Virtus, ou quand Berkshire commence à faire parler de lui très peu de temps après sa mort

09/11/2022 - Actualités
Double vainqueur de Groupes ayant débuté sa carrière d'étalon dans le Sud-Ouest en 2018, au Haras de Gelos, avant de la poursuivre en Irlande, où il a rencontré plus de 600 prétendantes, Berkshire s'en est malheureusement allé peu de temps avant que Virtus, un produit élevé par Gilles Lorenzi issu de sa première génération, ne vienne lui offrir une première victoire en tant qu'étalon hier, à Lyon-La Soie.

Virtus, ici au naturel avec son éleveur, Gilles Lorenzi, restera comme le tout premier vainqueur du défunt Berkshire (© Facebook Gilles Lorenzi)

 

Dans la vie, il y a toutes sortes de gens. Ceux à qui tout sourit. Qui réussissent du premier coup. Dans tous les domaines. Mais il y en a d'autres aussi, sans doute en plus grand nombre, à qui le succès et la notoriété mettent un peu plus de temps à venir frapper à la porte. Parfois jamais. Parfois bien des années après leur mort. Comme pour les peintres Paul Gauguin et Vincent Van Gogh par exemple. Car aussi célèbres soient-ils de nos jours, ces derniers n'ont jamais pu profiter de leur gloire de leur vivant. Un comble quand on sait que l'ensemble des oeuvres du dernier nommé sont aujourd'hui estimées entre 200.000€ et 78.000.000€ l'unité. Hors supplément soupe et sauce tomate qui plus est.

 

Le regretté Berkshire, lors de sa victoire dans les Chesham Stakes de Royal Ascot, en 2013 (© Twitter Newsells Park Stud)

 

Une "tendance" que l'on retrouve d'ailleurs très bien chez les chevaux, plus particulièrement les étalons. En effet, combien sont-ils à avoir passé l'arme à gauche alors que leur production commençait à s'illustrer, et bien s'illustrer ? Le champion Fame And Glory par exemple, disparu durant l'hiver de ses 11 ans, et pourtant actuel leader des étalons d'obstacle outre-Manche. Le phénomène Scatt Daddy, à l'origine d'un impressionnant contingent de champions (No Nay Never, Justify, Lady Aurelia, Caravaggio, Mendelssohn, So Perfect, etc.), qui aurait sans doute pu être beaucoup plus grand s'il ne s'était pas lui aussi éteint à 11 ans. Jeremy et Vision d'Etat en obstacle, Benevolo de Paban chez les Anglo-Arabes... La liste est encore longue. Très/trop longue. Et sera peut être encore élargie, dans un futur plus ou moins proche, avec le nom de Berkshire.

 

Berkshire, à Kercah House Stud, lors de l'édition 2021 de l'Irish Stallion Trail

 

Double vainqueur de Groupes (Royal Lodge Stakes, Gr.2 et Darley Stakes, Gr.3) et de Listed (Chesham Stakes et August Stakes, ndlr) pour l'entraînement de Paul Cole, fils de Kinnaird, gagnante du Prix de l'Opéra (Gr.1) en 2005, Berkshire a débuté sa carrière d'étalon en France, au Haras de Gelos, en 2018, où il est resté une saison, avant de la poursuivre en Irlande, à Kedrah House Stud, dans le comté de Tipperary, qui lui valut d'avoir la visite de quelques 600 juments (!) au cours de ces trois dernières saisons. Ce mardi 08 novembre 2022 était d'ailleurs à marquer d'une pierre blanche pour lui, Virtus, issu de sa première génération, et entraîné par Yoann Bonnefoy, étant parvenu à lui offrir une première victoire dans ce registre puisque sorti vainqueur du Prix de la Cote, sur la fibrée de Lyon-La Soie, avec le jeune Alexis Pouchin sur son dos. Seulement voilà, peu de temps avant ce succès, Berkshire avait déjà poussé son dernier soupir, n'ayant malheureusement pas survécu à une opération après avoir contracté des colliques... Ironie du sort ou destin cruel, à vous de choisir !

 

 

Outre Berkshire côté paternel, Virtus est le deuxième produit de la quintuple lauréate en plat Valentina Yes. Une nièce de la bonne Vertana (Prix Panacée, L.), apparentée à la même souche du même sang que les non moins doués Vespone (Grand Prix de Paris, Gr.1 et Prix Jean Prat, Gr.1; étalon) et autre La Sylphide (Prix Pénélope, Gr.3), qui a permis au Dr. Gilles Lorenzi, actuel Président de l'Association des Propriétaires de Chevaux de Courses au Galop du Sud-Ouest, de rapidement se distinguer en tant qu'éleveur. Très rapidement. Il nous explique: "Valentina Yes m'a apporté beaucoup de joie en tant que propriétaire. C'est elle qui a porté mes couleurs pour la toute première fois et les avaient étrennnées de la meilleure manière possible: en passant le poteau en tête. Ensuite, son premier produit par Whipper, Vamanara, m'avait offert ma première victoire en tant qu'éleveur fin 2020, alors qu'elle était mon tout premier partant dans ce registre. Voir maintenant son petit frère gagner lui aussi, ce n'est que du bonheur. J'espère qu'il en sera de même avec ses deux autres par Mr. Owen, la 2 ans, Val d'Aoste, étant actuellement à l'entraînement chez François Rohaut, du côté de Pau". 

 

Virtus, alors foals, dans les prés du Haras du Luy, chez Thierry Poychicot © Facebook Gilles Lorenzi)

 

Éleveur sans sol, travaillant de concert avec le Haras du Luy de Thierry Poychicot, dans les Pyrénées-Atlantiques, Gilles Lorenzi se souvient: "Après la naissance de Vamanara, j'ai voulu emmener ma Valentina à Berkshire, du temps où il faisait encore la monte au Haras de Gelos. C'était un étalon qui me plaisait énormément, tant par son modèle que ses performances en course ainsi que par son pedigree. Cela a donc donné Virtus qui, depuis tout petit, ressemble énormément à son père. D'ailleurs, les animateurs de Kedrah House Stud (Magette & Thomas P. Meagher, ndlr), où est arrivé Berkshire ensuite, avaient voulu me l'acheter. Après avoir été débourré/pré-entraîné à l'Écurie des Sens, chez Laura Lanine, Virtus a rejoint l'effectif de Didier Guillemin. Mais il s'est blessé aux deux antérieurs peu avant de débuter en course... Après une bonne période de repos, j'ai proposé à mon ami Philippe Nador, installé sur le centre d'entraînement de Chazey-sur-Ain, de le reprendre. Ses deux premières sorties, à l'issue desquelles il avait terminé quatrième puis cinquième, ont d'ailleurs eu lieu pour sa casaque ainsi que son entraînement. Il est depuis passé entre les mains de Yoann Bonnefoy, toujours à Chazey-sur-Ain, la personne montant les chevaux chez Philippe Nador le matin s'étant malheureusement accidentée".

 

Moment complice entre Virtus et son éleveur, Gilles Lorenzi, du temps où ce premier était weanling (© Facebook Gilles Lorenzi)

 

En plus de Virtus, Gilles Lorenzi est également associé dans l'élevage (avec l'Écurie d'Ossau et le Haras des Sablonnets, ndlr) et la propriété (avec Jean-Pierre Totain et Patrick Pailhes, ndlr) de Val d'Ossau, une pouliche qui "devrait rejoindre d'ici peu l'effectif d'Arnaud Chaillé-Chaillé, à Royan" et résulte elle aussi de Berkshire. Un étalon dont le nom n'a certainement pas fini de résonner dans les semaines, mois et années à venir, eu égard à la production qu'il a engendré. Qu'importe le côté de la Manche ainsi que la discipline. Et ce même s'il ne sera pas là pour le voir.

 

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