André et Elisabeth Fabre repartent en conquête de l'Angleterre à l'Australie

18/04/2025 - Grand Destin
Même si André Fabre n'a plus rien à prouver à l'approche de ses 80 ans, il continue pourtant de se mesurer à la concurrence internationale. Il a sellé Sajir (Make Believe) pour battre les spinters anglais sur leur terrain à Newmarket, quelques jours après qu'Arapaho (Lope De Vega), un élève de sa femme Elizabeth au Haras de Saint-Laurent, se soit imposé dans la Sydney Cup (Gr.1) en Australie.


André et Elisabeth Fabre (photo APRH)

 

Lauréat des Abernant Stakes (Gr.3) le 16 avril sur les 1200 m de Newmaket, Sajir est un fils de Make Believe qui fait la monte à Ballylinch Stud, après avoir enlevé la Poule d'Essai des Poulains déjà pour André Fabre. Toujours soutenu par le Prince Faisal d'Arabie Saoudite (Nawara Stud), il a donné à ce dernier un crack international, l'excellent Mishrif, vainqueur du Prix du Jockey Club (Gr.1), de la Saudi Cup (Gr.1) ou encore de la Dubai Sheema Classic (Gr.1), aujourd'hui installé étalon à Sumbe.

 

 

Sous la monte de Oisin Murphy, Sajir représente les mêmes couleurs de la famille régnante de ce pays du Golf Persique devenu un haut lieu de la nouvelle diplomatie mondiale. Sa mère, Simple Magic (Invincible Spirit), a été placée de Gr. 3 en Angleterre. Elle a pour propre sœur Festival, une gagnante du Sandringhal Handicap (L.) et pour propre frère un gagnant du Prix de Saint-Patrick (L.), Artic Gyr, parti poursuivre sa carrière à Hong Kong sous le nom d'Invincible Dragon.

 


Arapaho est quant à lui un fils de Lope de Vega, également stationné à Ballylinch Stud chez John O'Connor en Irlande, où il fait la monte au prix de 175 000 € la saillie. Tout comme Make Believe, Lope de Vega fut entrainé par André Fabre, pour qui il a accompli le doublé Poule d'Essai / Jocket-Club, avant de devenir l'un des étalons les plus convoités du monde.

Sa mère, Alzubra (Dansili) avait gagné le Prix Dahlia (L.) pour la casaque d'Elisabeth Fabre. Arapaho est ainsi un élève de l'Ecurie Peregrine, gérée par Elisabeth Fabre sous les couleurs de laquelle il avait fait ses débuts en compétition. Il avait bien entendu débuté pour l'entrainement d'André Fabre avant d'être vendu 140 000 € en 2021 à son propriétaire et entraineur actuel : Bjorn Baker. Bjorn Baker est le fils de Murray Baker, entraineur Néo-Zélandais inscrit au New Zealand Racing Hall Of Fame. Pharmacien de formation, c'est son père qui lui a transmis tout le savoir nécessaire pour diriger son écurie de près de 150 chevaux située à Warwick Farm.

 


Alzubra, la mère d'Arapaho, lauréate de Listed en 2015 sous la casaque d'Elisabeth Fabre, portée par un tout jeune Pierre-Charles Boudot.

 

Arapaho et Sajir sont toutefois loin d'être un simple coup d'essai à l'étranger pour André Fabre. En effet, ce dernier  est plus qu'un habitué des hippodromes anglais. Il faut tout de même rappeler qu'il est le seul entraineur français à avoir remporté le Derby d'Epsom (Gr.1) au cours des cinquante dernières années, la course britannique la plus emblématique, avec Pour Moi (Montjeu) en 2011 sous la selle de Mickaël Barzalona.

 

 

Pour mesurer la valeur de l'exploit, il faut rappeler qu'avant lui, la dernière victoire française dans le Derby d'Epsom remontait à l'entraineur Maurice Zilber avec Empery en 1976, associé à Lester Piggott, suivant lui-même Etienne Pollet avec Sea Bird en 1965 avec Pat Glennon. Parmi les autres victoires notables d'A. Fabre outre-manche, on peut noter ses victoires dans les 2000 Guinées (Gr.1) avec Zafonic (Gone West) et Pennekamp (Bering), dans les 1000 Guinées (Gr.1) avec Miss France (Dansili) ou encore dans les St. Leger Stakes avec Toulon (Top Ville). Ayant aussi remporté les Oaks avec Intrepidity en 1993, monté par Micheal Roberts, il est donc le seul entraineur français à avoir enlevé les 5 courses dites classiques dans la Perfide Albion.

 


Manduro avec Stéphane Pasquier lors de sa victoire dans les Prince of Wales's Stakes (Gr.1) à Royal Ascot.

 

Outre les classiques, le must de l'Angleterre, nation reconnue à juste titre comme la mère des courses mondiales, se situe pendant le meeting de Royal Ascot. André Fabre y a brillé à plusieurs reprises, et notamment en 2007 quand  Manduro (Monsun) remporte les Prince of Wales's Stakes (Gr.1) sur 2000 m après avoir échoué l'année précédente en terminant 3e. Cette fois-ci, Manduro écrase la concurrence et est même classé meilleur cheval du monde 2007 après sa victoire. André Fabre prend alors la décision de le préparer au Prix de l'Arc de Triomphe (Gr.1). Malheureusement blessé après sa victoire dans le Prix Foy (Gr.2) sur 2400 m, dernière préparatoire avant l'Arc, la décision est prise d'arrêter sa carrière de course. A sa mort en 2020, après 7 ans de carrière en tant qu'étalon et 19 gagnants de Gr.1, André Fabre déclarera "qu'il est le meilleur cheval qu'il ait entrainé". Rappelons qu'il fut parfaitement polyvalent, car aussi lauréat sur 1600 m du Prix Jacques le Marois !

 

 


Pour arriver au sommet, André Fabre a toujours pu compter sur le soutien quotidien de son épouse Elisabeth. Même si elle reste très discrète et que son nom n'apparaît pas au sujet de l'entrainement, elle reste une actrice très active du monde de l'élevage. Elle gère notamment le Haras de Saint Laurent en Normandie. Elisabeth Fabre a d'ailleurs élevé Zanzibari (Smart Strike), qui fait actuellement la monte au Haras des Sablonnets. Sa mère, Zinziberine avait remporté le Criterium de Maison-Lafitte (Gr.2) pour l'entrainement d'André Fabre avant de rentrer au haras sous la coupe d'Elisabeth. Après deux premiers produits décevants, elle avait ensuite donné naissance à quatre produits black type, dont Zanzibari. On peut également prendre l'exemple de Young Rascal (Intello), lui aussi élevé par Elisabeth Fabre qui a remporté quatre Grs 3 en Australie et en Angleterre. Avant d'acquérir Saint-Laurent en 2014 à Sées dans l'Orne, Elisabeth Fabre confiait ses poulinières à Jean-Luc Couétil au Haras du Brem dans la Manche, dont le frère Alain Couétil fut longtemps responsable pour l'écurie Fabre à Chantilly.


André et Élisabeth Fabre incarnent l’exemple parfait d’un rayonnement international fondé sur la rigueur et la qualité. Les récentes victoire d’Arapaho en Australie et de Sajir en Angleterre ne sont pas de simples éclats isolés : elles s’inscrivent dans une lignié de succès issus d’un travail méticuleux où l’entraînement et l’élevage ne font qu’un. Ce duo discret mais redoutablement efficace continue d’imposer le nom des Fabre sur les plus grands hippodromes du monde. De Chantilly à Royal Ascot, de Longchamp à Randwick, la marque Fabre demeure synonyme de prestige, d’élégance et d’exigence. Si André est l’ingénieur du succès sur les pistes, Élisabeth en est l’alchimiste en coulisses, élevant dans ses herbages normands les futurs champions de demain.

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