La crack-jockey irlandaise Rachael Blackmore élue "Sportive Internationale de l'année" par la BBC

21/12/2021 - Actualités
Auteure d'une année 2021 en tout point exceptionnelle,  étant devenue la première femme à remporter le Grand National de Liverpool ainsi que dix victoires de Gr.1 en une saison, la crack jockey d'obstacles irlandaise Rachael Blackmore s'est également vue élire Sportive Internationale de l'année par la grande chaîne anglaise BBC, trophé que d'immenses sportifs tels Mohammed Ali, Roger Federer ou encore Usain Bolt ont eux aussi reçu par le passé.  

Rachael Blackmore, première femme jockey de l'Histoire a remporté le titre de "Personnalité Sportive Internationale de l'année" par la grande chaîne anglaise BBC (© BBC)

 

Depuis 1967 et le sacre du crack pilote australien George Moore (année où il remporta notamment les 2.000 Guinées, les 1.000 Guinées, le Derby d'Epsom ainsi que les King George VI and Queen Elizabeth Stakes au niveau Gr.1), plus aucun jockey ne connut le privilège d'être élu "Personnalité Sportive internationale de l'année" par le grand groupe de télévision anglaise BBC. Un écart de 54 ans qu'est venue briser depuis ce week-end l'irlandaise Rachael Blackmore, auteure d'une année 2021 absolument époustouflante en obstacle.

 

L'Australien George Moore, dernier jockey à avoir été élu "BBC World Sport Star of the Year"... en 1967 ! (© Pro Group Racing)

 

La jeune trentenaire, régulièrement associée aux pensionnaires d'Henry de Bromhead et Willie Mullins, deux "masters" du steeple-chasing de la Verte Erin, s'est en effet distinguée en devenant la première femme jockey à remporter le mythique Grand National de Liverpool (Gr.3), associée à Minella Times, le Champion Hurdle (Gr.1) en selle sur l'exceptionnelle Honeysuckle (invaincue à ce jour en treize courses officielles), et à terminer tête de liste des jockeys du dernier festival de Cheltenham où, en plus du Champion Hurdle, elle est également parvenue à remporter cinq autres courses, dont quatre Gr.1: le Ballymore Novices' Hurdle avec Bob Olinger, le Champion Bumper avec Sir Gerhard, le Ryanair Chase avec Allaho et le Triumph Hurdle avec Quilixios.

 

Rachael Blackmore et Minella Times, lors de leur victoire dans le Grand National de Liverpool cette année (© PA WIRE)

 

Des performances pour le moins exceptionnelles, qui ont donc valu à Rachael Blackmore, figurant dans le Top 3 des meilleurs jockeys d'obstacle d'Irlande depuis la saison 2018-2019, de devenir la première femme jockey, mais aussi la première irlandaise, à recevoir ce titre de "BBC World Sport Star of the Year" aux dépens, qui plus est,  d'immenses champions de leur discipline comme Novak Djokovic en tennis, Max Verstappen en Formule 1 ou encore Tom Brady en football américain. Elle succède ainsi au palmarès de cette récompense à d'immenses légendes du sport, telles les footballeurs Pelé (1970) et Cristiano Ronaldo (2014) les tennismens Novak Djokovic (2011), Rafael Nadal (2010) et Roger Federer, (2004 - 2006 - 2007 - 2017), les boxeurs Mohammed Ali (1973 - 1974 - 1978) et Mike Tyson (1989), le sprinteur Usain Bolt (2008 - 2009 - 2012), le rugbyman Jonah Lomu (1995) et notre Jacques Anquetil (1963) national en cyclisme. Rien que ça !

 

Succéder au palmarès du palmarès "BBC World Sport Star of the Year" à quelqu'un comme Usain Bolt, c'est dire si Rachael Blackmore a marqué l'histoire des courses et du sport en 2021 ! (© News FR - 24)

 

Pour autant, rien ne prédestinait cette native de Killenaule, dans le comté de Tipperary, à embrasser la carrière de jockey... professionnel. Issue du croisement entre un père, Charles, producteur laitier et d'une mère, Eimir, enseignante, Rachael Blackmore a souhaité, comme son frère, designer graphique, Jonathan, et sa soeur avocate, Charlotte, à suivre des études. Sa dyslexie ayant réduit comme peau de chagrin ses espoirs de devenir un jour vétérinaire, la jeune femme est néanmoins parvenue à obtenir un diplôme en sciences équines, à l'université de Limerick... sans assister à la traditionnelle cérémonie de fin d'études, car elle souhaitait monter en course ce jour-là ! Car bien que non issue d'une "racing family", Rachael Blackmore a toujours été passionnée et entourée par les chevaux et les poneys, ayant appris les rudiments de l'équitation classique aux côtés de son père, avant de se rendre très régulièrement dans des poneys-clubs, puis de monter en courses de poneys (face à un certain Paul Townend d'ailleurs, autre grand jockey d'obstacles en Irlande) et enfin dans le rang des amateurs, en Point-to-Point, comme en courses officielles.

 

Une toute jeune Rachael Blackmore, déjà très à l'aise sur un fougueux destrier en bois (© RSVP Live)

 

Malgré des débuts pour le moins contrastés, avec "seulement" 18 victoires pour plus de 200 montes en huit années comme cavalière, Rachael Blackmore a souhaité faire de sa passion son métier, devenant professionnelle à partir de 2015, à l'âge canonique de 26 ans (!), sur recommendation de l'un de ses premiers mentors, John "Shark" Hanlon. Travailleuse hors-pair à l'abnégation sans faille, la jeune femme n'a eu de cesse depuis sa première victoire "pro" en selle sur Most Honourable, à Clonmel, en septembre 2015, de défrayer la chronique, devenant la première femme jockey d'Irlande à remporter le "Conditional Riders' Championship" (l'équivalent de l'Étrier d'Or en France), en 2017, soit deux ans avant de remporter son premier Gr.1, en selle sur l'un de ses chevaux de coeur, Minella Indo, dans l’Albert Bartlett Novices’ Hurdle de Cheltenham... avant que 19 autres ne viennent étayer son tableau de chasse à ce jour !

 

Rachael Blackmore, en selle sur la championne Honeysuckle, avec qui elle a remporté pas moins de quatre Gr.1  cette année, dont le Champion Mare Hurdle de Cheltenham (© The Journal)

 

Une ascension des plus remarquables donc pour une "self made jockey" devenue, comme Nina Carberry, Katie Walsh, Holly Doyle ou encore Bryony Frost, une véritable idole pour les jeunes femmes souhaitant elles aussi embrasser la carrière de jockey, et qui mérite amplement tout ce qui lui arrive aujourd'hui, eu égard aux efforts consentis pour s'immiscer au plus haut niveau. "Une femme qui a su briser les codes en vigueur" dixit son collègue de vestiaire mais avant tout grand ami - et même colocataire ! - Patrick Mullins (le fils de Willie Mullins) dans la presse irlandaise, "malgré le fait que beaucoup la considéraient comme trop légère, trop vieille, trop mauvaise, trop instruite et trop féminine au moment de passer professionnelle". Comme quoi, tout le monde peut se tromper !

 

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