Nouveau roman en série de Guillaume Macaire : chapitres 8 et 9

29/04/2021 - Actualités
 Ah les femmes !... Guillaume Macaire vous entraine dans la suite de son roman avec le jeune jockey Juan Bautista qui va bientôt faire face à un dilemme en croisant  une jeune française de bonne apparence et bien sous tout rapport, comme semble le constater son propre père qui mène une enquête discrète sur cette nouvelle compagne, et aristocrate polonaise aussi enfammée que mariée...

 

Résumé du 1er roman : l'un des top jockeys de plat en France, Jean-Barnabé Ermeline se préparait à disputer avec une 1ère chance le Prix de l'Arc de Triomphe en selle sur son champion Enigmatique. Mais à la suite d'aventures rocambolesques, il se retrouve à l'hôpital avec une balle dans la cuisse. Télécharger " A Cheval, à pied ou en voiture. "

 
Résumé des 7 premiers chapitres :

Ancien jockey proche de l'élite, Jean-Barnabé Ermeline a subi un grand coup d'arrêt en ayant été pris dans une sombre histoire, puis a terminé sa carrière sans éclat. Resté à Chantilly, le voilà redevenu simple lad, et cavalier d'entrainement vieillissant, tandis qu'un fils découvert sur le tard est arrivé d'Espagne plein de talent et d'ambitions pour briller au plus haut niveau sous l'habit de lumière. Un matin, lors d'un galop, "JB" subit une chute sur le gazon. Il a beaucoup de mal à s'en remettre. Devenu invisible, il surprend une conversation qui décrit la nouvelle compagne de son fils de façon peu rassurante. Pendant ce temps, Juan Bautista est parti briller en Pologne sous une casaque dont la propriétaire le fascine immédiatement. 

 
 

 

 

Chapitre 8 : Bérengère

A Chantilly, l'automne prenait des teintes de plus en plus mordorées, annonciatrices de la saison suivante et souvent synonymes de longueur et de langueur pour les gens des courses. La saison de plat touchait à sa fin et hormis les nageurs palmés et les dévoreurs de PSF, les pur-sang classiques allaient devoir attendre les prémices du printemps pour de nouveau fouler le gazon.
 
Jean-Barnabé s'était fait un point d'honneur de continuer à se mettre en selle tous les matins. Il ne se voyait pas rester chez lui à attendre que le temps passe et, partant du principe que « le travail c'est la santé », il avait préféré être fidèle à la doctrine dont il se disait adepte en plaisantant, du temps où il montait encore en courses: « J'ai pas peur, j'ai pas mal » ! Maintenant, il avait un peu mal et parfois aussi un peu peur, en tout cas suffisamment pour que cela soit visible et qu'on le cantonne à ne monter quasiment que les vieux tontons.
 
Mais souvent, les défections de certains lads, atteints par des coups de pieds de barrique la soirée précédente et oubliant de se réveiller, obligeaient le patron à modifier la liste en maugréant contre ce fléau récurrent, et à redistribuer les chevaux de ces garçons peu scrupuleux. Et Jean-Barnabé se retrouvait alors perché sur des poulains qui lui menaient la vie dure à l'occasion. Mais il avait sa fierté de ne rien laisser paraître, certains en eurent été trop heureux!
 
La semaine que passa son fils en Europe centrale lui parut bien longue, et il eut le temps de méditer sur son avenir et sur son sort. Il allait bientôt lui falloir trouver quelque chose d'autre à vivre. Combien de temps pourrait-il encore monter à cheval avec compétence? Ce temps était compté et il commençait à le réaliser, car il se disait même que sans Juan Bautista, il n'aurait probablement pas embauché chez cet entraîneur espagnol. Maintenant qu'il sentait Juan Bautista fatigué par sa présence, cela allait devenir compliqué. Pourtant, il n’aurait voulu que l'aider et bien sûr dans le même temps, tisser avec lui des liens réels et solides. Au lieu de cela, il voyait son gamin utiliser tous les prétextes pour le fuir. A cheval le matin, c'était notoire et voilà que maintenant par dessus le marché, il devenait jaloux de ces filles qui lui prenaient son fils, qui l'en dépossédaient… alors que pourtant il n'y avait jamais eu d'appartenance entre père et fils, il fallait en convenir.
 
Les conversations inter lads de l'autre jour sur les contre allées de la piste des réservoirs l'avaient dérangé, et il se mit en tête d'en savoir un peu plus sur celle que les autres cavaliers d’entraînement semblaient décrire comme une intrigante. Cette Bérengère sur laquelle le staff faisait des gorges chaudes commençait sérieusement à l'inquiéter et il décida d'en savoir un peu plus sur elle. Le risque évidemment dans ce genre d'enquête c'est que l'on est à la merci des jaloux, des répudiés et autres faiseurs de rumeurs qui ne peuvent que brouiller les cartes. Aussi, il décida d'être le plus clairvoyant et impartial possible pour ne pas se faire abuser par des idées toutes faites ou des ragots en tout genre. Il allait bien falloir démêler le vrai du faux... Il avait bien pensé au début à cuisiner un peu Juan Bautista au sujet de cette Bérengère, mais c'était la meilleure façon de creuser un peu plus le fossé entre eux et il se résigna à mener son enquête en catimini.
 
Finalement, rien de bien extraordinaire dans la vie de cette jeune femme. Elle avait une petite trentaine, peut-être moins, et menait une vie plutôt rangée. Elle avait longtemps travaillé pour une auto-école et c'est sans doute là qu'elle fit la découverte du milieu des courses puisque beaucoup de lads et de jeunes jockeys venaient passer y leur permis de conduire. Depuis la mort de ses parents dans un dramatique accident par un jour de brouillard sur l'autoroute A1, elle ne travaillait plus qu'à l'occasion pour l'auto-école pour avoir du temps pour s'occuper de leur succession. Elle était fille unique et se retrouvait devant un cas de conscience. Quand elle travaillait à l'auto-école de Chantilly, elle habitait tout près à Vineuil Saint Firmin dans une petite maison, propriété de ses parents et auparavant mise en location. Elle n’était qu'assez rarement chez ses parents qui étaient agriculteurs et vivaient dans une ferme située sur la commune de Rosières à une quinzaine de kilomètres de Senlis. Un après-midi, Jean Barnabé y fit une excursion pour voir à quoi cela ressemblait.
 
C'était une ferme isolée avec d'assez beaux bâtiments en pierre de taille et une très jolie maison, un peu à l'écart du corps de ferme, aux murs couverts de lierre, le tout arboré et entretenu avec goût. Il était si occupé à scruter les lieux qu'il faillit rentrer dans le puits dont la présence achevait de donner un coté carte postale à l'ensemble. La propriété était tout de même perdue au milieu de nulle part, le village de Rosières se trouvant à une demi-douzaine de kilomètres. C'était pour une jeune fille un endroit un peu compliqué à vivre. La ferme semblait assez prospère entre des activités cavalières et un troupeau de vaches à viande. Il apprit qu'elle avait mis les terres céréalières en fermage, ce qui lui avait permis de rester propriétaire de l'ensemble, et avait loué aussi les herbages après avoir envoyé le troupeau de Charolaises ad padres via un maquignon. Sa situation financière était donc florissante et Jean-Barnabé fut rassuré d’imaginer qu'elle ne courrait pas après l'argent.
 
Il comprit bien vite que c'était plutôt du côté de son fils qu'il fallait voir le côté intéressé. Par le facteur rencontré par hasard, il apprit encore pas mal de petites choses qui présentaient la situation plutôt à l'avantage de Juan Bautista. Sur la route du retour, c'est vraiment rassuré qu'il imaginait une suite harmonieuse dans cette ferme des contreforts du Valois.
 
Bérengère était quelqu'un de décidé, voire d'autoritaire. A sa décharge, la mort de ses parents l'avait obligée à s’affirmer pour éviter de se faire manger toute crue par tous les vautours qui lui tournaient autour, à commencer par ses cousins. Ils lui firent les yeux doux pour louer les terres vacantes, ce qu'elle voulait éviter à tout prix afin de ne pas avoir de problèmes familiaux forcément ingérables à terme. Elle s'était par conséquent complètement brouillée avec eux et cela l'avait sûrement isolée davantage. Elle avait, de l'époque où elle montait régulièrement à l’entraînement pour son seul plaisir, conservé de nombreuses relations dans les écuries et elle avait toujours montré un intérêt particulier pour les étoiles montantes dans le rang des jeunes jockeys.
 
Elle n'avait pas mis longtemps pour que Juan Bautista s'intéresse à elle. Sur la place de Chantilly qu'elle avait déjà en partie écumée, il représentait du sang neuf, une culture différente, une jolie gueule. Aussi, dès qu'elle vit que ses actions de pilotes dans la « cuadra » Camino Viti étaient à la hausse, elle utilisa toutes ses armes pour que le jeune ibère ne voie plus que par elle. Ce ne fut pas difficile d'ailleurs car elle était avenante et jolie à regarder. Juan Bautista, de son côté, ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants de la vie cantilienne de la jeune femme, encore que ceux qui la critiquaient facilement n'auraient pas dit non si elle avait dit oui !
 
Leur liaison avait maintenant plusieurs semaines et dans la tête de Bérengère, c'était bien parti pour durer. Juan Bautista avait pris les choses comme elles venaient et il avait vite compris qu'il était plus agréable de passer ses nuits dans le lit d'une fille caressante et prévenante que tout seul après avoir fait la tournée des bars avec ses pairs, ou avec son père pour des soirées qu'il redoutait quelque peu car il ne savait pas quoi lui dire.
 
En plus de la ferme de Rosières, Bérengère avait aussi hérité de l'appartement qu'elle avait toujours habité quand elle travaillait comme monitrice d'auto-école sur le secteur. C'est dans ce douillet petit nid qu'ils se retrouvaient. Le plus cher souhait de Bérengère était d'avoir des enfants ; ce qui était, en tous cas pour l'instant, le cadet des soucis de Juan Bautista. La vocation de père de famille était loin de se révéler à lui...
 
« Les hommes s'inscrivent dans l'action, les femmes dans la durée », un précepte que Bérengère avait intégré depuis longtemps, inconsciemment d'abord et consciemment dorénavant, même si à cause d'une certaine forme d'idéalisme elle s'en était convaincue encore un peu plus en creusant la psychologie humaine à travers les écrits. Elle croyait à une sorte de maîtrise du destin, dès lors que l'on a assez de volonté pour aller au bout de sa quête. Pourtant, la vie lui avait déjà montré en lui enlevant prématurément et brusquement ses parents que cela n'était pas tout à fait la réalité...
 
Faire de Juan Bautista le père de ses enfants et s'installer dans une vie idéale pour elle, était facilité il est vrai par l'absence de préoccupations financières grâce à l’héritage de ses parents, et c’était donc devenu une évidence pour elle. Probablement qu'elle eut été bien incapable de définir si elle était amoureuse de Juan Bautista pour lui-même ou pour ce qu'il représentait...
D'ailleurs la question ne se posait pas puisqu'elle avait décidé... cela suffisait à la persuader. Restait encore, et cela serait le plus difficile, à l'en persuader lui.
 
Juan Bautista, lui dans l'action, avait fait son nid chez elle comme il aurait pu le faire ailleurs, affaire de circonstances. Quand certains soirs, l'oiseau ne rentrait pas au nid, la Bérengère, pourtant prévenue, ne dormait pas du sommeil du juste. Même si cela lui déplaisait fortement, elle se gardait de lui en faire grief. Le fils de Jean Barnabé lui avait, dès le début de leurs amours, fait comprendre qu'il ne s'installerait pas chez elle avec armes et bagages. Et surtout, elle savait que la meilleure façon de le faire fuir était de vouloir faire de lui le prisonnier d’un amour possessif qu’elle avait du mal à ne pas laisser paraître. Lui, souvent en déplacement pour aller monter aux quatre coins de l'hexagone, elle, en attente de son retour trop souvent différé à son goût… involontaire mais « immuable théorie de l'homme dans l'action, et de la femme dans la durée ». La messe était dite !
 
Le voyage en Europe de l'Est, d'autant qu'elle l'avait appris par la rumeur, avait fait naître en son for intérieur un sentiment de mal-être, de jalousie incontrôlée qui la submergeait dès qu'elle y pensait, avant même qu'il ait mis un pied dans l'avion. La veille de son départ, après avoir fait l'amour passionnément, elle s'était déjà montrée un peu trop insistante avec ses « dis moi que tu m'aimes » et ses « redis le moi encore ».Il obtempérait, sans spontanéité, mais c'est vrai qu'il l’aimait bien, mais bien, seulement bien... Quand cela devenait trop compliqué pour lui, il répondait en espagnol... Il commençait des phrases en français et ne les finissaient pas comme pour séparer leurs deux modus vivendi, en évitant de la blesser, au pire de la courroucer. Elle lui fit promettre que chaque jour il lui téléphonerait. Dès lors, Juan Bautista eut l'impression de devoir faire un compte-rendu quotidien de ses faits et gestes comme un sous-officier au rapport... Néanmoins, il oublia vite,tout excité qu'il était de découvrir de nouveaux horizons et d'aller vers son destin de jeune jockey qui s'affirmait de jour en jour. Bérengère créait un beau décor dans son quotidien mais ce n'était pas une priorité pour lui, alors que pour elle…
 
 
Chapitre 9 : Alcoves Slaves
 
La Porsche avait quitté les grands axes depuis longtemps et serpentait sur des routes sinueuses à travers bois, champs et forêts. Dans l'obscurité de l'habitacle, Juan Bautista aurait bien voulu observer sa conductrice plus attentivement que simplement lors des coups d’œil furtifs qu'il s'autorisait quand elle parlait. Mais inévitablement, s'il avait posé son regard sur elle malgré la concentration que lui imposait la conduite, elle l'aurait aussitôt senti et il ne voulait pas s'en trouver mal à l'aise ! Confortablement installé, il préférait adopter une attitude de garçon bien élevé tout en écoutant les « partitas » de Jean-Sébastien Bach dont la qualité acoustique était exceptionnelle.
 
Pendant le trajet, il avait eu tout le plaisir de la questionner sur son écurie - le coté professionnel faisait une bonne entrée en matière - et surtout comment, polonaise, elle parlait le français mieux que lui ? « C'est que je ne suis polonaise que d'adoption », lui révéla t’elle. « Je suis française mais j'aisuivi mon père dans ce pays. Ma mère était française et mon père polonais. Il était chef d’orchestre. Il fut longtemps en poste en France, où il a rencontré ma mère et où je suis née, avant d’être nommé à la tête de l’orchestre philharmonique de Warsow. Il avait, jeune homme, fuit le communisme et sa police militaire et s'était expatrié à Paris. Le français est donc ma langue maternelle et le polonais aussi, » ajouta t’elle en riant.
 
« Mon père était aussi très ami avec un diplomate qui possédait des chevaux de courses à l’entraînement chez un (célèbre) entraîneur cantilien à l'époque et souvent le samedi, nous allions avec lui voir ses chevaux galoper. Ce fut pour moi une révélation. J'étudiais la musique au conservatoire mais l'appel pour ce sport fut tel que mon père, devant mon insistance et avec l'aide de son ami Boris Bisrouko, accepta que je commence à monter des lots le matin. La féerie des Aigles ou des autres pistes, comme la route des Lions, le plaisir de monter ces pur-sang magnifiques était devenu ma raison de vivre au grand désespoir de mon cher père qui avait tout mis en œuvre pour faire de moi une musicienne. »
 
Elle laissa perler de nouveau un petit rire et reprit après une petite pause, comme si elle se demandait si il était bien utile de raconter tout cela. « J'ai été tellement volontaire et assidue que j'ai pu monter en courses dans les épreuves réservées aux cavalières les chevaux de Boris qui m'aimait bien et qui je crois, voulait impressionner mon père. J'ai connu le succès assez vite, c'était grisant et je conserve de cette époque de ma vie en France des souvenirs délicieux. Quand j'ai du suivre mon père en Pologne, ce fut un déchirement. J'ai tout tenté pour rester en France mais je n'ai jamais pu infléchir mes parents malgré l'aide de Boris Bisrouko. Nous sommes arrivés à Varsovie en plein mois de décembre dans la neige et le froid... J'avais envie de pleurer. Sans le dire à mon père, j'ai tiré le fil d'Ariane pour contacter des entraîneurs polonais. Vous ne l'avez peut-être pas vu mais à Tor Sewzewiec il y a aussi des pistes d’entraînement et ... »
 
« Si si, je connais, » coupa t’il, « j'ai monté deux lots hier avec les autres européens du challenge. ». « Alors vous aurez compris que les sensations n'étaient plus tout à fait les mêmes... Mais le plaisir de la compétition n'allait pas me quitter comme ça et j'ai eu la chance de représenter la Pologne dans le circuit Fegentri des cavalières l'année suivante en remplacement de la cavalière pressentie qui s'était cassée une jambe en faisant du ski, » dit-elle en riant avec spontanéité.
« Heureusement que je parlais polonais, quand j'y repense ! J'ai monté un peu partout en Europe et ce fut une expérience inoubliable. J'ai gardé quelques vraies amies de cette période et c'est même lors d'une étape à Baden-Baden que j'ai rencontré celui qui est devenu mon mari. »
 
« Il montait en courses aussi ? » se risqua à demander Juan Bautista. « Oui autrefois, mais en l’occurrence il était venu aux ventes de yearlings et aux courses par la même occasion. » « Voilà, c'est là ! » dit-elle alors qu’ils venaient de franchir un magnifique portail pour s’engager dans une belle allée bordée de chênes séculaires. Ils roulaient vers un château que les phares de la Porsche commençaient à éclairer. A dix mètres d'eux, une paire de sangliers traversa l'allée sans se presser, déclenchant chez la Comtesse Ana un nouveau rire. « Tiens, on a de la visite! »
 
Malgré l’excitation et le désir qu'il ressentait pour sa conductrice, Juan Bautista commençait à se sentir mal à l'aise, comme un peu débordé par le cadre de l'histoire (mélangé à la fierté qu’il éprouvait à être reçu dans un lieu aussi impressionnant.)
Elle stoppa la voiture devant un escalier à double révolution qui rappela à Juan Bautista celui de la fameuse cour des adieux du château de Fontainebleau, château qu'il avait visité la semaine précédente en allant monter sur l'hippodrome de la Solle. Des falots éclairaient un majordome en livrée qui se tenait devant la porte ouverte. Elle lui parla en polonais et Juan Bautista emboîta le pas de son hôtesse dans un couloir un peu sombre garni de petites commodes et de tentures.
 
« Allons nous installer dans le boudoir, j'y ai fait préparer un petit souper pour fêter cette sensationnelle victoire d'aujourd'hui, victoire qui m'a fait un plaisir immense. Ce cheval a une histoire, je vous raconterai plus tard... » Il pénétra à sa suite dans un petit salon où crépitait un feu dans une haute cheminée. L'atmosphère était chaleureuse et une table avait été dressée avec goût et simplicité. « Vous aimez le caviar ? » lui demanda t’elle.
 
Juan Bautista dut avouer qu'il n'en avait jamais goûté, ce qui la fit rire à nouveau. Il n’y avait que deux couverts sur la petite table élégamment nappée d'une nappe ouvragée. « Quid du mari? » se demandait-il. « Nous allons boire le champagne pour célébrer notre succès commun » dit-elle en tendant la bouteille à Juan pour qu'il en dessertisse le muselet. Une femme avec un tablier de cuisinière fit son apparition dans le chambranle de la porte après avoir remis du bois dans l'âtre. « Voilà ! Maintenant nous allons être tranquilles tous les deux. » dit-elle avec un regard pénétrant que Juan Bautista voulait interpréter comme une invitation à la valse...Champagne, caviar et autres zakouskis ainsi que quelques réjouissances culinaires locales préparées par la cuisinière mirent Juan Bautista et son hôtesse en parfaite condition pour une suite langoureuse dans ce boudoir aux allures de chambre d'amour. Le désir que le jeune homme sentait monter en lui était pourtant entravé par une question pratique qui ne le quittait pas : « Et le mari ?! »
 
Ils s'étaient, après leur collation, installés sur un sofa pour déguster des chocolats au brandy. Aussi, pour se libérer de cette inconnue et pour s'abandonner dans les bras d'une autre qui elle, lui était de moins en moins, Juan Baustista se risqua à simplement lui poser la question. Elle lui prit la bouche en guise de réponse... Après un long baiser enflammé, elle lui répondit en le tutoyant tout en se dirigeant vers la porte pour donner un tour de clé : « Sois tranquille, à part les domestiques, nous ne sommes que toi et moi dans la maison. » Il s'était mis debout à cet instant, et quand elle lui fit à nouveau face après avoir circonscrit les lieux, elle l'enlaça pour un nouveau baiser. Ils firent l'amour longuement et sous la bienveillante douceur romantique de l'âtre.

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