Oaks 2023 : Soul Sister et l'héritage du mystérieux Richard-Charles Strauss

02/06/2023 - Actualités
Battu d’un nez avec Emily Upjohn en 2022, Frankie Dettori a pris sa revanche cette année dans les Oaks d’Epsom (Gr.1), grâce à Soul Sister. Sa propriétaire/éleveuse Lady Bamford avait acquis sa mère Dream Peace, une jument issue de l’élevage de l’énigmatique américain Richard Strauss, pour 2.7 millions de Guinées.

 Frankie Dettori remporte ses dernières Oaks en selle sur Soul Sister ©Sporting Life


Quelques minutes après avoir remporté la Coronation Cup (Gr.1) avec Emily Upjohn (2e battue d’un nez dans les Oaks 2022), Frankie Dettori et John/Thady Gosden étaient de nouveau associés pour les Oaks 2023. En selle sur la 2e favorite de l’épreuve Soul Sister, l’italien va adopter la même tactique, à savoir la course d’attente. A la sortie du fameux Tattenham Corner, Soul Sister passe ses rivales tout en restant sur la main de son jockey. Une fois rendue au niveau de la favorite Savethelastdance, Dettori va demander le maximum à sa partenaire et ainsi remporter ses 7e et dernières Oaks. Ces derniers jours les bookmakers ont annoncé qu’un très gros volume d’enjeu avait été placé sur Frankie Dettori et son partenaire Arrest pour ce qui sera son dernier Derby. Au vu de la forme du duo Dettori/Gosden, cette tendance devrait encore s’accentuer.
 
 
 
 
 
Comme avec Emily Upjohn, les Gosden avaient choisi les Musidora Stakes (Gr.3) à York pour préparer les Oaks. Et comme son aînée, Soul Sister avait été impressionnante. John Gosden et Frankie sont des grands habitués des sacres dans les Classiques anglais et s'offrent un deuxième sacre à ce niveau, le deuxième dans les Oaks pour l’éleveuse/propriétaire, la milliardaire Lady Carole Bamford. En 2013, l’anglaise va signer un chèque de 2.7 millions de guinées à Tattersalls pour acquérir la jument Dream Peace. Entraînée par Robert Collet puis Chad Brown, cette fille de Dansili a remporté le Prix de la Nonette (Gr.2) et est montée à plusieurs reprises sur le podium au plus haut niveau aux USA. Présentée aux meilleurs étalons européens, Dream Peace va produire avec Frankel - en plus de Soul Sister – deux black types, Dreamflight (Prix Thomas Bryon Gr.3 pour André Fabre) et Herman Hesse (3e de Groupe en Australie). Avec Galileo, elle va donner Questionare (3e des Molony Stakes L.).
 
  Lady Bamford ©APRH
 
 
Un achat onéreux certes, mais qui semble pleinement justifié aujourd’hui. Lady Bamford mettait à l’époque la main sur une excellente jument, issue d’un des élevages les plus performants du monde, celui du mystérieux Richard-Charles Strauss. Américain d’origine allemande, ayant fait fortune dans l’immobilier, Strauss obtient ses agréments de propriétaire en France au milieu des années 80. Associé avec Jean-Pierre Binet son manager, et Robert Collet, Strauss va devenir l’un des propriétaires/éleveurs les plus importants du vieux-continent. Pour son premier partant, Strauss va voir sa célèbre casaque cerclée blanche et verte briller dans la Poule d’Essai des Poulains 1985, avec No Pass No Sale.
 
 
 Dream Peace, la mère de Soul Sister sous la casaque Strauss ©APRH
 
  
L’année suivante il remporte même la Breeders’ Cup Mile (Gr.1) avec Last Tycoon, sous la selle d’Yves Saint-Martin. Les succès de prestige s’enchainent, mais personne en Europe n’a jamais vu le visage de ce fameux Richard Strauss. Existe-t-il vraiment ? Officiellement Strauss était le propriétaire de Kilfrush Stud, un haras historique basé en Irlande de 150 hectares qui a vu grandir plus de 80 gagnants de Stakes, officieusement le haras appartient à une compagnie américaine dont le manager est Jean-Pierre Binet. Lauréate à 2 ans des Moyglare Stud Stakes (Gr.2) pour la casaque de Jean-Pierre Binet, Arctique Royale, est avec Mill Princess et Perle Marine, l’une des trois juments bases de l’élevage Strauss. Arctique Royale est la mère de Truly Special, la 3e mère de Soul Sister, qui est à l’origine des vainqueurs de Gr.1 Naval Crown, Cerulan Sky, Moonstone, Wellington et Colette. Au tournant des années 2010, la casaque Stauss disparait des programmes, Jean-Pierre Binet décédant fin 2012. Ainsi la totalité du cheptel fut passée aux enchères, et Kilfrush Stud fut racheté par un qatari. Malgré tout, l’héritage de l’énigmatique Richard Strauss continue d’influencer l’élevage et les courses européennes. 
 
 
 Jean-Pierre Binet en compagnie de Robert Collet ©APRH

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