Clin d'oeil en Anjou : quand l'inondation est une bénédiction pour l'élevage

13/03/2024 - Découvertes
Alors qu'elles figurent au sommet des nouvelles catastrophes climatiques qui sévissent du nord au sud de la France, les inondations représentent une bénédiction naturelle pour une région particulière de l'Anjou, les Basses Vallées du Loir où les chevaux côtoient des miliers d'oiseaux migrateurs. Découvrez cette particularité spectaculaire depuis les airs.

Partout en France, l'eau qui déborde est présentée comme une malédiction. Sauf que l'eau ne fait que reprendre ses droits sur une population qui s'est installée sur des sols artificialisés, provoquant donc des sécheresses extrêmes alternant avec des inondations géantes et parfois mortelles. Mais comme par hasard, tout se passe mieux quand on respecte la nature plutôt que de chercher à la contrôler en la détruisant. Ainsi, depuis la nuit des temps, la région des Basses Vallées du Loir, au nord-est d'Angers, voient plus de 9000 hectares entièrement se recouvrir de l'eau qui débordent sur des volumes gigantesques (près de 400 millions de m3) depuis l'afflux de trois rivières. En effet, Le Loir, la Sarthe et la Mayenne se rejoignent ici pour former la Maine, la rivière la plus courte de France (12 kms) qui traverse la ville d'Angers avant de se jeter dans la Loire, le seul fleuve sauvage d'Europe, qui lui même connait d'importantes submersions.

 

 

L'inondation, dite la grande eau, survient tous les hivers, parfois sur plusieurs mètres de hauteur, et exceptionnellement en longueur cette année, sur plus de 4 mois depuis début novembre. Mais à part les bouteilles de vins qui se mettent à flotter dans les caves submergées et quelques rez-de-chaussée qui baignent, il n'y a jamais eu ni morts ni disparus ici, car l'eau monte et descend doucement, au fameux rythme de la douceur angevine.

 

 

De fait, cette inondation est une bénédiction pour la terre. Comme chacun sait, les meilleures réserves d'eau ne sont pas les bassines mais la terre elle-même, capable d'emmaganiser de l'humidité pour tout le reste de l'année quand on lui en laisse le temps. C'est le paradis protégé des oiseaux migrateurs... et des chevaux de courses. De nombreux éleveurs font en effet profiter à leurs chevaux de l'enrichissement limoneux naturel de ces prairies par ailleurs de nature sableuse et donc saines pour les pieds fragiles de nos chers compétiteurs.

 

 

310 espèces florales sont recencées ici, sur une des plus vastes zones humides naturelles d'Europe, bénéficiant depuis 20 ans du Label Natura 2000 tout comme la Baie du Mont-Saint-Michel, les Haut Plateau du Vercors et la Camargue. Les Basses Vallées du Loir ont également obtenu la reconnaissance en tant que « zone humide d'importance internationale » site RAMSAR, une convention internationale qui protège les zones humides. 100% des ces plus de 9000 hectares sont uniquement consacrés aux prairies, engagées en MAEC (Mesures AgroEnvironnementales et Climatiques). Une bonne partie des prés ne sont même qu'uniquement fauchés en été pour faire du foin, avec des fauches tardives sous l'égide de la LPO (Ligue de Protection des oiseaux.

En quelque sorte, c'est la Vallée du Nil en Anjou !

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