Fairplay : un fainéant devenu une légende du cross palois

12/01/2022 - Grand Destin
Fairplay (Grand Trésor) a marqué l’histoire de Pau et du cross en général, en devenant le premier cheval à enlever à quatre reprises le Grand Cross (L), en 2002, 2004, 2005 et 2006. Il s’était aussi classé deux fois deuxième en 2001 et 2003, et une fois quatrième en 2000. L’ancien pensionnaire d’Éric Leray, élevé par la famille Robert et Bernard Fusellier, a d’ailleurs été l’un des premiers sauteurs à bénéficier d’un fan-club, ce qui était extraordinaire à l’époque.

Fairplay sur les passages de route 
 

Né et élevé dans les prés de Pierre Oliver Robert à Bécon- les-Granits dans le Maine et Loire et co élevé par André Noel Robert ainsi que Bernard Fuselier, l’histoire du fils de Grand Trésor débute en Mai 1993 où il voit le jour dans les prés de la campagne angevine. Fairplay possédait des origines modestes car sa mère Mimi Pontet (Le Pontet) avait couru seulement 3 fois en province sans parvenir à figurer à l’arrivée, sa grand-mère Diamine II et son arrière-grand-mère La Malvoisine n’ont quant à elles jamais eu la chance de voir un hippodrome. Notons tout de même que Fairplay provient de la bonne souche de Georges Thibault, éleveur reconnu dans les années 1960 élevant à Chazé sur Argos dans le Maine et Loire. Au sein de cette souche nous retrouvons Atalante II, arrière arrière grand mère de Fairplay
 

La souche de Fairplay, un grand merci à Alain Peltier qui nous fournit ses archives.
 
Article sur la famille Thibault écrit par François de la Sayette, paru dans l'Epéron 1965
 
 
Pierre Oliver Robert éleveur de Fairplay à Becon-les Granits
 
Lors de sa naissance et avant d’arriver à l’entraînement, Fairplay n’était donc pas prédestiné à avoir une grande carrière de course. Il est tout de même envoyé chez Éric Leray qui l’achète et en partage la propriété avec ses éleveurs restés dans l’aventure.
 
Eric Leray entraineur et propriétaire de Fairplay © Photo APRH.

Rapidement, le metteur au point pense que son cheval n’aura pas la chance de voir un jour un champ de course car le cheval « dormait debout ».  Ayant débuté modestement en Novembre 1997 en plat sur l’hippodrome de Questembert, il est essayé  en steeple. Après deux tentatives infructueuses sur les hippodromes d’Argentan et Loudéac, Fairplay signe la première victoire de sa carrière sur le steeple à Pontchâteau dans un terrain très lourd. Il était confié pour l’occasion au jeune Anthony Blais, alors méconnu du grand public.

 

Anthony Blais, fidèle partenaire de Fairplay.Photo APRH.

 
Semblant limité et manquant de vitesse en steeple, son entraîneur décide rapidement de le présenter en cross car Fairplay se révélait particulièrement efficace dans ses sauts et avait du fond. C’est un véritable coup de poker tenté dans la discipline la plus spectaculaire de l’obstacle. Il s’avère payant car Fairplay débute sur le cross de Pau lors du meeting d’hiver 1999 où il prend ses marques sur l’impressionnant cross palois et prend deux plaisantes 5e place au mois de Janvier.

 

Les fameux passage de route de l'hippodrome du Pont-Long, si cher à Fairplay. Photo APRH

 

Fairplay revient ensuite sur le cross de Pau lord du meeting d’hiver 1999- 2000 et prend deux bonnes 2eplaces en Décembre 1999. Le partenaire d’Anthony Blais signe sa première victoire sur le cross de Pau dans le Prix Hubert de Navailles, préparatoire au Grand Cross 2000. Dans cette épreuve il fait grosse impression s’imposant de 20 longueurs.  Montrant qu’il est adepte de Pau, Éric Leray garde désormais son pensionnaire exclusivement pour le célèbre meeting d’hiver béarnais. Le cheval devient un véritable spécialiste de l’hippodrome de Pau et enchaîne les succès. Il y totalisera 8 des 12 succès de sa carrière.

 

En 2001 Fairplay est de nouveau présent à Pau où il s’impose pour sa rentrée avant de prendre la 2e place du Prix Gaston de Bataille derrière Corval (Pot d’or) qui s’impose pour Gilles Chaignon. Lors du Meeting 2002, Fairplay fait sa rentrée dans le Prix Mortimer de Lassence, ultime préparatoire au Grand Cross, et triomphe enfin dans le Prix Gaston de Bataille. Après cette consécration dans le Grand cross 2002, Fairplay se classe 2e de l’édition 2003 et remportera les éditions 2004,2005 et 2006. Fairplay aurait dû prendre sa retraite en 2005 mais galvanisé par la victoire et la forme du cheval l’entourage décide de continuer une année de plus.
 
 
 Jean Arthuis,célèbre personnalité politique mayennaise était venu en personne monter Fairplay lors de sa préparation
 
En 2006, lors de la préparation du cheval dans la quête de son 4e grand cross, Jean Arthuis, célèbre personnalité politique mayennaise, était venu en personne monté Fairplay. Cette année-là, les conditions climatiques avaient été rudes, compliquant bien évidemment l’entraînement des pensionnaires d’Eric Leray. Le 5 février 2006 , jour du grand cross, la pression étant forte sur les épaules du propriétaire, entraineur de Fairplay et celles d’Anthony Blais son jockey. Alors lorsque Fairplay rallie le poteau en vainqueur à l’issue des 6200 mètres et des 31 difficultés du parcours, c’est le summum de l’émotion pour Éric Leray et le club de supporters. A propos de cette dernière victoire du cheval à l’âge de 13 ans, Eric Leray confessera « qu’il s’agit là du meilleur souvenir de sa carrière en tant qu’entraîneur ».

 
Les prés de Bécon-les-Granits où Fairplay a coulé un paisible retraite, devenant souffleur.
 
Le champion Fairplay sortira donc par la grande porte à l’issue de cette dernière sortie. Il peut maintenant se consacrer à une retraite bien méritée. Fairplay a marqué Pau de son empreinte, ayant mêmê une course à son nom,il a été adulé par les passionnés de cross du Sud-Ouest, admiré pour son aisance sans pareil sur les obstacles, et ce notamment les fameux passages de route qu’il franchissait allégrement et avec élégance. De plus Fairplay a gagné jusqu’à 13 ans, ce qui témoigne d’une exceptionnelle longévité qui renforce l’admiration. A l’issue de sa carrière de course, l’élève de Pierre Oliver Robert et ses associés a coulé une paisible retraite chez son éleveur. Le Roi de Pau n’a cependant pas cessé toute activité, officiant comme souffleur auprès des juments, et pour l’anecdote, il n’aimait pas les juments... alezanes.
 
 
Le crack Fairplay a coulé des jours heureux dans les prés de son éleveur et la douce campagne angevine. 
 
Fairplay s’est éteint dans les prés de son éleveur au printemps 2012. A l’arrivée de 7 Grand-Cross de Pau, le pensionnaire d’Éric Leray restera gravé dans la mémoire de tous les passionnés de France et de Navarre. Lors du prochain cross sur l’hippodrome palois, Le Prix John Henry Wrigh-Trophée National du Cross Haras du Lion, de très bons chevaux seront au départ. Y verra-t-on le futur Fairplay, et futur gagnant du Grand Cross de Pau ? Réponse dimanche en direct sur France-Sire.  

 
 

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