L'histoire de DNA Pedigree: Flying Fox, un gros chèque en blanc

08/09/2020 - Grand Destin
Éleveur de renom ayant d'ailleurs un prix à son nom de nos jours, Edmond Blanc fut celui qui signa le bon d'achat de Flying Fox lors de la vente de dispersion du Duc de Westminster en 1900. Bien que tout le monde l'ait pris pour un fou, le choix de ce fils d'Orme et Vampire lui porta raison, Flying Fox devenant le père de plusieurs gagnants de Gr.1 comme Ajax et Gouvernant. Découvrez son histoire grâce à Thierry Grandsir !

Flying Fox (1896-1911), par Orme et Vampire (Galopin)

 

En tout début de saison, le programme français offre aux bons milers d’âge la possibilité d’effectuer leur rentrée dans le Prix Edmond Blanc (Gr.3), course créée en l’honneur d’un éleveur de grand renom. Énumérer ses hauts faits d’arme occuperait bien plus que les quelques lignes consacrées à cette petite histoire, de la création de l’hippodrome de Saint-Cloud à ce qui fut sans doute l’un de ses actes majeurs : l’importation du Champion anglais Flying Fox, objet de notre focus du jour.

 

 

 

 

Nous sommes le 7 mars 1900, à la vente de dispersion de feu le Duc de Westminster, disparu deux mois plus tôt. Son élève Flying Fox entre sur le ring pour être adjugé 37.500 Guinées, nouvelle enchère record pour un cheval à une vente publique. Edmond Blanc signe ce bon d’achat équivalant à un million de Francs-or de l’époque, hors taxes, et déclare : « Je sais très bien que l’on dit de moi que je suis fou. Moi, je crois que j’ai fait une bonne affaire. A ce prix-là, le cheval n’est pas cher ! ».

 

Qui était Flying Fox (= le renard volant) ? Tout simplement le Champion incontesté de sa génération en Angleterre. Triple vainqueur en cinq sorties à 2 ans dont les New Stakes (Gr.3) en débutant et les Criterion Stakes (Gr.3) en fin de saison, il ne connut plus jamais la défaite, remportant ses six sorties publiques à 3 ans, en 1899.

 

Entraîné par John Porter, Flying Fox remporta facilement les 2000 Guineas St. (Gr.1) avant de s’adjuger le Derby (Gr.1). Avec un peu de chance à vrai dire, car il semblait dominé par le français Holocauste lorsque celui-ci, victime d’une piste très ferme, fut victime d’un accident fatal avant de franchir le poteau…

 

De nouveau vainqueur dans les Prince of Wales’s Stakes, Flying Fox s’aligna ensuite au départ des Eclipse St. (Gr.1). Le Duc de Westminster avait promis de reverser ses gains en cas de victoire au Royal Alexandra Hospital qui, aujourd’hui encore, arbore une girouette en forme de renard sur sa frondaison !

 

Flying Fox s’adjugera encore le St Leger (Gr.1) par trois longueurs puis les Jockey Club St. (Gr.2) à Newmarket, en fin de saison. Mais ce cheval de grande taille aussi doué que puissant devenait de plus en plus difficile à entraîner, et John Porter refusa de le conserver dans son écurie. Ou le réveil du mauvais caractère dont il avait hérité de sa mère, la bien nommée Vampire.

 

 

 


Vampire (f. 1889 par Galopin), la terrible mère de Flying Fox…

 

 

Fille de Galopin, un Chef de Race vecteur de classe et de tempérament, la double gagnante Vampire avait été achetée 1000 Guinées par le Duc de Westminster en raison de ses origines. Lorsque celle-ci arriva à Eaton Stud, il se hâta d’aller l’accueillir dans son box pour recevoir, en guise de gratitude, une sévère ruade. Le Duc hésita longuement à s’en séparer…

 

Vampire, lorsqu’elle fut suitée de son premier foal, fut transportée dans un haras voisin pour être saillie par Sheen. Prise d’un accès de colère, elle tua son foal et blessa grièvement son lad… Il fut donc décidé de ne plus la sortir de Eaton Stud et de la présenter à Orme, alors le seul étalon disponible sur place. Un croisement générant un inbreeding en 3x2 sur Galopin qui faisait frémir d’effroi le Duc de Westminster, mais qui donna le jour à Flying Fox.

 

Orme, par le Champion Ormonde et une propre sœur du Chef de Race St Simon, avait été un performer de grande classe, aussi précoce que durable. Il avait ainsi remporté 14 de ses 18 sorties mais aucun classique, ayant été victime d’un empoisonnement juste avant de courir les 2000 Guineas Stakes, acte malveillant dont il avait récupéré par miracle…

 

Installé au Haras de Jardy, Flying Fox entama la monte en l’an 1900 et donna très vite raison à Edmond Blanc en concevant d’emblée l’excellent Ajax, invaincu en 5 sorties dont le Prix du Jockey Club (Gr.1) et le Grand Prix de Paris (Gr.1), mais aussi Gouvernant, quadruple vainqueur au plus haut niveau dont la Poule d’Essai des Poulains (Gr.1). De quoi motiver la visite du roi Edouard VII en personne, en 1905 à Jardy !

 

Etalon tête de liste des pères de gagnants en France et responsable des classiques Dagor (Prix du Jockey Club), Flying Star (Prix de Diane), Madree, Sais et Val d’Or, Flying Fox a marqué l’élevage international par ses fils comme par ses filles avant de disparaître à l’âge de 15 ans. La seule évocation du nom du Chef de Race Teddy, fils de Ajax, suffit à mettre en lumière l’impact exceptionnel de sa génétique !

 

Pas si fou, Edmond Blanc aura largement rentabilisé son investissement avec la vente des étalons Adam (aux USA), Jardy et Val d’Or (en Argentine), en sus des nombreuses victoires classiques de ses élèves. Aujourd’hui, Flying Fox réside en la sympathique bourgade de Saumur, où son squelette est exposé aux visiteurs du musée du château. Admirez-le et flattez-le comme il se doit, et soyez assurés que quelques gouttes de son précieux sang circulent dans les veines de votre galopeur !

 

 

 

 

 

 

 

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