Etreham sur tous les fronts : la grande interview de Nicolas de Chambure
Le Haras d'Etreham a toujours été un grand nom de l'élevage français, mais a pris une place encore plus importante ces dernières années sur la scène nationale et internationale. En effet, 4e génération de Chambure à la tête de la structure, Nicolas a su prendre des risques pour remettre à la pointe de l'actualité Etreham, bien aidé dans son entreprise par l'arrivée d'un certain Wootton Bassett. De la chance, il en faut certes, mais Nicolas de Chambure était peut être bien le seul à croire en ce fils d'Iffraaj à son entrée au Haras, et l'a soutenu comme il se devait. Aujourd'hui, tout Etreham, voire même tout l'élevage français en récolte les fruits.
Nicolas de Chambure aux Ventes ARQANA
Etreham avait certes eu d'excellents étalons, comme le célèbre Poliglote, mais Wootton Bassett les a fait passer dans une dimension bien plus internationale. Révélé comme améliorateur au fil des années, et d'emblée par l'élève et étalon maison Almanzor, Wootton s'est transformé physiquement tout en poursuivant ses résultats en piste. Son prix de saillie a grimpé, ce qui génère déjà du revenu, et encore plus à sa vente pour une somme autour de 50M € à Coolmore. Un étalon comme Wottoon Bassett a ainsi permis à Etreham d'investir, mais aussi comme le dit Nicolas de Chambure, " de gagner en crédibilité sur le marché". Les courses et l'élevage sont souvent un cercle vertueux...
Wootton Bassett, un ami qui a voulu du bien à tout Etreham pendant de nombreuses années
Le consignment d'Etreham aux ventes ARQANA s'en est ressenti. Il y a 2 ans déjà, l'équipe avait vendu 2,6M une fille de Dubawi, préparée pour le Haras Voltaire de Thierry Gillier. C'est encore une autre fierté que de vendre la fille de Dubawi et Frida La Blonde pour 2,4M € à la vente d'août 2023. Cette pouliche est née et a grandi au Haras pour Maurice Lagasse, comme ses frères Wooded et Bucanero Fuerte. Ces 2 produits de Wootton Bassett, et donc des "100% Etreham", sont lauréats de Gr.1. Bucanero Fuerte a lui réalisé un exploit historique en devenant le premier "né et élevé en France" à remporter les Phoenix Stakes (Gr.1), dans un contexte de vitesse et de précocité réservé jusqu'à encore très récemment aux Irlandais et Anglais.
Etreham n'a certes plus Wootton Bassett, mais a profité des retombées de ce dernier pour investir sur de jeunes étalons aux profils haut de gamme. City Light est d'abord arrivé pour permettre aux éleveurs d'accéder à un bon cheval de course empreint de vitesse, tout en restant accessible à 7000 € la saillie. Le pari est déjà en voie de réussite, puisqu'il aligne les victoires avec sa première fournée de 2 ans, et sort d'une V2 très réussie avec 2 yearlings vendus au dessus des 100 000 € et un prix moyen de 53 333 € sur l'ensemble de la vacation. Acheté en cours de carrière avec les néo-zélandais de Cambridge Stud (famille Lindsay), le champion sprinter Hello Youmzain a été fort bien accueilli aux ventes avec ses premiers yearlings. 19 de ses 20 produits de la Vente d'Août ont changé de main, pour une moyenne de prix de 128 789 €, et avec un top à 300 000 €. Persian King a lui moins fait d'étincelles aux ventes, mais a de grosses générations et conserve la confiance de son entourage. Comme le souligne Nicolas de Chambure : "le prix de vente des yearlings ne détermine pas la qualité en piste". L'histoire lui a déjà donné raison avec Wootton Bassett...
Hello Youmzain, très bien accueilli par les acheteurs européens avec ses premiers yearlings
Mais la montée en puissance récente d'Etreham se veut aussi complète, et en accord avec les réalités du marchés. Déjà bien armé avec Saint des Saints, Nicolas de Chambure a installé une antenne 100% obstacle à La Tuilerie sous la conduite de Camille et Guillaume Sarda. Avec l'aide de Franck Champion, ils ont sélectionné un certain Masked Marvel, une réussite, suivi par les jeunes Latrobe et Paradiso. Se développer à l'obstacle, ce n'est pas qu'un but commercial, puisqu'Etreham a aussi sponsorisé depuis quelques années les bonnes courses de femelles de 3 ans à Auteuil, dont le Bournosienne. Et enfin, Nicolas de Chambure et son équipe ont investi dans une structure pour le débourrage, le pré-entraînement, et le repos de leurs chevaux : le Haras du Bois.
Nicolas Le Roch (au centre), un nouvel homme de confiance et de talent pour Etreham, au Haras du Bois (aprh)
Cet établissement répondait déjà à une réalité de coût, mais aussi à une demande des entraîneurs d'Etreham et de leurs différents partenariats de pouvoir mettre les chevaux au repos dans de bonnes conditions. Faire le travail soi-même est une idée qui fonctionne, si tenté qu'on s'entoure bien. Nicolas de Chambure a eu le bonheur de tomber sur Nicolas Le Roch, un jeune professionnel de talent qui a pris en main la structure, et a rapidement vu en lui plus qu'un "homme de l'ombre". Il a ainsi passé sa licence d'entraîneur et pris sous son aile quelques élèves d'Etreham, qui n'avait peut être pas le profil pour aller frapper fort aux ventes, ou tout simplement que Nicolas de Chambure voulait garder à la maison. La première année de cette association se passe bien, avec notamment la black-type Shiffrin, qui est un cas typique de ce que la méthode peut apporter (avis très personnel !) : Cette fille d'Olympic Glory n'aurait sans doute pas eu une forte cote aux ventes, de par son père qui a perdu de son relief commercial. Toutefois, elle a réussi en piste et pris du black-type, ce qui a valorisé sa soeur par Belardo, qui s'est vendue 100 000 € hier à la V2. Bel exemple d'adaptation et de prise de risque... Une formule qui semble réussir à Etreham ces dernières années !
