Prix de Royallieu : Sea La Rosa a des airs d'Urban Sea
En 1993, Urban Sea s'imposait dans l'Arc de Triomphe...
Il y a maintenant bientôt 30 ans qu'une minuscule alezane parée de la casaque Tsui allait changer le destin de l'élevage mondial en s'imposant dans le Prix de l'Arc de Triomphe à la surprise générale. Non pas que la nommée Urban Sea n'aurait pas été la poulinière extraordinaire que l'on connaît sans cette victoire, mais le succès dans le championnat du monde des pur-sang participe à la légende de cette matrone incomparable, mère de Galileo et Sea The Stars. Toute une dynastie descend d' Urban Sea, mais ces deux-là sont des cas à part. Deux champions devenus des étalons hors-normes. Sea The Stars avait lui-même imité sa mère dans l'Arc 2009, mais avec le statut d'immense favori, pour la même casaque de la famille Tsui.
29 ans après, sa petite fille Sea La Rose remporte le Royallieu sur la même piste, avec un gros air de ressemblance...(aprh)
On peut forcément y voir un signe lorsque Sea La Rosa s'est imposée cet après-midi dans le Prix de Royallieu (Gr.1), sur les "terres" de ses ancêtres. Elle aussi alezane, et taille miniature, elle a des airs d'Urban Sea, sa grand-mère, puisqu'elle est une fille de Sea The Stars. Elle défend elle aussi la casaque Tsui, qui n'avait plus gagné Gr.1 depuis une certaine Sea Of Class... une autre alezane assez fluette par Sea The Stars, 2e de l'Arc battue d'un souffle par Enable. Sea La Rosa a plus des airs d' Urban Sea que de Sea The Stars et Sea Of Class. Ces deux derniers avaient atteint leur apogée à 3 ans. Sea La Rosa, comme sa grande mamie, vient avec l'âge.
Sea La Rosa a couru sans gagner à 2 ans, terminant notamment 2e de Loving Dream... future gagnante du Royallieu 2021. Longtemps absente, la petite jument de William Haggas est revenue par une victoire en juin de ses 3 ans, montant peu à peu les paliers. Elle a gagné il y a un peu moins d'un an sa première Listed, de 5 longueurs. Cette victoire black-type aurait pu lui gagner un aller simple au Haras, mais l'entourage a l'esprit sportif, et sait ce qu'est une jument qui évolue avec l'âge... Bien leur en a pris, puisque Sea La Rosa avait déjà remporté 3 Groupes cette année dans le circuit des courses de femelles. Favorite aujourd'hui, elle s'est montrée dure comme fer sous la selle de Tom Marquand pour devancer Jannah Flower, une fille d'Olympic Glory entraînée par Pascal Bary, et Ottilien, une 3 ans de David Menuisier qui a des airs de Wonderful Tonight.
Sea La Rosa et Tom Marquand
Fille de Sea The Stars, parée de la casaque Tsui, Sea La Rosa n'est pourtant ni une élève maison ni le fruit d'un foal sharing. Elle avait été achetée 200 000 € par Nicolas de Watrigant (Mandore) à ARQANA en 2019, en provenance de l'écurie des Monceaux, qui la présentait pour Guy Heald. Banquier international d'origine anglaise, Guy Heald est fort bien connu en France depuis plusieurs années, ayant une dizaine de chevaux à l'entraînement chez Henri Alex Pantall. L'homme de Beaupréau entraînait d'ailleurs la mère Soho Rose, une fille d'Hernando qu'il était allé faire gagner une Listed en Allemagne... la spéciale ! Soho Rose est devenue une poulinière de talent, déjà à l'origine de 3 black-types dont Sea La Rosa et son propre frère Deauville Legend, double vainqueur de groupe sur la distance cette année. Il est engagé dans la Melbourne Cup dans un mois.
Guy Heald (tout à gauche), aux côtés de son élève Sea La Rosa
Ayant un Haras à Newmarket (Egerton Stud), et plusieurs juments en France chez Gwenael Monneraye et Lucie Lamotte (La Motteraye), Guy Heald entretient avec passion cette souche descendant de la première jument qu'il a achetée, Russian Rose, la grand-mère de Sea La Rosa. Acquise pour 5200 Gns yearling, cette modeste coursière s'est révélée une poulinière en or dans le registre de la distance. Guy Heald aime particulièrement ces chevaux qui durent, et qui peuvent aller loin. Il y a d'abord eu la gagnante de Groupe Hanami, puis Soho Rose et Dubai Rose. Cette dernière est devenue la mère de The Juliet Rose, double gagnante du Royallieu à l'époque où c'était encore un Gr.2. Une vraie histoire de famille... Soho Rose, la mère de Sea La Rosa, a une yearling de Golden Horn, un foal de Sea The Moon et y est retournée en 2022. Là encore, un choix porté sur le classicisme en gardant la lignée de Sea The Stars. Peut-être de quoi lui donner une nouvelle "copie conforme" d'Urban Sea... en espérant qu'elle soit aussi bonne !