134e Grand Prix de Pau : Ajas, le rayon de soleil de David Cottin

24/01/2021 - Actualités
Vivant un meeting de Pau 2020-2021 des plus compliqués avec plusieurs chevaux ayant été testés positifs à la rhinopneumonie équine, David Cottin a retrouvé le sourire ce dimanche grâce à la victoire d'Ajas dans le Grand Prix de Pau (Gr.3), dont le jeune trentenaire était tenant du titre depuis 2019, après l'avoir épinglé à trois autres reprises en tant que jockey. Retour sur un grand moment de sport et d'émotions ! 

Ajas et Kévin Nabet, vainqueurs de la 134ème édition du Grand Prix de Pau (Gr.3) (© Robert Polin)

 

À l'instar du ciel de ce dimanche sur l'hippodrome du Pont-Long, David Cottin vit un meeting d'hiver des plus gris au sein de la capitale du Béarn. En effet, malgré un exercice 2020 de toute beauté, avec près de 100 succès au compteur et une première victoire de Gr.1 acquise grâce à Paul's Saga dans la Grande Course de Haies d'Auteuil (Gr.1), l'ancien crack-jockey a vu un satané grain de sable venir enrayer la machine début décembre, qui parassait jusque là si bien huilée. Un grain de sable nommé "rhinopneumonie", dont les ravages chez les chevaux sont aussi dramatiques que ceux causés par la Covid-19 chez les humains, et qui a obligé le jeune trentenaire à prendre rapidement des mesures pour enlever le mal par la racine. Dépistage des chevaux, traitements, travail considérablement réduit, impossibilité de faire courir pendant plusieurs réunions,... Un calvaire pour celui qui ne raterait cette période de l'année pour rien au monde, tout d'abord en tant que jockey et aujourd'hui comme entraîneur, et qui en 2020 a été sacré tête de liste des metteurs au point du meeting d'hiver de Pau avec pas moins de 24 gagnants.

 

 

Mais après la pluie, le beau temps dit le proverbe. En effet, après avoir été soignés et être "négatifs" à d'autres tests, les chevaux de David Cottin ont pu reprendre le travail, de manière plus poussée au fil des jours, et ainsi reprendre le chemin de l'hippodrome du Pont-Long depuis le 04 janvier. Une éclaircie qui n'a eu de cesse de s'accroître au fil des jours, avec de nombreuses bonnes places décrochées et une première victoire en 2021 obtenue par l'entremise de l'élève maison Pourquoipas Robert, jusqu'à devenir un vrai ciel bleu ce dimanche 24 janvier, où l'excellent Ajas est parvenu à décrocher l'un des joyaux de l'hiver au Pont-Long, le Grand Prix de Pau (Gr.3), sous la selle de Kévin Nabet

 

Ajas dans le Grand Prix de Pau, une victoire faisant beaucoup de bien à David Cottin et toute son équipe ! (© Robert Polin) 

 

Rapidement placé dans le groupe de tête, menant la chasse derrière son compagnon d'entraînement, Caroubier (Kap Rock), le représentant d'Ulf Sjöberg est venu le déborder au dernier passage en face, en compagnie de Poly Grandchamp (Poliglote), avant de remettre un coup d'accélérateur à la sortie du tournant final, prenant de ce fait la poudre d'escampette pour finalement rallier le poteau d'arrivée seul en tête. Quatre longueurs plus loin, et après avoir tenté de suivre l'accélération du lauréat au début de la ligne droite, Eddy de Balme (Cachet Noir)  se comporte très bien pour terminer à la deuxième place, juste devant la valeureuse Deo Gratias (Saddler Maker), excellente finisseuse venue s'octroyer le second et dernier accessit parmi six autres chevaux ayant terminé dans un mouchoir de poche.

 

 

Fils de No Risk At All élevé par son propriétaire suédois, Ulf Sjöberg, Ajas a néanmoins grandi dans l'Hexagone, dans l'Orne, au Haras de Coulonces de la famille Sundström. Deuxième et dernier produit de Seraglio, une fille de Singspiel lauréate d'un bumper outre-Manche malheureusement décédée un an après la naissance d'Ajas, ce dernier a pour soeur une certaine Goddess Freja, lauréate d'un steeple à Pau sous la férule de Philippe Cottin, avant d'en remporter un autre à Moulins puis de briller sur les balais du Putois, à Compiègne, sous la férule du "fiston", David. Petit-fils de la bonne Dream Quest, deuxième du Prix Joubert (L.) à Longchamp, Ajas appartient à la même lignée que quelques très bons éléments de plat, comme Vision of Night, vainqueur entre autres des Prix Peitsche (Gr.2) et de Meautry (Gr.3) avant de devenir étalon, à l'instar de Baroon, qui a lui remporté l'Europa-championat (Gr.2) outre-Rhin en plus d'une deuxième place dans le Derby allemand (Gr.1) avant d'entrer au haras, sans oublier Struggler, gagnant du Prix de Saint-Georges (Gr.3) ainsi que My Top, qui a quant à lui inscrit son nom au Derby italien (Gr.1).

 

No Risk At All, le père d'Ajas, filmé par nos soins lors de la Route des Étalons 2.0 de cette année

 

Des chevaux durs en course et qui ont quasiment tous débuté en piste à l'âge de 2 ans, tout comme Ajas d'ailleurs, dont les premiers pas en plat sur un hippodrome se sont soldés par une correcte sixième place sur celui de la Malbrande, aux Sables d'Olonne, à l'automne 2016, pour le compte de Philippe Cottin. Rapidement dressé sur les obstacles, le représentant d'Ulf Sjöberg a très vite répété l'après-midi les dsipositions qu'il montrait le matin à l'entraînement, en remportant successivement à Auteuil les Prix Grandak et Go Ahead, offrant ainsi la première victoire à son père, No Risk At All, dans le temple de l'obstacle français. Troisième un peu plus tard dans son année de 3 ans du Prix Georges de Talhouët-Roy (Gr.3), toujours sur les haies, alors que David Cottin venait tout juste de s'installer entraîneur, Ajas a attendu de souffler sa quatrième bougie avant d'affronter pour la première fois les gros obstacles. Tout d'abord deuxième à Fontainebleau, ce dernier a ensuite brillé de mille feux sur ceux de la Butte Mortemart, remportant comme à la parade le Prix André Girard de plus de 15 longueurs ! 

 

Ajas à Auteuil, dans le Prix Grandak, alors sous la selle de son entraîneur actuel, David Cottin (© APRH)

 

Après trois autres sorties infructueuses sur les gros obstacles d'Auteuil, le bel Ajas s'en est allé rejoindre la patrie voisine de son propriétaire-éleveur suédois, Ulf Sjöberg, la Norvège, "le pays du Soleil de Minuit", où il s'est notamment imposé dans la Grande Course de Haies locale, sous la selle d'Alain de Chitray. Suite à ce périple en contrées nordiques, Ajas est revenu en France et a entamé l'année 2020 de la meilleure des manières, en s'imposant en steeple à Moulins, avant d'enchaîner par une deuxième place à Auteuil, dans le Grand-Steeple des Cavalières & Gentlemen (Prix Maréchal Foch, ndlr), puis par une autre victoire à la fin du mois de mai, sur les balais de Clairefontaine. Après un bon petit break, le fils de No Risk At All est revenu pleine peau en région parisienne à l'automne, offrant une première victoire dans le Temple de l'obstacle français - pour sa première sortie et en osbtacle, et à Auteuil ! - au jeune Thomas Journiac, dans le Prix Duc d'Albuquerque, avant d'échouer d'un rien pour la gloire face à Matfog, dans le Grand Steeple-Chase de Compiègne (Gr.2).

 

Ajas et Thomas Journiac, lors de leur victoire ensemble à Auteuil dans le Prix Duc d'Albuquerque cet automne (© APRH)

 

Un résultat concluant pour le premier essai sur une distance "marathon" (4.900 mètres) de cet excellent sauteur, aussi à l'aise en haies qu'en steeple, qui a ensuite pris la direction des Pyrénées pour participer à l'un des principaux temps forts du meeting du Pont-Long : le Grand Prix de Pau (Gr.3). Désinvolte vainqueur en tout début de meeting du Prix Comte de Saint-Cricq, en haies, face à son compagnon de boxes Zoffany Bay, Ajas n'a malheureusement pas échappé à la vague de rhinopneumonie équine ayant fortement touché l'écurie de David Cottin, et a donc dû être ralenti au travail. Mais grâce au sang-froid et au calme imperturbable de son mentor - dont il faisait déjà preuve à cheval - ainsi que de toute son équipe autour de lui, le protégé d'Ulf Sjöberg a été amené au top pour ce rendez-vous, qu'il a remporté de très brillante manière. Un succès qui permet à David Cottin de conserver son titre dans ce Grand Prix de Pau (Gr.3), qu'il détient depuis 2019 en tant qu'entraîneur grâce aux victoires successives de deux représentants de Magalen Bryant, Forthing et Laterana, après l'avoir emporté à trois reprises également en tant que jockey, en selle sur Berryville (2009), Rubi Ball (2012) et Kalmonto (2014).

 

Sous les masques, la joie de David Cottin et de son équipe suite à la victoire d'Ajas dans le Grand Prix de Pau (Gr.3) (© Twitter Hippodrome de Pau)

 

Souhaitons que ce gris épisode soit maintenant derrière toute l'écurie Cottin, et qu'elle termine par d'autres victoires son meeting d'hiver palois, avant de la retrouver plus verte et fraiche que jamais pour la réouverture d'Auteuil et les gros morceaux printaniers de la Butte Mortemart, avec  le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr.1) auquel Ajas pourrait prendre part au mois de mai... et tenter d'illuminer à nouveau le ciel de son entourage.

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