Prix Ganay : Irésine, le cheval de ceux qui rêvent

01/05/2023 - Actualités
Vainqueur du Prix Ganay avec Marie Velon devant les casaques classiques du galop européen, Irésine met à l'honneur les "petits" qui rêvent et espèrent chaque jour, et redonne le sourire à son entraîneur Jean-Pierre Gauvin, lui aussi sous le coup d'un virus au sein de son écurie. 

Avec Irésine, Marie Vélon vit un rêve éveillé ! (aprh)

 

Premier Gr.1 de la saison en France, le Prix Ganay avait des allures d'un "Arc de Printemps", avec la présence de Vadeni (Jockey Club, 2e de l'Arc), Bay Bridge (Champion Stakes), ou encore de Simca Mille, qui venait de gagner le Prix d'Harcourt en préparatoire. Ce jour-là, le hongre Irésine terminait en trombe au 2e rang, et Marie Vélon déclarait en descendant à l'entourage : "On va gagner le Prix Ganay". Du rêve et de l'espérance à la réalité, il y a souvent un monde. Mais Irésine, depuis le début de sa carrière, est bien le cheval de ceux qui rêvent et espèrent tous les jours. Et aujourd'hui, leur rêve est devenu réalité quand leur champion aux 4 chaussettes blanches et à l'origine somme toute modeste a dominé les grosses casaques du galop européen dans un rush étourdissant dont il a le secret. 

 

 

La course est allée très vite, et Marie Vélon, tout en décontraction, s'est laissée amener sur un plateau jusqu'au 200 derniers mètres. D'ordinaire plus à son aise sur 2400m, voire plus puisqu'il a remporté l'an dernier le Prix Royal Oak face aux meilleurs stayers européens, Irésine a prouvé aujourd'hui qu'il avait la pointure des très grands. Il a des airs de Cirrus des Aigles, un hongre de légende qui a lui aussi une histoire hors des sentiers classiques, et qui était d'ailleurs le dernier hongre au palmarès du Ganay. Comme lui, Irésine va pouvoir voyager à travers la planète pour disputer les plus grandes épreuves, faute de pouvoir viser l'Arc. Il n'a certes plus ses attributs, mais rien à envier aux autres ! 

 

Irésine et son sympathique entourage, avec l'entraîneur Jean-Pierre Gauvin tout à droite 

 

Cette victoire a une saveur encore plus particulière pour Jean-Pierre Gauvin, dont l'écurie traverse un passage viral, comme c'est le cas malheureusement de beaucoup d'écurie françaises ce printemps. A l'image d'un Poly Grandchamp pour François Nicolle hier dans le Ingré, il faut toujours un crack pour se sortir d'une mauvaise passe. Travaillant dans l'ombre des entraîneurs classiques, installé à Saint-Cyr Les Vignes dans l'ancien établissement du légendaire René Bedel, Gauvin est devenu tête de liste incontestable dans le Centre-Est. Habitué à travailler avec des chevaux qui n'ont pas forcément des origines de premier plan, il doit la jouer finement et préfère la carte de la patience pour parfois révéler des champions. Ce fut le cas avec Saônois, le "cheval du boulanger", qui lui avait offert son plus grand triomphe jusqu'ici dans le Jockey Club avec un tout jeune Antoine Hamelin. Est venue ensuite une jument de fer comme Siljan's Saga, puis Irésine. 

 

 

En l'occurence, Irésine illustre à merveille cette méthode Gauvin, puisqu'il a été déniché à Deauville pour seulement 6000 €. Ce jour-là, beaucoup avait du être rebutés par ses grandes chaussettes blanches, et une origine solide, mais loin de l'éternel "vitesse-précocité" qu'on entend à tort et à travers, et souvent pour pas grand-chose. Irésine defend donc une association de copains de la région lyonnaise, dont Bertrand Millière, un fidèle des entraîneurs locaux, mais aussi Jean-Paul Gauvin, le frère de l'entraîneur que l'on connaît très bien au trot. Irésine, c'est aussi l'histoire de ses éleveurs Marie-Louise Van Dedem et Pierre Joyaux, des "petits" eux aussi, qui élèvent avec une poignée de chevaux en Normandie. Paysagiste de renom international, Pierre Joyaux avait déniché pour 22 000 € la mère Inanga, une fille de l'excellent Oasis Dream, et descendante de la championne classique Riverqueen

 

Rencontrés à Lyon, Pierre Joyaux et Marie-Louise Van Dedem nous avaient racontés l'histoire de leur champion

 

Grâce à la patience de son entourage et de Jean-Pierre Gauvin, Irésine a gravi gentiment les échelons, jusqu'à arriver au sommet l'automne dernier pour remporter son 1er Gr.1 dans le Royal Oak. Il offrait à cette occasion une consécration à sa jeune partenaire Marie Vélon, premier jockey de la maison Gauvin, qui n'a jamais quitté son cheval tout au long de son irrésistible ascension. Ensemble, ils ont gagné leur premier groupe, puis leur premier Gr.1, avant d'arriver aujourd'hui au sommet du galop européen. Un Ganay avec un tel plateau, cela a forcément une saveur encore plus enivrante. Tout ce beau monde a encore de belles histoires à vivre avec Irésine, un cheval pas comme les autres, et le cheval de ceux qui rêvent... éveillés ! 

 

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