clôture sa campagne de 3 ans, le 31 octobre à Mont de Marsan, par une 3ème place dans le Prix de l’Elevage (2.400 m.) à distance (4 longueurs) du 3 ans, Antivari (qui porte les couleurs du Duc de Tolède et l’entrainement du français Jean Lieux) et de Sans le Sou, un cheval d’âge du baron Edouard de Rothschild.
En juin de ses 4 ans, pour son unique sortie publique, il devance La Farina et Rabanito dans une épreuve de sélection à Chantilly (le Prix des Sablonnières) qui clôture sa carrière sur la piste.
 
Teddy est considéré comme le leader de sa génération, considéré comme l’égal de son aîné, le champion Sardanapale.
 
 
Notes
 
- La création de l’hippodrome de Lasarte près de Saint-Sébastien fut décidée en octobre 1915 à cause de l’interruption des courses en France. La construction commence en février 1916. On se contentera, dans un premier temps, d’une piste en sable et l’ouverture se fait, comme prévu, le 2 juillet, date du Grand Prix de Sebastien.
 
- Si le Prix du Jockey Club n’a pu se dérouler en 1915, le Prix des Trois ans fait partie des 154 épreuves disputées en 1916 et des 175 en 1917, disputées le matin. Cette année-là, il se dispute le jeudi 21 juin à Chantilly sur 2.400 m., en terrain lourd, sans public et sans pari. C’est un élève de William-Kissam Vanderbilt, Brumelli qui s’impose qui va doubler la mise en s’adjugeant ensuite le Grand Prix de Paris (couru à Maisons-Laffitte). En 1918, ce «Derby» est reconduit à Maisons-Laffitte le 31 octobre et voit la victoire de Montmartin, un pensionnaire d’un des membres de la Société d’Encouragement, Jean Prat, qui méritait bien ce succès, lui qui avait financé, moyennant des intérêts de 5%, une grande partie des courses des années de guerre avec l’autorisation du Ministère de l’Agriculture.
 
 
Chantilly, théâtre officiel du Prix du Jockey-Club ©DR
 
 
- S’il vendit Teddy, Edmond Blanc achètera, une fois la guerre terminée (août 1919 à Deauville), un yearling qu’il paiera une somme record. Elevé par Evremond de Saint-Alary, le poulain nommé Ksar, va réaliser le premier doublé de l’histoire du Prix de l’Arc de Triomphe portant la casaque de Mme Edmond Blanc, son mari étant décédé avant les exploits de son protégé.
 
- L’afflux de «gros» propriétaires-éleveurs américains (Gould, Vanderbilt, Cohn, Ogden Mills, Widener....etc) en Europe et plus particulièrement en France avant la 1ère guerre mondiale était consécutif à l’abolition des paris en 1908 dans certains états nord-américains dont celui de New-York. La levée de l’interdiction interviendra dans les années 1920.
 
- En 1914, Jefferson Davis Cohn s’était fait délester de tout son effectif équin, réquisitionné par l’armée dans sa propriété de Chamant qui, par ailleurs, aurait été occupée par l’état-major allemand du Général von Kluck lors de la première bataille de la Marne (septembre 1914). Les officiers allemands n’ont pas manqué de mettre «à feu et à sac» le château, ses tapisseries et autres objets de valeur.
 
 

Teddy, peint par Virginie Levesco.
 
 
Arrivée de la 4ème course, le Prix des 3 ans, le mercredi 11 octobre 1916 à Moulins
 
Teddy devance son compagnon de couleurs, Yverdon de ¾ long., puis dans l’ordre, Triomphant à 2 longueurs, Charaille, à 3 longueurs, Condorcet et Saint Rémy ;
Temps du gagnant : 2’45’’60
 
Teddy (George Stern) et Yverdon (Matthew Mac Gee) portent les couleurs de Jefferson-Davis Cohn casaque cerclée blanc et bleu-clair, col, poignets et toque noirs et sont entrainés par Robert Denman. A partir de 1920, les pensionnaires de Jefferson porteront d’autres couleurs : Cerise, toque noire gland or. Il cède ses premières couleurs à son épouse.
 
Triumphant (Alex B. Cormack): appartenant à Léon Andraut, entrainé par George Cunnington Junior.
Cerise, manches vertes, toque gris-perle
 
Charaille (Marius-Baptiste Floch): appartenant à Achille Fould, entrainé par George Cunnington Senior
Rayée blanc et lilas, toque noire
 
Condorcet (Owen Grant) : appartenant à Alexandre Aumont, entrainé par George Cunnington Senior.
Blanche, toque verte
 
Saint Rémy (John Jennings) : appartenant au Baron Henri Nivière, entrainé par Frédérick Reynolds.
Blanche toque bleu-ciel
 
Les 6 concurrents portent 58 kgs. Les 4 premiers avaient remporté précédemment une ou plusieurs épreuves de sélection.
 
 
 
Teddy, étalon au Haras de Chamant.
 
 
 
UN GRAND CHEF DE RACE
 
 
 
En 1918, Teddy entre au Haras de Chamant (près de Senlis dans l’Oise) où Jefferson-Davis Cohn avait également «entreposé» quelques poulinières achetées à une réduction d’effectif d’Edmond Blanc et à la liquidation de l’élevage français de Léon Mantacheff. Faisait aussi partie de son effectif, une jeune poulinière susceptible d’être croisée avec Teddy, une certaine Plucky Liege (ex Lucky Liege), que son propriétaire-éleveur (Herbert Stern, 1er Lord Michelham) lui avait donnée pour services rendus (JDC était son manager), avant même la naissance de son premier foal (Marguerite de Valois, une fille de la première production de Teddy). JDC se rendait-il compte de la mine d’or qu’il venait d’acquérir.
 
Teddy et ses compagnes ne resteront pas longtemps sur le domaine (château et haras) de Chamant qui est la propriété de la veuve d’Albert Menier (mariée ensuite au baron de Forest) puisque Jefferson Davis Cohn s’installe au Haras de Fitz-James (près de Clermont dans l’Oise) en 1919. C’est à Fitz-James que naîtront, de la seconde production de Teddy, Sir Gallahad (Poule d’Essai des Poulains, Prix Jacques Le Marois, 3ème Prix du Jockey Club et vainqueur d’un match-race contre Epinard) et Anna Bolena (Poule d’Essai des Pouliches).
 
 
A la sortie du rond de présentation à Saint-Cloud, Epinard devance Sir Gallahad pour un match-race d'anthologie... ©DR
 
....mais au passage du disque final, c'est Sir Gallahad, le fils de Teddy, qui devance Epinard ©DR
 
 
Chez les poulinières, se trouve Plucky Liege, considérée aujourd’hui comme l’une des matrones du XXème siècle. Elle mettra au monde sept foals issus de Teddy, dont Marguerite de Valois, Noor Jahan, Sir Gallahad et Bull Dog....., deux foals issus d’Aethelstan (un étalon-maison, fils de Teddy), un fils de Vatout (un autre étalon maison) nommé Bois Roussel (Derby d’Epsom pour l’élevage Volterra), le dernier né de la fratrie.
 
Son autre fils, Admiral Drake (Grand Prix de Paris, 3ème Prix du Jockey Club), est issu de Craig an Eran. Son sang figure dans deux gagnants d’Arc par son fils Phil Drake (grand-père maternel de Bon Mot) et sa fille La Fougueuse (la grand-mère de Topyo).
 
La descendance de Marguerite de Valois est majoritairement américaine (Cequillo, Fappiano, Ogygian, Quiet Charm, Quiet American, Partygoer, poulinière Wertheimer). Parmi la descendance de Noor Jahan, on compte les Européens, Pia, Sanctus, Le Marmot...).
 
 

Jefferson-David Cohn
 
 
Les effectifs de Jefferson-Davis Cohn resteront à Fitz-James jusqu’à la fin de la saison de monte 1924 puis seront transférés au Haras de Bois Roussel que l’Anglo-Américain va louer pour un bail de 24 ans. Avec l’accord du propriétaire du domaine, le comte Gérald de Rochefort (marié à Régine Roederer qui a reçu le haras en dot de son père, le comte Louis), il va effectuer pour 1,5 M. de Francs d’aménagements. Son écurie devient l’une des plus importantes entre 1918 et 1931.
 
En décembre 1929, il achète encore deux pouliches (Quick Change et Pride of Hainault) à Newmarket pour une somme modique (1000 Guinées les deux) qui seront ses deux derniers achats puisqu’il est l’une des principales victimes de la crise économique de 1929. Pour l’anecdote, aucun produit des deux achats ne portera la casaque de JDC.
 
En 1930, il se voit contraint, successivement, d’envoyer quelques yearlings à vendre à Deauville et de vendre Teddy. En juin 1932, il doit liquider une partie de son effectif chez Chéri à Neuilly et de gager tous les meilleurs éléments de son élevage auprès d’une banque qui trouve rapidement preneur en la personne de Léon Volterra qui reprend en bloc l’écurie et l’élevage au cours de l’été suivant. Dans le lot, figure le fils de Plucky Liege, Admiral Drake, et la fille d’Anna Bolena, Mary Tudor. C’est en partie grâce aux gains engrangés par Admiral Drake dans le Grand Prix de Paris et par Mary Tudor dans le Prix Vermeille et dans la Poule d’Essai et du produit de sa vente comme poulinière que Léon Volterra peut faire face au rachat des effectifs de JDC. Il reprendra également le bail de location du Haras du Bois Roussel.
 
 
Après avoir été tête de liste en France en 1923 (et cinq fois sur le podium les années suivantes), Teddy est acheté en 1931 (suite aux déboires financiers de son propriétaire) par deux Américains, Fréderick. Wallis Armstrong et Kenneth (Ken) Newcomer Gilpin (futur acheteur, par ailleurs, de Fasig Tipton Sales Company) pour continuer sa carrière de reproducteur à Kentmere Farm en Virginie.
 
Arrivé le 28 juillet 1931 dans sa nouvelle patrie à l’âge de 18 ans, il va débuter la monte à $ 2.500 et effectuer sa carrière américaine pendant cinq ans avant de décéder en 1936, victimes de troubles intestinaux (en un mot de coliques).
 
 
 
Léon Volterra avec Duplex, lauréat du Prix du Jockey-Club en 1934. La même année, le célèbre éleveur-propriétaire remporte le Grand-Prix de Paris avec Admiral Drake, la Poule d'Essai et le Prix Vermeille avec Mary Tudor provenant de l'effectif de J-D Cohn repris par lui en 1933 ©DR 
 
 
L’influence de Teddy aux USA mais aussi en Europe
 
Le premier des étalons français exportés aux USA qui allait marquer l’élevage américain fut Sir Gallahad. Ensuite, ils importèrent son propre frère, Bull Dog, puis leur père, Teddy. Avant la seconde guerre mondiale, Migoli (fils de Bois Roussel), Tulyar (petit-fils de Bois Roussel) et Princequillo allaient, à leur tour, les rejoindre. Après la guerre, le flot d’exportation continua avec Ambiorix, My Babu, Djeddah (tous de la lignée de Tourbillon), puis Herbager, Sea Bird, Le Fabuleux et Blushing Groom.
 
De toutes ces exportations, la plus marquante pour l’élevage américain reste indéniablement celle de Teddy et de ses deux fils, Sir Gallahad et Bull Dog.
 
Sir Gallahad est l’un des tous premiers étalons syndiqués. Tête de liste aux USA en 1930, 31, 33, 34 et 1940, il est considéré comme un «Chef de Race». Il est le père de Gallant Fox (Triple Couronne US), issu de sa première production américaine. Lui-même est père, dès sa 1ère production, d’un autre «US Triple Crown winner» Omaha. Il fait également partie du pedigree de Dan Cupid. Pour l’anecdote, Sir Gallahad, est à l’origine de la naissance de l’avant-dernier vainqueur de la Triple Couronne, Affirmed.
 
 
 
Sir Gallahad alors étalon ©DR
 
 
Mais il a eu également une influence capitale sur l’élevage américain surtout par ses filles, 12 fois tête de liste des pères de mères dont 10 années consécutives (de 1943 à 1952 et 1939 et 1955). Deux de ses filles, True Bearing et Galla Colors, sont impliquées dans les pedigrees de San San et de Hail To Reason (père de Priceless Gem). L’un des ses fils, Roman, s’est également distingué par ses filles (d’où Tom Rolfe, Chieftain....) tout comme ses petits-fils Hasty Road (d’où Forego, Gay Matelda, Nonoalco, Arctic Tern, etc....) et Crafty Admiral (d’où Affirmed).
Notons que lors de sa première et unique saison à Bois Roussel (aux côtés de son père, Teddy), Sir Gallahad a engendré quelques pouliches dont Fête Royale (dont descend, entre autres, Floripedes, mère de Montjeu). Il sera vendu ensuite pour $125.000 aux USA à un syndicat composé entre autres d’Arthur Hancock et de William Woodward. Il fera carrière à Claiborne Farm.
 
Bull Dog rejoint les USA à l’issue de son année de 3 ans après un succès dans le Prix Daphnis. Il prend ses quartiers à Coldstream Stud (élevage de la famille Shaffer, situé dans le Kentucky). Sa production est aussi recherchée que celle de son frère avec principalement Occupy mais surtout Bull Lea (vendu yearling à Calumet Farm, il a été ensuite cinq fois tête de liste), d’où Citation (triple couronne US), Matriarch (grand-mère de All Along). Tête de liste en 1943, tête de liste des pères de mères en 1953, 1954, 1956 et 1958, Bull Dog est impliqué également dans les pedigrees de Tom Fool et surtout de Mr Prospector, lequel est à l’origine du père du dernier vainqueur de l’US Triple Crown, American Pharoah.
 
 
Bull Dog, le propre frère de Sir Gallahad ©DR 
 
 
Case Ace, père de Pavot (Belmont S.) et de Raise You, la mère de Raise a Native (père de Mr Prospector)
 
Sun Teddy, père principalement de Sun Again, le grand-père de Sword Dancer (le père de Damascus, top-étalon). Sun Teddy est également le père d’Azalea, la 3ème mère d’un certain Riverman, le père de Detroit et de Gold River.
 
En Europe
 
Astérus, Poule d’Essai des Poulains, Champion St. pour les couleurs de Marcel Boussac qui l’avait acheté à son éleveur, le baron Maurice de Rothschild. Stationné au Haras de Fresnay le Buffard, il est tête de liste en 1934 et truste également le classement des pères de mères de 1943 à 1948. Père d’Astronomie, de Sanaa, d’Abjer, d’Astrophel et de Jock d’où Caracalla, Coronation, Oroso, Sica Boy, Puissant Chef et Detroit, six vainqueurs du Prix de l’Arc de Triomphe. Il est également le père d’Adargatis (Prix de Diane, mère ensuite d’Ardan, Prix du Jockey Club). Plus près de nous, Sanaa est une aïeule d’Ervedya.
 
 
Asterus fut un lauréat de Gr.1 en Angleterre et en France ©DR
 
 
Ortello, champion en Italie, son pays natal, où il remporte à 3 ans, le Derby, le GP de Milan, le GP d’Italie, avant de s’imposer dans le Prix de l’Arc de Triomphe 1929. Tête de liste à six reprises dans son pays, il est le père de 3 vainqueurs du Derby italien et de nombreux vainqueurs classiques dont Macherio (père de Stigliano), puis à 20 ans rejoint la Californie.
 
Aethelstan a été le voisin de box de son père à Bois Roussel pendant quelques temps. Il est le père, entre autres, de Maurepas (d’où Sicalade et Sea Bird et même Allez France), de Deiri, lequel compte parmi sa production, Deux Pour Cent (père de Tantième, vainqueur de deux Arcs de Triomphe). Sa meilleure production est donc française avant qu'il soit exporté aux USA en 1937.
 
Brumeux, né chez le Duc Decazes, il est considéré comme l’un des meilleurs stayers de Teddy en Angleterre et en France. Il deviendra le père, entre autres, de Borealis, lui-même à l’origine de Schonbrunn (d’où Sagace).
 
Ptolemy, second de la Poule d’Essai, 3ème Prix de l’Arc de Triomphe. Un de ses fils, Symbole, est vainqueur du Grand Steeple-Chase de Paris 1942.
  
Père des femelles
 
Anna Bolena, Poule d’Essai des Pouliches pour JDC puis mère de Mary Tudor (Poule d’Essai, Prix Vermeille, 2e Prix de Diane, elle-même mère d’Owen Tudor)
 
Anne de Bretagne (élevée par JDC), l’une des juments-bases de l’élevage français de l’Américain Ralph Strassburger.
 
La Troienne (née en 1926, élevée par Marcel Boussac, exportée aux USA en 1931), est une des juments-bases de l’élevage américain, la famille 1-s (pour les connaisseurs) dont descend une certaine Allez France, via Big Hurry et Searching.
 
 
La Troienne en peinture ©DR
 
 
puis par ordre alphabérique :
 
Assignation qui deviendra la 4ème mère d’un certain Secretariat
 
- Boxeuse, grand-mère de Flagette, d’où Herbager
 
Cœur à Cœur, issue de sa 3ème année de production, elle est la grand-mère de Djebel, le père de Coronation et le grand-père de Puissant Chef, trois vainqueurs d’Arc. Djebel est également le père de Djeddah (grand-père de Never Bend), de Djébé (d’où Gold River).
 
Crisa, Prix Vermeille pour Léon Volterra en 1935
 
Lady Elinor, issue de sa première production puis mère de Vatellor, le père de Vaneuse (d’où Detroit) et de Nikellora.
 
La Moqueuse (élevée par Marcel Boussac, gagnante du Prix de la Forêt, 2e Poule d’Essai) est la mère de La Circe (Prix Vermeille) et de l’inédite Pretty Lady, une des juments bases de son élevage d’où Abdos, père de mère d’Akiyda puis celui de S.A. Aga Khan d’où Daryaba, Darjina, Darsi.....
 
Mercia, mère de Le Petit Prince (Prix du Jockey Club 1954)
 
Philippa of Hainault (fille de Pride of Hainault, dernier achat de JDC), la grand-mère de Phil Drake.
 
Polly Flinders, mère de Mistress Ford (Prix de Diane 1936)
 
Queen Iseult, mère de Le Ksar (2000 Guinées pour Evremond de Saint-Alary)
 
- Rose of England, Oaks 1930, le premier classique anglais pour son jockey, Gordon Richards. Elle est la mère du vainqueur du Saint-Leger, Chulmleigh (puis maintes fois tête de liste en Argentine), de Coastal Traffic (d’où Agujita, la mère d’All Along).
 
Tara est la grand-mère de Worden mais aussi de Miss Barberie, d’où Detroit.
 
 
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La crack trotteuse Gelinotte fut entrainé à Chamant dans les années 50 par le visionnaire Charley Mils, justement surnommé le sorcier de Chamant !
 
 
Notes :
 
Le domaine de Chamant (Plessis-Chamant) aurait servi, dans les années 30, de centre d’entrainement pour trotteurs. C’est ainsi, qu’après la seconde guerre mondiale, les lieux sont occupés par une célébrité parmi les trotteurs appelée le « Sorcier de Chamant ». C’est là que Charley Mills entrainait la championne Gélinotte (qui revient sur le devant de la scène avec la tentative de Triple couronne de Bold Eagle).

Voir aussi...