Elizabeth II d'Angleterre : les adieux Ă la plus grande supportrice des courses
A 94 ans, la Reine Elizabeth II d'Angleterre était encore une cavalière émérite, preuve de sa grande passion pour la chose hippique
En 70 ans de règne à la tête de l'Angleterre, Elizabeth II a marqué une époque au niveau mondial, jusqu'à sa disparition hier à l'âge de 96 ans. Immédiatement, le pays s'est mis en deuil pour cette grande dame, saluée aux 4 coins du monde pour sa force de caractère, son aura si particulière, et la longévité de son règne qui est pour certains de ses concitoyens le souvenir entier d'une vie. Evidemment, la planète hippique réagit également en masse, puisqu' Elizabeth II était une fervente supportrice et surtout actrice des courses. Passionnée tout simplement, on dit d'elle que seulement 3 personnes avaient son numéro personnel et pouvait la joindre dessus : le premier Ministre, son médecin... et son racing manager John Warren ! C'est vous dire !
Elizabeth II à la tête d' Auréole, son premier champion, double gagnant de Gr.1 et 2e du Derby d'Epsom
Dès l'accession au statut de reine en 1952 suite au décès de son père George VI (d'où les fameuses King George VI Stakes), Elizabeth a repris la suite d'une aventure hippique déjà auréolée de succès. D'ailleurs, dès sa seconde année de règne, elle passe tout près d'une victoire dans le Derby d'Epsom avec Auréole, qui termine 2e de la course. A 4 ans, ce champion gagnera 2 Gr.1 : la Coronation Cup et les King George VI, avant de devenir un étalon à succès, père des champions St Paddy (Derby), Saint Crespin (Arc), ou encore des gagnants de St Leger Aurelius et Provoke.
Elizabeth II en visite au Haras du Quesnay
Le Derby d'Epsom reste d'ailleurs le seul classique anglais qui a échappé à sa grande reine. Elle y a été battu d'un rien en 2011 avec Carlton House, 3e et cogné tout à la fin par le français Pour Moi... trahison ! En 1957, Elizabeth II remporte son premier classique anglais dans les Oaks avec Carrozza, sous la selle de Lester Piggott. L'émotion était toutefois plus forte l'année suivante avec le succès de Pall Mall dans les Guinées, puisque celui-ci était un élève maison, qui allait ensuite enlever 2 éditions des Lockinge Stakes. En 1977, Dumferline a offert le doublé Oaks/ St Leger, ce dernier face aux mâles.
Elizabeth II et sa fameuse casaque, ici portée par la grande Highclere lors du Prix de Diane en 1974
2 chevaux ont plus que d'autres marqué l'épopée hippique de la Reine d'Angleterre. Il y a d'abord eu la championne Highclere, gagnante des 1000 Guinées, puis d'un mémorable Prix de Diane disputé devant sa propriétaire éleveuse, acclamée par une foule cantilienne toute acquise à sa cause, pour la venue d'une telle légende. Cette Highclere est devenue une matrone extraordinaire, dont la lignée trace jusqu'à un certain Deep Impact... Une autre branche familiale, bien plus fameuse, a fait la fortune de Hamdan Al Maktoum, lorsqu'il a acquis à grand frais auprès d' Elizabeth II la gagnante de groupe Height Of Fashion. Cette fille de Highclere est devenue la mère de Nashwan, Unfuwain et Nayef, mais aussi l'ancêtre de nombreux champions Shadwell, dont Baaeed, meilleur cheval mondial en 2022.
Avec Estimate, gagnante de la Gold Cup 2013 à Royal Ascot
Un autre moment marquant fut la victoire en 2013 de la Reine Elizabeth II dans la mythique Gold Cup d'Ascot, lors d'un meeting royal qu'elle ne manquait sous aucun prétexte. Cadeau du Prince Aga Khan, la jument Estimate, entraînée par Sir Michael Stoute et montée par Ryan Moore, s'impose au terme d'une lutte épique, sous la clameur pleine d'extase de la foule, qui peut acclamer à tout rompre la grande reine... C'était beau !
Grande éleveuse, passionnée de croisements et de généalogie, la Reine a même eu des étalons à son Royal Stud près de Sandringham, comme les têtes de liste Shirley Heights et Bustino. Elle n'hésitait pas à traverser ses frontières pour aller à d'autres étalons, la preuve en est avec l'un des ses derniers vainqueurs en date, qui est un 2 ans par Almanzor. La Reine nous a même envoyé un étalon, Recorder, qu'elle a fait naître, courir, puis soutenu au Haras à son arrivée en Normandie. De nombreux jockeys français se souviendront de leur émotion lorsqu' Elizabeth II les récompensait lors de grandes victoires en Angleterre, comme ce fut le cas pour Olivier Peslier, qui a aussi eu la chance de gagner de belles courses pour la casaque royale, notamment avec Dartmouth.
Olivier Peslier après une victoire royale en selle sur Dartmouth
Egalement cavalière jusqu'il y a peu encore, La Reine Elizabeth II d'Angleterre était un atout de choix, et une immense chance pour les courses anglaises et mêmes mondiales. Espérons que cet héritage hippique, au même titre que d'autres de ses accomplissements, soient préservés avec le plus grand soin afin que le monde n'oublie pas le souvenir d'Elizabeth II, un petit bout de dame qui en imposait, quel que soit l'exercice !.
