Thomas Fourcy, le royannais devenu prince des "Rois du désert"

Thomas Fourcy (© APRH)

Avec huit de ses pensionnaires constituant à eux seuls la moitié des partants de l'édition 2021 de la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA) dimanche dernier, à ParisLongchamp, Thomas Fourcy avait donc 50% de chances de remporter, pour la quatrième fois, cette prestigieuse épreuve pour pur-sang arabes. Ou tout du moins 50% de chances de ne pas la perdre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le metteur au point royannais a visé juste, avec six de ses chevaux ayant terminé dans les sept premiers. Trois d'entre eux se sont d'ailleurs accaparés les trois premières places du podium, à savoir Hoggar de l'Ardus (Mister Ginoux), Lady Princess (General) et Tayf (Amer) dans cet ordre, les autres, Abbes (TM Fred Texas), Nalink (Amer), Khataab (Amer), Mounjared Al Cham (Azadi) et Melabi (Dahess), se classant quant à eux respectivement cinquième, sixième, septième, neuvième et douzième.

Hoggar de l'Ardus, Lady Princess et Tayf, trois protégés de Thomas Fourcy ayant constitué le trio gagnant de la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA) ce dimanche, à ParisLongchamp (© APRH)

Il nous raconte: "J’ai très bien vécu la course. J’étais confiant avec mes chevaux, ils étaient bien. Certes, la piste était bien souple, voire lourde par endroits, mais ce n’était pas ça qui me dérangeait le plus. J’ai toujours des chevaux qui aiment un peu plus ce genre de terrain que d'autres. En fait, c’était plus un désavantage pour Lady Princess, qui a un plus petit modèle et qui peut donc un peu plus peiner quand cela vient à être trop profond. Avec huit partants, il y avait un peu de pression, bien entendu, mais tous les chevaux avaient le droit de courir. Ils restaient tous sur de bonnes performances, étant soit gagnants soit à l'arrivée de courses de groupes. Mes clients voulaient courir, je ne les ai pas empêchés. C’est la fin de l’année, ils étaient bien, ils pouvaient aller au combat. Et avec six chevaux dans les septs premiers, je ne pense pas qu'il y ait eu trop de fausses notes".

Thomas Fourcy, donnant les ordres à deux ses huit jockeys dimanche, à ParisLongchamp, pour l'édition 2021 de la Qatar Arabian World Cup (© APRH)

Un joli tir groupé dans une épreuve prestigieuse où la palme est donc revenue à Hoggar de l'Ardus. Un fils de Mister Ginoux aujourd'hui âgé de 4 ans, qui met à l'honneur les couleurs de la Sheikha Reem Al-Thani (associée avec le Sheikh Mohammed bin Khalifa Al-Thani, ndlr) mais aussi l'élevage de Philippe Meunier, et dont la carrière a débuté du côté de La Teste-de-Buch, chez Elisabeth Bernard, avant de la poursuivre sur le centre d'entraînement de Royan, au sein de l'écurie de Thomas Fourcy, comme ce dernier nous l'explique: "Philippe Meunier m’a contacté au début de l’année, pour me proposer à l’essai un poulain qui ne voulait pas rentrer dans les boîtes". En effet, Hoggar de l'Ardus avait été déclaré non-partant dans ce qui devait être ses deux premières sorties en compétition l'an dernier, à Dax et La Teste-de-Buch, refusant alors de pénétrer dans les stalles de départ. "J'ai dit oui, pourquoi pas, car le cheval restait sur une très facile victoire à Montauban (départ donné aux élastiques, ndlr) pour l'entraînement d'Elisabeth Bernard. Peut-être pas dans un lot de champions, mais il avait gagné avec beaucoup de marge. On l'a donc essayé, en lui mettant un bonnet avant d'entrer dans les stalles, et cela s'est avéré concluant. Il est d'ailleurs de plus en plus facile de course en course".

Le magnifique Hoggar de l'Ardus, en pleine action (© APRH)

Un cheval ayant donc passé le poteau en tête pour la quatrième fois de sa carrière ce dimanche, la deuxième au niveau Gr.1 après son succès au mois de juin dans le Qatar Derby des Pur-Sang Arabes de 4 ans, à Chantilly, et qui permet à son entraîneur, Thomas Fourcy, d'inscrire pour la quatrième fois son nom au palmarès de la plus grande course de pur-sang arabes au monde, après les victoires de Tayf l'an dernier et d'Al Mourtajez en 2015 et 2016, dont le nom figure également au palmarès de deux Doha Cup (Gr.1 PA), d'un Emir's Sword (Gr.1 PA), d'un Prix Dragon (Gr.1 PA), des Qatar International Stakes (Gr.1 PA) ainsi que d'une Coupe d'Europe des Chevaux Arabes (Gr.1 PA).

Thomas Fourcy, soulevant déjà son quatrième trophée dans la Qatar Arabian World Cup (Gr.1 PA) dans la catégorie des entraîneurs (© APRH)

Une véritable référence chez les pur-sang arabes, aujourd'hui étalon au Haras de Thouars, dans le Lot-et-Garonne, et élevé par Hassan Mousli (en association avec Nada Mousalli et Faiz Al Elweet, ndlr), personnage central dans l'épopée de Thomas Fourcy avec ceux que l'on surnomme les "Rois du désert". "Mon histoire avec les pur-sang arabes ? C'est surtout la chance qui m'a fait les rencontrer" nous dit Thomas Fourcy. "J'ai tout d'abord été apprenti à Chantilly, chez Jean de Roualle (pas non plus en reste dans ce qui est de façonner des pur-sang arabes, ndlr), qui m’a ensuite envoyé à Royan, chez Guillaume Macaire, pour que je puisse monter en course, notamment en obstacle. Ensuite, j'ai appris qu'Arnaud Chaillé-Chaillé avait besoin d'un autre jockey en plus du premier pilote de l'époque, Olivier Trigodet, pour monter en course. En embauchant chez lui, c'est là où j'ai vraiment pu rencontrer et cotoyer les pur-sang arabes, et par la même occasion Hassan Mousli, avec qui je suis devenu très proche, qui m'a poussé à m'installer entraîneur en 2013 et avec qui j'ai vécu de grands moments grâce à des chevaux comme Al Mourtajez, Bint Jakkarta, ou encore Al Mouwaffak, qui nous ont permis de gagner plusieurs Gr.1 ensemble".

Al Mourtajez, autre champion pur-sang arabe entraîné lors de sa carrière sportive par Thomas Fourcy (© APRH)

Fort aujourd'hui d'un effectif constitué à 90% de chevaux pur-sang arabes sur les 90 pensionnaires de son établissement royannais, qui compte également quelques pur-sang, AQPS, et Anglo-Arabes, l'ancien jockey aux 300 victoires en plat et en obstacle les décrit comme "des chevaux qui ont bien changé avec le temps. Ce ne sont plus du tout les mêmes qu'à une certaine époque. Avant, on avait plus affaire à des chevaux de fond, lours, mais maintenant, avec l'évolution de la génétique, ils sont quand même plus proches du pur-sang anglais, et sont d'ailleurs capables d'accélérer comme eux le font. Ils sont aussi plus simples à entraîner aujourd'hui que par le passé. Même s'ils ont toujours leur petit caractère de cheval arabe comme ça, chez moi, ils sont tous logés à la même enseigne. Le matin par exemple, ils ont les mêmes enrênements que ceux de mes chevaux d’obstacles. Pas aussi courts, certes, mais ils s’en sortent très bien avec".

La petite mais incroyable Lady Princess, excellente coursière pur-sang arabe défendant elle aussi l'entraînement de Thomas Fourcy (© Qatar Racing Equestrian) 

Nomade par excellence, le pur-sang arabe a justement permis à Thomas Fourcy et son équipe de voyager et de se distinguer un peu partout en France mais aussi à l'international, de l'Angleterre au Maroc en passant par Doha, au Qatar, où devrait retourner le "staff Fourcy" cet hiver en vue des belles joutes qui se profilent à l'horizon. "Le premier objectif était de s'imposer dans la Qatar Arabian World Cup. Maintenant que c'est fait, nous allons étudier les possibilités qui s'offrent à nous désormais, notamment à l'étranger, au Qatar plus particulièrement. Lady Princess devrait s'y rendre dès fin décembre mais pas Hoggar de l'Ardus. La jument y avait déjà été l'an dernier, s'imposant dans un Derby local. Elle devrait y retourner avant de viser les gros morceaux réservés à la race plus tard dans l'hiver, comme Hoggar de l'Ardus, qui pourrait participer à l'Emir's Sword courant février, après avoir effectué au préalable une course de rentrée lors du meeting de Pau". Autant de projets que l'on espère de tout coeur voir être menés à bien. Et couronnés de succès !