Tunis remporte sa 1ère Listed à Compiègne : il faut savoir casser les codes !

24/04/2024 - Zoom Etalon
Né en Pologne où il avait gagné en plat à 2 ans avant de devenir un champion d'Auteuil, Tunis s'était déjà fait remarquer avec sa 1ère génération de 3 ans en 2023. Le voilà déjà gagnant d'une Listed grâce au succès de Ella Duchic dans le Prix Gaston Branère. Voilà un étalon parti de loin pour aller loin.

 

A priori, les chances d'un cheval né en Pologne, issu d'une souche maternelle présente depuis 8 générations dans ce pays méconnu des courses mondiales, de devenir un étalon important sur le marché français de l'obstacle étaient infinitésimal. Et pourtant ça marche, et plus que bien. Grâce à la magie des courses, tout destin peut prendre une tournure inattendue et parfois glorieuse, pourvu qu'on ait le talent et qu'on fasse les bonnes rencontres.

 


Magnifique Tunis avec Kevin Nabet sur les haies d'Auteuil. (photo APRH)

 

Avec son esprit pionnier qui l'a toujours animé, Guillaume Macaire avait poussé plus loin son âme d'explorateur, jusqu'en Pologne, après avoir déjà déniché de grands talents en Allemagne. Et c'est ainsi qu'il y a repéré en 2016 un magnifique cheval gris alors agé de 2 ans, vainqueur en plat à Varsovie. Arrivé à Royan et rapidement dressé sur les obstacles par le maître entraineur, Tunis s'est imposé comme l'un des meilleurs hurdlers d'Auteuil à 3 et 4 ans, face à son grand rival et voisin de boxe Master Dino, triple gagnant de Gr.3 et  3 fois 2e de Gr.1.

 


Tunis au Haras de Cercy (photo Z. Lupa)

 

Conservé entier, Tunis avait tout sa place au haras évidemment eu égard à ses performances mais son pedigree est tellement décalé par rapport aux références habituelles qu'il amenait des interrogations. Fils d'Estejo, un robuste coursier allemand, stationné au Haras National Polonais en début de carrière et donc méconnu du grand public, il est né d'une souche purement polonaise. En effet, sa 9e mère, né en Allemagne en 1944, a traversé la frontière en pleine débâcle pour s'installer en Pologne alors prise sur le joug stalinien de l'Union Soviétique. Il faut s'imaginer l'ambiance sur place à l'époque... Et encore, c'était un retour à la maison car la 10e mère était née en Pologne, suite à l'exportation depuis la France de la 11e mère Toledo, née dans l'hexagone en 1929 !

 


Ella Duchic enlève le Prix Gaston Barnère.

 

Mais comme l'indique d'ailleurs le Haras de Cercy dans son slogan pour le cheval, il faut savoir casser les codes, ou encore "think outside the box" selon l'expression anglaise. Confiants dans les choix de Jacques Cyprès, président de la Scaecc, et de sa commission étalon, les éleveurs régionaux furent nombreux à se donner rendez-vous en terre génétique inconnue, puisque Tunis a sailli 114 juments lors de sa 1ère saison en 2019. Notons que le père de mère avait déjà réussi un exploit en France. Inconnu au bataillon bien que né du croisement de la crack Dahlia avec Lyphard, Llandaff avait débuté étalon en Suisse où il avait conçu Vespone, gagnant du Prix Jean Prat (Gr.1) et du Grand Prix de Paris (Gr.1) chez Nicolas Clément. Llandaff avait été envoyé en Pologne en 2000, puis en République Tchèque en 2012, à 22 ans.

Aujourd'hui, le pari est gagné. Tunis a donné quelques vainqueurs intéressants au 2e semestre 2023, puis s'est distingué pendant l'hiver à Pau avec King d'Alène. Une nouvelle étape est franchie avec sa 1ère victoire de Listed décrochée grâce à Ella Duchic à Compiègne dans le Prix Gaston Branère, un gros handicap quinté.

 


Ella Duchic avec son jockey Baptiste Le Clerc et son jeune entraineur Florian Bellemère, qui fait logiquement la fierté de son père Jean-Paul Bellemère, ici en main.(photo APRH)

 

Présentée comme une outsider, Ella Duchic a retrouvé ses appuis sur la piste asséchée. Elle est entrainé par Florian Bellemère, un jeune entraineur qui obtient d'excellents résultats avec son petit effectif de 22 chevaux seulement, qui lui ont déjà apporté 6 victoires en 2024. Ella Duchic a été nommée avec ue certaine malice par son propriétaire éleveur Gildas Blain, un homme rendu célèbre par les succès de son champion Balko, qui est d'ailleurs le mère de mère de la pouliche. Cette jument nommée Flamèche, de la proche famille de Michto (un des premiers black-type de Balko), avait gagné 7 courses avant de devenir une poulinière très efficace, déjà mère de Solo, un double gagnant de Groupe chez Paul Nicholls en Angleterre.

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