Histoire de DNA : Beeswing, la Dame du Lac

28/07/2020 - Grand Destin
Née en Ecosse, dans le village d'où provient la légende de la Dame du Lac et qui fut renommé plus tard en son honneur, Beeswing a tellement marqué les courses anglaises du 19e siècle qu'une danse fut créée à sa gloire après son succès dans Gold Cup d'Ascot, l'un des 51 succès de sa carrière !


BEESWING (f. b. 1833), par DoctorSyntax et Beeswing’s Dam (Ardrossan)

 

Le comté du Kirkudbrightshire, au sud de l’Ecosse, abrite le petit village rural de Lochend, baptisé ainsi en raison de sa proximité du Loch Arthur. C’est d’ailleurs en cette localité que serait née la Légende arthurienne de La Dame du Lac, associée à l’histoirede l’épée Excalibur, de l’enchanteur Merlin et de Sir Launcelot. Vous ne connaissez pas ce village ? Rien de plus normal, car il fut rebaptisé Beeswing au XIXe siècle pour rendre hommage à la jument du même nom, assurément l’une des plus grandes Légendes du turf Britannique !!!

 

 
Cette anecdote souligne clairement l’immense popularité dont fut l’objet Beeswing, née en 1833 à Nunnykirk Hall Stud dans le Nord de l’Angleterre. Une pouliche de taille réduite ettrès légère d’os, son éleveur William Orde Jr ne voyant pas l’intérêt de nourrir ses foals (!?!), mais dotée d’une élégance, d’un courage et d’une classe hors du commun.
 
Beeswing était également très solide, héritage de son père Doctor Syntax, un petit cheval non dénué de caractère avec le regard d’un faucon qui avait couru durant dix saisons pour remporter 20 Gold Cup dont celles de Preston (7 fois), de Richmond (5 fois) et de Lancaster (5 fois également). Le tout sans un seul coup de cravache, accessoire qu’il détestait, obligeant ainsi son jockey Bob Johnson à le monter à la voix...
 
 
La mère de Beeswing ne fut pas nommée, d’où sa présence dans les pedigrees sous les appellations Beeswing’s dam (mère de Beeswing) ou Ardrossan mare (poulinière par Ardrossan), comme il était de coutume à l’époque. Accidentée lors de son unique sortie à 2 ans, elle se racheta au haras en produisant Emancipation (Whisker), placé du St Leger (Gr.1) puis étalon en GB et aux USA, et Tomboy (Jerry), un vainqueur de la Doncaster Cup (Gr.3).
 
Difficile au box et tappant constamment dans les murs, Beeswing se montrait beaucoup plus sage sous la selle bien que tirant double en début de carrière. Opérationnelle dès l’âge de 2 ans pour remporter les Champagne St. (aujourd’hui Gr.2) devant les mâles, elle courut au total à 63 reprises durant huit saisons pour remporter 51 victoires et 8 places de deuxième, sous les couleurs de son éleveur et l’entraînement de James Watson puis de Robert Bob Johnson, celui-là qui fut le jockey de son père.
 
 
 

Beeswing
 
 
Conter les multiples exploits de Beeswing occuperait de nombreuses pages, notamment pour décrire ses six envolées dans la Newcastle Cup ou son doublé dans les Craven Stakes. L’une des courses les plus anciennes (inaugurée en 1766) et les plus importantes de l’époque était la Doncaster Cup, une sorte de St Leger des chevaux d’âge que Beeswing remporta à quatre reprises et dans laquelle elle se plaça une fois deuxième (de Don John) et une fois troisième (de Charles the Twelfth et Lanercost). Un record que même le solide Double Trigger ne put égaler à la fin du siècle dernier (3 victoires en 1995, 1996 et 1998) !
 
 
BEESWING remporte l’Ascot Gold Cup (Gr.1) 1842 devant The Nob et St Francis
 
 
 
On citera enfin son triomphe dans l’Ascot Gold Cup (Gr.1) en 1842, qui fit vibrer toute l’Angleterre et qui inspira la création d’une danse, The Beeswing, composée en son honneur par James Hill of Tyneside...
 
Fortement linebred sur Eclipse et sur Herod, la belle Beeswing entra au haras à dix ans pour produire huit foals dont quatre gagnants de Stakes, tous les quatre conçus par Touchstone, un double vainqueur de la Doncaster Cup qu’elle avait battu à deux reprises durant sa carrière.Une union magique qui incita d’ailleurs à exhumer quelques os de la jument pour les placer dans la tombe du seigneur Touchstone !
 
 
 
 
The British Stud :SIR HERCULES (à gauche) fait la cour à BEESWING

 
Le croisement entre Touchstone et Beeswing avait engendré Nunnykirk, gagnant des 2000 Guineas St. (Gr.1) et deuxième du St Leger (Gr.1 – de The FlyingDutchman) avant de produire le lauréat du Prix du Jockey Club (Gr.1) Potocki,mais aussi Honeysuckle, lauréate des Park Hill St. (Gr.2) et troisième des 1000 Guineas St. (Gr.1) et surtout Newminster, vainqueur du St Leger (Gr.1) et étalon classique, tête de liste des pères de gagnants en GB à deux reprises !
 
Newminster a exercé une grande influence sur la race pure en produisant le gagnant de Derby (Gr.1) Hermit, Un Chef de Race à l’orée d’une lignée mâle resplandissante et toujours vivace de nos jours via les branches établies par Hyperion et Surumu !
 
Beeswing fut tout autant pérennisée par ses filles Bonnie Bee et Honeysuckle, et la liste des gagnants de Gr.1 descendant en droite ligne de ces deux matrones est trop longue pour figurer ici. Les noms de Cockney Rebel, Earthlight, Editor’s Note, Fuissé, Fusaichi Pegasus, Golden Fleece, Hennessy, Jaipur, John Henry, Le Havre, Perth, Orb, Orfèvre, Polar Falcon, Ruffian, Sassafras, Sweep, Storm Cat et Uncle Mo suffisent à honorer une descendance classique à l’extrême.
 
Courageuse en diable et se bonifiant avec l’âge, Beeswingavait devancé de nombreux performers de premier plan durant sa carrière de courses. Une dame de fer à l’instar de Enable, Trève, Goldikova, Miesque ou encore Triptych, autant de Championnes dont l’assiduité et la régularité permirent ou permettent encore d’étalonner entre elles de nombreuses générations classiques. Evidemment, quelques gouttes du sang de Beeswing coulent, quelque part, dans les veines de ces inoubliables Championnes !
 
 
 

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