48H Prix Bournosienne Etreham : Want of a Nail vaut bien plus d'un clou

02/11/2019 - Evénements
La propriétaire américaine Maggie Bryant avait pris sa place habituelle dans le rond pour voir, accompagnée par touts sa famille chapeauté de rouge et tenant chacun un gros clou dans la main, le triomphe de la 3 ans Want of a Nail dans le Prix Bournosienne (Gr.2), l'orpheline soeur de 3 gagnants de Gr.1.
 
 
 
L'âge avance mais la passion reste intacte chez Maggie Bryant, la plus grande propriétaire américaine de l'obstacle français, et l'un des plus grands personnage des temps modernes dans la discipline. Malgré un vent froid à décorner les boeufs, les chapeaux rouges ont bien tenu sur les têtes de sa famille, accompagnant comme d'habitude la grande dame, installée à sa place habituelle dans le rond de présentation, juste en face du grand écran. Plus guère mobile, elle est quand même venue accueillir sa nouvelle championne au rond du vainqueur. Et pour l'occasion, la photo s'est faite dans le sens inverse de l'habitude, et qui devrait pourtant être la norme puisque pour une fois les lauréats font face au public plutôt que de leur tourner le dos !
 
 
 
 
Même s'il manquait l'entraineur Guillaume Macaire, il y avait donc beaucoup de monde et de couleurs sur la photo de la victoire, sous l'oeil de l'éleveur Benoit Gabeur. Celui-ci avait touché avec la mère Westonne (nièce de Nononito par Mansonnien) une poulinière en or massif. En effet, après avoir gagné 5 courses, dont le Prix Fleuret (Gr.3) déjà sous la casaque Bryant, Westonne a produit les champions So French et Device, puis Whetstone, déjà gagnante de ce Prix Bournosienne en 2017 avant de s'imposer cette année dans le Prix Ferdinand Dufaure ! Fille de Kapgarde, Want of a Nail est son 6e produit en 6 ans, mais aussi le dernier. En effet, elle est malheureusement est morte à la naissance de Want of a Nail. A noter que Benoit Gabeur, bien qu'il dise ne pas aimer conserver des souches maternelles, a tout de même gardé Whesthone, blessée en septembre 2018, et saillie ce printemps par Kamsin, ainsi qu'une autre soeur beaucoup moins bonne en course, Makewish (Kapgarde), saillie elle par Great Pretender.
 
 

Want of a Nail, impériale de bout en bout. (photos APRH)
 
 
Les Bryant avaient tous amené avec eux un grand clou, pour porter bonheur. En effet, la pouliche louée par les américains, comme tous les autres membres de la fratrie, porte un nom ayant une signification importante en anglais. Want of a nail est une expression qui se traduit par " manque d'un clou, ou d'un ongle" et qui veut dire d'un tout petit défaut peut avoir des conséquences majeures. Ainsi, l'un des pères fondateurs des Etats-Unis, Benjamin Franklin avait écrit cette célèbre phrase : 
 
" For the want of a nail the shoe was lost,
For the want of a shoe the horse was lost,
For the want of a horse the rider was lost,
For the want of a rider the battle was lost,
For the want of a battle the kingdom was lost,
And all for the want of a horseshoe-nail."
 
Soit : ' par le manque d'un clou, le fer fut perdu. Par le manque d'un fer, le cheval fut perdu. Par le manque du cheval, le cavalier fut perdu. Par le manque du cavalier la bataille fut perdue. Par le manque de la bataille, le royaume fut perdu. Et tout cela pour le manque d'un clou de fer à cheval."
 
 

Want of a Nail s'impose devant Grace Féline (casaque Papot) et Grand Messe (Network)
 
 
Comme quoi on peut perdre un royaume car il manque un clou au sabot d'un cheval...On comprend mieux pourquoi tout cela compte pour Maggie Bryant, amie d'enfance de Jacky Kennedy, qui habite dans un immense domaine en Virginie où avait travaillé dans sa jeunesse un certain George Washington, le 1e président des Etats-Unis d'Amérique. Maggie Bryant a même offert un de ses clous au jockey Felix de Giles. Anglais, originaire de Swindon à l'ouest de l'Angleterre, il s'est installé en France de longue date et a eu la la joie devant son père et son frère, qui le voyait gagner à Auteuil pour la 1e fois. Premier jockey depuis longtemps d'Emmanuel Clayeux, ce grand amateur de cross monte depuis quelques semaines seulement pour Guillaume Macaire. Il a remporté le Prix Magne avec Want of a Nail le 9 octobre en bénéficiant de l'indisponibilité de Bertrand Lestrade, mis à pied suite à sa dérobade à Mérano fin septembre. Lui qui faisait déjà une très bonne saison depuis le début de l'année, il pourrait monter pour la 1e sur le podium de la cravache d'or, étant actuellement 4e du classement des jockeys d'obstacle avec 49 victoires, à seulement 1 point de Gaêtan Masure, sachant que Bertrand Lestrade est en tête devant Clément Lefebvre.
 
 

Felix de Giles avec l'éléveur Benoit Gabeur et Benoit Gicquel, assistant de David Powell, le manager historique de l'effectif de Maggie Bryant.
 
 
A noter qu'il est actuellement envisagé, en haut lieu, de faire passer le Prix Bournosienne en Gr.1, ce qui en ferait le seulement 10e Gr.1 du programme français, et ce qui serait une très bonne chose pour toute la filière des femelles en France et en Europe. Elles le méritent, et la qualité du lot de cette épreuve sponsorisée par le Haras d'Etreham en 2019 en est une nouvelle preuve. Pour conclure, on a beaucoup aimé les comportants de ses 2 poursuivantes, Grace Féline (Balko) et Grand Messe (Network), qui venaient de finir dans l'ordre inverse aux 2 premières places du prix Beaurepaire pour leurs débuts.
 
La grande favorite de la course, la japonaise Fujimoto Flyer, entrainée en Irlande par Emmet Mullins, a été déclarée non-partante par le starter qui a agit très intelligemment. En effet, il aurait tout aussi bien pu valider le départ mais frustrer tous les turfistes qui auraient vu la favorite rester au poteau. Mais comme cela, personne n'a été lésé.
 
 

Felix de Giles
 


Franck Champion, le directeur commercial du Haras d'Etreham, sponsor de l'épreuve.
 
Le fameux clou !


 

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