Le brassage ethnique de Queen's Jewel : Marcel Boussac, Wertheimer, Maradona...

02/06/2015 - Grand Destin
Le dernière perle des Wertheimer, Queen's Jewel, la gagnante du Prix Saint-Alary, est issus de classiques argentins. Mais ce parfum exotique, mélange de steack et de football entre 2 joueurs de polos en goguette à Deauville, a un arrière-goût suranné de vieille France, car Xavier Bougon a remonté son fil d'Ariane qui l'a ramené à la légendaire Frizette et aux débuts de Marcel Boussac ! Nom de code XB : le clavier de Dieu avec des archives d'Outre-Tombe...
Queen's Jewel et son jockey Maxime Guyon posent fièrement après leur victoire dans le Prix Saint-Alary 2015 (Gr. 1) ©APRH
 
Sa mère, une sud-américaine d’un père americano-canadien.
 
Queen’s Jewel, la pouliche des frères Wertheimer, a fait dans un temps record, un véritable récital...argentin dans le Prix Saint-Alary 2015, ce qui lui confère le rang de favorite du prochain Prix de Diane. Elle doit la vie à sa mère, l’argentine Safari Queen, achetée, pleine d’Elusive Quality, en novembre 2010 à Keeneland pour $425.000, en provenance d’Amérique du Nord après être née en Amérique du Sud. Le foal qui naîtra au printemps s’appellera Royalmania, une anglo-normande comme sa sœur cadette, Queen’s Jewel, conçue suite aux services d’un sprinteur anglais de Newmarket, Pivotal.
 
Safari Queen, sa mère donc, est née de Lode (Mr Prospector), un américain ayant débuté sa carrière de reproducteur aux USA puis exporté en Argentine dès sa 3ème année. Lode est issu de la grande famille maternelle canadienne, celle de Ciboulette (Edward-Plunket Taylor) et de sa fille Franfreluche.
 
Si les différents concepteurs de cette famille avaient eu l’intention d’un brassage ethnique, ils ne se seraient pas pris autrement. Oh, que c’est bon que c’est beau les sud-américaines (paroles de Michel Fugain).
 
 
Safari Queen, la mère de Queen's Jewel
 
 
Une mère, élue meilleure pouliche à 2 ans dans son pays natal
 
Née en Argentine, Safari Queen a été sacrée, à 2 ans, meilleure pouliche de sa génération dans son pays natal après ses deux victoires de Gr.1, le Marcel Boussac local et le Gran Premio Jorge de Atucha pour les couleurs de Tupacireta et l’entrainement de Juan Maldotti.
 
En octobre 2005, l’argentino-brésilien Julio Bozano reçoit une offre d’Alan Cohen (Arindel Farm). Associé au floridien Ric Newman, Safari Queen prend la direction de l’écurie de Todd Pletcher qui lui fait gagner 6 courses dont 4 stakes (Long Island H, La Prevoyante H., Orchid H. et Bewitch S.). Elle achève sa carrière sur la piste dans les E.P. Taylor S. 2007 dans lesquels elle termine loin de la gagnante, une certaine française, Mrs Lindsay.
 
Safari Queen rejoint le haras où elle est mère d’un premier produit, un mâle né en 2009 d’A.P. Indy, vendu yearling chez Fasig Tipton (Saratoga) à John Ferguson pour $ 290.000. Revendu à Saratoga à 3 ans pour $ 10.000, Transatlantic est vainqueur ensuite d’un réclamer à Mountaineer mais sera distancé puis s’accidentera gravement lors de sortie suivante.
Son second produit, un mâle de Mr Greeley, est conservé par son éleveur. Gallico, à l’entrainement chez Jamie Ness, est vainqueur de trois réclamer à Tampa Bay à 3 et 5 ans.
 
Le moindre que l’on puisse dire est que les deux premiers rejetons ne sont pas à la hauteur de leurs sœurs normandes à venir, des pouliches élevées en Normandie chez les Wertheimer, Royalmania et Queen’s Jewel. Ces dernières ont une petite sœur, la yearling, Frame of Mind, née d’Invincible Spirit. Leur mère restera vide ensuite de Galileo et cette année, elle est partie au Japon et est pleine de Deep Impact.
 
Notes :
 
  • Tupacireta est l’entité argentine, depuis 1976, du très fortuné brésilien Julio Rafael de Aragao Bozano (né à Porto-Alègre en 1936), d’autre part fondateur en 1966 d’un haras à San Isidro, Santa Maria de Araras.
     
  • Arindel Farm est l’entité d’Alan et Karen Cohen qui ont acheté 500 acres à Ocala (Floride) en 2004 pour y fonder un haras. Par ailleurs, Alan Cohen est l’ancien propriétaire de l’équipe de hockey sur glace, les Florida Panthers.
     
  • Royalmania a effectué des débuts victorieux à 2 ans à Deauville, laissant Amour à Papa derrière elle. En octobre, elle termine au pied du podium du Prix Marcel Boussac, l’édition de sa collègue de couleurs, Indonésienne. A 3 ans, malgré une victoire dans le Prix Finlande, elle déçoit un peu son entourage. Après une 3e place dans le Prix Psyché fin juillet à Deauville, elle est contrariée par quelques petits ennuis de santé et ne réapparait qu’en avril de cette année avec trois podiums de Listed en autant de sorties, à l’heure actuelle.


Sonus, le père de la grand-mère de Queen's Jewel, est un fils anglais de Sadler's Wells, fut un des meilleurs stayers en Europe avant de partir faire la monte en Amérique du Sud.

 
Safari Girl, la grand-mère, une gagnante des 1000 Guinées, fille de l’anglais Sonus
 
La grand-mère de Queen’s Jewel, Safari Girl, est issue de la première production en Argentine de son père Sonus (Sadler’s Wells), un anglais bien connu en Europe pour avoir remporté la Goodwood Cup, s’être classé second du St Leger 1992 (d’User Friendly) et avoir pris la 3ème place de la Gold Cup (d’Arcadian Heights et Vintage Crop), du Prix du Cadran (d’Assessor) et du Prix Royal-Oak (de Raintrap).
 
Safari Girl a enlevé les 1000 Guinées locales (Polla de Potrancas) (Gr.1 à San Isidro) pour les couleurs de Julio Bozano et l’entrainement de Carlos Etchechoury.
 
 
Sally Girl, la 3ème mère, une gagnante du Prix de Diane et sœur de Candy Gift.
 
La 3ème mère, Sally Girl, est une fille de Fain (vainqueur de trois Gr.1, il est élu Horse of The Year après son succès dans le GP Carlos Pellegrini), un fils de Dancing Moss (second de l’Irish St Leger 1967 puis rapidement exporté en Argentine) lui-même fils de Ballymoss.
 
Sally Girl, élevée par Julio Bozano en son haras Santa Maria de Araras, s’est imposée dans deux Gr.1, le Gran Premio Seleccion de Potrancas (le Prix de Diane argentin) et dans le Gran Premio Criadores, entrainée par Domingo Pascual.
 
La 4e mère, Sly Sarah, est née aux USA d’On The Sly, un fils de Roi Dagobert (exportéoutre-atlantique en 1969, après ses victoires dans les Prix Lupin, Greffulhe et Noailles) et de Trick Chick, future mère d’une certaine Northern Trick (Prix de Diane et Vermeille 1984, seconde de Sagace dans le Prix de l’Arc de Triomphe pour les couleurs Niarchos). Sly Sarah qui n’a pas couru, a rejoint le haras dès l’âge de 2 ans, saillie par Cannonade. Après la naissance de son premier produit, elle prendra la direction de l’Argentine après son achat à Keeneland par Julio Bozano pour  $ 17.000. Au haras Santa Maria de Araras, elle donnera naissance, 15 ans plus tard, à un certain Candy Gift bien connu en France où il a porté les couleurs de Mme Magalen Bryant, entrainé par Tony Clout.
 
 
Frizette, la matrone du 20e siècle, était passée par les réclamers...
 
 
Son aïeule Frizette, une réclamer qui sera élue matrone du 20ème siècle
 
 
La célèbre famille américaine Whitney est à l’origine de cette formidable famille maternelle (comme elle l’a été pour les aïeux de Northern Dancer). En 1903, William-Colins Whitney achète en Angleterre une jeune poulinière, fille du champion St Simon, nommée Ondulee, qui avait terminé non placée lors de sa seule sortie.
 
Pourquoi s’enticher d’une telle pouliche très quelconque sur la piste me direz-vous ? Simplement parce que sa mère était une fille du Derby-winner Bend Or et que sa grand-mère, Shotover (Hermit), propriété d’Hugh Lupus Grosvenor, 1er Duc de Westminster, avait réalisé l’exploit de s’imposer dans les 2000 Guinées et le Derby d’Epsom face aux mâles après avoir été la dauphine de St Marguerite (propriété de l’époux d’une certaine Duchesse de Montrose, la chaude du cul – voir article sur Legatissimo) dans les 1000 Guinées.
 
Ondulee est expédiée outre-atlantique (tout d’abord à La Belle Stud dans le Kentucky puis à Brooklyn Farm dans le New Jersey) et Whitney la présente à Hamburg (un étalon maison stationné dans le Kentucky qu’il avait acheté trois ans plus tôt, $ 60.000, une fortune). Il n’aura pas le temps d’admirer le résultat de cette union, puisque W.C. Whitney décède en février 1904.
 
En octobre de la même année au Madison Square Garden, ses héritiers vendent aux enchères l’effectif (devant une assistance record, plus de 10.000 personnes pour une vente historique jamais organisée en Amérique ni même dans le monde) dont fait partie cette Ondulee, pleine de Hamburg. C’est un certain gros financier anglo-américain, James Robert Keene (rival de la famille Whitney non seulement sur le Turf mais aussi dans les affaires) qui remporte les enchères pour $ 14.000.
 
Naîtra au printemps suivant à Castleton Stud, la pouliche nommée Frizette. Elle entre à l’effectif de son entraineur particulier, James Gordon Rowe Sr, en compagnie de deux fils de son étalon, le crack Commando, âgés eux aussi de 2 ans dont Colin (futur vainqueur des Belmont S.).
 
Frizette n’a pas le même talent et la même classe que ses contemporains et c’est ainsi qu’elle est contrainte de courir les réclamer. A la fin de son année de 2 ans, James Keene la laisse partir pour $ 2.000, réclamée par Jere A. Wernberg (un brillant avocat de Brooklyn). A 3 ans, elle va remporter 8 de ses 27 sorties, la plupart dans des courses à réclamer. En septembre 1908, elle termine dernière des Seabreeze Stakes à Gravesend, l’un des hippodromes de New-York City (dans Brooklyn) et rejoint, après sa réclamation, les effectifs d’Herman Barkulo Duryea.
 
 
Herman B Duryea.jpg
Herman Duryea , l'homme qui a acheté Frizette à réclamer. Suite à la fermeture d'hippodromes aux Etats-Unis au début du 20e siècle, il a fait venir tous ses chevaux en France.
 
 
Herman B. Duryea, qui a débuté l’élevage, il y a très peu de temps en 1902, devient rapidement l’un des grands propriétaires aux USA (tête de liste aux USA en 1904). Il a fait fortune dans l’élevage de bovins, d’ovins, de porcins et même de coqs de combat dans le Tennessee. Avec Harry Payne Whitney (fils de William-Colins) pour $ 17.500, il achète Irish Lad qui va leur gagner les Brooklyn H. et les Metropolitan H. sous les couleurs de l’entité Westbury Stables.
 
Cependant, deux ans plus tard (1908) lorsque de nombreux Etats interdisent les jeux de paris, il déplace son élevage au Haras du Gazon (près de Fresnay le Buffard), qu’il vient d’acheter à Maurice Ephrussi qui, quant à lui, a déménagé à Fresnay le Buffard, un haras qu’il avait créé en 1903.
 
 
 
 
Note :
 
  • En raison de la fermeture de certains hippodromes américains suite à la loi interdisant les jeux de paris, quelques milliardaires américains débarquent en Angleterre et en France tels que August Belmont, la famille Whitney, Joseph Widener, Franck-Jay Gould ou Clarence-Hungerford Mackay (vendeur à un jeune éleveur, Marcel Boussac, d’une jument, Ballantrae qui deviendra la grand-mère de Djebel et l’aïeule de Seabiscuit)....Quant à William-Kissam Vanderbilt (le fondateur du Quesnay), il était arrivé quelques années plus tôt.

     


Durbar, le 2e français lauréat du Derby d'Epsom après Gladiateur, s'est imposé dans le classique anglais en 1914. Il est né au Haras du Gazon où sa mère avait été importé des Etats-Unis.

 
L’aïeule de Queen’s Jewel est née au Haras du Gazon pour l’américain Herman Duryea.
 
Dans «ses bagages» Herman Duryea emmène, non seulement son entraineur Thomas Murphy mais aussi Irish Lad, qui débutera sa nouvelle carrière d’étalon en France, et plusieurs juments dont :
  • Frizette, Mintberia (mère de Meissonier, Prix Noailles 1921), Census (mère de Shannon, Prix de la Salamandre et Prix Ganay)
  • Zuna (mère de Zenoia, Prix Robert Papin 1921), Content (grand-mère de Pellsie, Prix de Diane 1922 et de Clavières, Grand Critérium 1923)
  • Artless (à l’origine de multiples black-types) et surtout certaines juments de la famille Whitney comme Armenia (mère en France de Blarney, Prix La Forêt 1912 et de Durbar, Derby St. 1914)
  • Ravello (une anglaise, mère en France de Sweeper, 2000 Guinées 1912 pour les couleurs Duryea)
  • Tanya (gagnante des Belmont S. 1905 devant les mâles)
  • Mediant (Steward’s Cup 1909 et grande-tante de Djebel) fait partie de la vingtaine des juments qui avaient pris pension chaque année au Haras du Gazon.
 
Mais en janvier 1916, Herman décède et sa veuve (Ellen Homer Winchester-Weld, avec qui il n’a pas d’enfant) vend annuellement ses yearlings. Vingt-quatre prendront la direction des ventes de Saratoga en 1917 et seize l’année suivante. En 1920, elle vend Pellsie à Xénophon Balli qui va lui gagner le Prix de Diane.
 
Note :
 
  • En 1917, la vente de sélection des yearlings à Saratoga est une première pour la Fasig-Tipton, une société créée en 1898 par William B. Fasig (décédé en 1903) associé à Edward A. Tipton. L’année suivante, c’est à ces mêmes ventes qu’est vendu un certain yearling nommé Man O’War.
 
Marcel Boussac, avec un grand chapeau et une grande épouse, une cantatrice belge, qui a aussi un chapeau ainsi qu'un mari riche.
 
La descendance de Banshee : les débuts d’un jeune éleveur, Marcel Boussac.
 
Au printemps 1909, Frizette va rencontrer son premier prince charmant qui ne pouvait être qu’Irish Lad. Le résultat ne se fait pas attendre puisque Banshee, son premier produit, va s’imposer, sous l’entrainement de Thomas (Tom) Murphy (compatriote de son patron) dans la Poule d’Essai des Pouliches 1913 avant de prendre la troisième place du Prix de Diane de Moia. A l’issue de sa carrière de courses, Banshee rejoint sa mère au Haras du Gazon où elle sera saillie quatre fois par un étalon-maison, Durbar (issu d’une mère de l’élevage Whitney, Armenia), vainqueur du Derby d’Epsom 1914. Le premier vainqueur français depuis Gladiateur restera en France jusqu'au décès de sa propriétaire puis rejoindra Claiborne Farm. De ces unions naîtront entre autres, Durban (1918) et Heldifann (1921) pour la veuve d’Herman Duryea.
 
 
Petite-fille de Frizette par Durbar, Durban sera une championne en course avant donner naissance à Tourbillon
 
 
Puis rentre en scène en 1919, un jeune propriétaire-éleveur (orange toque grise) de 30 ans, un certain Marcel Boussac. Il ne fait que quelques emplettes à Deauville (seulement 12 yearlings entre 1919 et 1925 dont Zariba, future mère de Corrida et Astérus). Pas étonnant, puisque la majorité de ses achats proviennent de l’élevage de Mme Duryea. Il va s’enticher de la production née au Haras du Gazon quatre années consécutives. Il achète même, dès la première année (1919), la totalité des yearlings élevés par Ellen Duryea.
 
 
Durban deviendra, à son tour, une matrone pour l’élevage Boussac à Fresnay le Buffard. Après ses victoires dans le Grand Critérium et le Prix Vermeille, sa seconde place du Prix La Forêt (de Durzetta, sa tante) elle met au monde Banstar, Diademe (d’où Caravelle, Prix de Diane et Poule d’Essai) et surtout Tourbillon (Ksar) qui deviendra un éminent reproducteur après sa victoire dans le Prix du Jockey Club.
 
 
Tourbillon, fils de Ksar et Durban, gagne le Prix du Jockey-Club pour Marcel Boussac puis devient un chef de race.
 
 
Trois ans plus tard, Heldifann fait partie de l’effectif Boussac. Elle s’impose à 2 ans dans le Prix du Petit-Couvert et dans le Prix des Côteaux (futur Prix d’Arenberg) pour les couleurs de Mlle Fanny Heldy (dentée blanc et rouge toque rouge), une cantatrice belge, future épouse de Marcel Boussac. Elle est également la seconde dauphine du Prix de la Salamandre.
Au haras, elle fera, elle aussi les beaux jours de l’élevage Boussac avec sa fille Djezima (1933 Asterus) et sa petite-fille Tourzima (1939 Tourbillon). C’est la superbe famille de Priam, Djeddah, Corejada, Macip, Apollonia, Albanilla (d’où Darshaan.....), Licata (d’où Acamas pour Marcel Boussac)...etc.
 
Outre Durban et Heldifann (les filles de Banshee), il s’intéresse à la descendance féminine de Frizette : les trois propres sœurs par Durbar, Lespedeza, Durzetta (Prix Morny, La Forêt.....d’où Djelfa-Poule d’Essai des Pouliches 1951) et Frizelle (née en 1922, une inédite qui est à l’origine de deux gagnants de Jockey Club, Cillas et Auriban) et une fille de Sweeper, Ondulation (qui une fois revendue deviendra l’aïeule d’une certaine Dahlia).
 
Notes:
 
  • Heldifann est la mère de Coronis, une fille de Tourbillon. C’est l’exemple type d’une consanguinité incestueuse (2x1). Son père est un petit-fils de Banshee  et sa mère est une fille de Banshee.

  • Vu la réussite de Marcel Boussac avec la production du Haras du Gazon, il n’est pas étonnant qu’il achètera, en 1923, le haras voisin, Fresnay le Buffard alors que Mme Duryea se sépare du Haras du Gazon en 1926.
     
  • Marcel Boussac revend Lespedeza à Newmarket lors des ventes d’élevage 1930 à Dick Thompson pour l’éleveur américain, le Colonel Edward Riley Bradley. Lors des ces mêmes ventes, Marcel vend au même «buyer» une certaine La Troienne.....une autre matrone du XXème siècle. 
  • Quand la guerre éclate en France, le couple Duryea rentre au pays en octobre 1914 sur le Lusitania (le paquebot transatlantique anglais coulé en mai 1915 par les allemands) en partance de Liverpool. Malgré l’exode, les juments restent en pension au Haras du Gazon. 
  • Après le décès d’Herman, Tom Murphy reste en France et va entrainer à Chantilly les effectifs français de l’américain, Abraham-Kinsley Macomber (le futur repreneur du Quesnay) et d’un autre américain, Ralph-Beaver Strassburger. Murphy rentrera au pays en 1928, l’année suivant le décès d’Ellen Duryea. Il sera en charge pendant 3 ans, à Greentree Stables, des effectifs Whitney.
 
Mr Prospector, avec une jeune fan à l'époque.
 
 
Frizeur, fille de Frizette, l’aïeule française de Queen’s Jewel mais aussi de Seattle Slew et Mr Prospector.
 
Parmi la production française 1916 vendue à Saratoga, se trouve, une fille de Frizette, nommée, Frizeur (par l’étalon-maison Sweeper) vendue $ 2.600. Elle restera aux States et deviendra l’aïeule de la gagnante du Prix Saint-Alary 2015, Queen’s Jewel.
 
Frizeur devient donc la propriété de John Madden (connu pour être l’éleveur de 182 stakes-winners dont 5 vainqueurs du Kentucky-Derby) qui va s’en séparer au profit de Brownell Combs de Belair Farm dans le Kentucky.
 
Dix ans plus tard, ce dernier touche le gros lot après avoir fait saillir Frizeur par Blue Larkspur. Il en résulte la naissance en 1932 une exceptionnelle sprinteuse et plus tard une matrone, Myrtlewood, dont la production est recherchée de par le monde : black-types à tous les étages, ses filles, Miss Dogwood (Kentucky Oaks puis 3e mère de Mr Prospector), Durazna (élue meilleure 2 ans de sa génération puis à l’origine de Siberian Express, Leading Counsel...et beaucoup plus tard de Queen’s Jewel), Spring Beauty (d’où Silent Beauty, Kentucky Oaks). De sa première fille, Crepe Myrtle, naîtront par My Charmer, les trois frères, Seattle Slew, Lomond, Seattle Dancer...j’en passe et des meilleurs...


Notes :

  • Une partie des terres (592 acres) de Belair Farm (Fayette County) sera, en 1982, acheté par Khaled Abdullah. Le haras sera renommé Juddmonte Farm et s’étend aujourd’hui sur 2.508 acres.
  • En 1924, Frizeur avait donné naissance à Black Curl (Friar Rock) qui deviendra la grand-mère de Jet Pilot (Kentucky Derby 1947)
  • Frizette est également la mère de Princess Palatine, née en Normandie en 1919 et qui rejoindra les Etats-Unis. Au haras, elle aussi n’a pas à rougir de sa production : citons pêle-mêle, Chingacgook, Baldric, Vagrancy, Black Tarquin, Ferdinand, Gold And Ivory, Gregorian...
 
Frizette est morte en 1929 à 24 ans après être restée vide pendant 2 ans à Fresnay le Buffard pour le compte de Marcel Boussac.

Voir aussi...