Malchance et désamour d'été : Emily Upjohn fait tout oublier à Ascot
C'est l'histoire d'un amour d'été, mais dans le sens inverse... Au début de l'été 2022, à 51 ans, Frankie Dettori, le crack jockey qui semblait jusque là insensible au poids du temps qui passe, était annoncé comme "has been" par la presse anglaise, en conséquence d'un meeting de Royal Ascot catastrophique. Et John Gosden lui-même, son entraineur partenaire depuis 2015, avec qui il avait connu Enable, Golden Horn et tant d'autres stars, annonçait le fin de leur histoire commune. Le grand Gosden en avait marre d'une forme de son pilote devenu un peu trop "dilettante" à son goût et manquant de concentration. Mais Dettori est un extraterrestre doté d'un mental à toute épreuve qui fait justement de lui un champion hors norme, un peu à l'image de notre Christophe Soumillon national. Dettori a survécu à un crash d'avion, a surmonté des problèmes de drogue, une suspension de 6 mois, son éviction de chez Godolphin l'expérience malheureuse avec Al Shaqab, et est revenu plus fort que jamais en abordant la cinquantaine. Et une fois de plus, Dettori a signé un come back fracassant.
Le divorce estival avec Gosden n'a finalement été que de courte durée. Avant même la fin de l'été, les 2 hommes renouaient avec les grandes victoires communes, comme le Jacques le Marois de Deauville avec Inspiral. Mais là, Dettori n'avait absolument pas le droit de se rater avec Emily Upjohn dans le Gr.1 réservé aux femelles lors sa réunion des British Champions Series, sur la piste à l'origine du psychodrame. Il a monté Emily Upjohn à flanc du peloton, sans prendre aucun risque, puis est venu en pleine piste pour prendre tranquillement l'avantage et filer au poteau avec autant de quiétude que de puissance, en selle sur une pouliche dotée d'un physique très impressionnant. La française Sweet Lady, longtemps vue parmi les premières, a cédé dans la ligne droite, tant que Verry Ellegant, la championne néo-zélandaise dont l'élimination dans l'Arc a fait tant d'histoires, a subi son 4e échec de suite en Europe, sans jamais pouvoir faire illusion.
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Fille de Sea The Stars, Emily Upjohn n'a fait monter les enchères que jusqu'à 60.000 Gns yearling à Tattersalls Book 2, soit la moitié seulement du prix de saillie de son père. Ce dernier avait été choisi pour refaire le croisement qui avait si bien réussi avec son cousin Harzand (Derby d'Epsom, Derby d'Irlande). Mais à l'époque de la vente, son autre cousin Hurricane Lane n'était pas encore sorti. Et surtout, cette pouliche était le 6e produit d'une mère qui n'avait donné que 2 lauréats modestes.
Pourtant, Emily Upjohn est une championne, arrivée invaincue en 3e course et favorite au départ des Oaks d'Epsom qui ont tourné au drame. Dernière après avoir frôlé la chute au départ, Emily Upjohn a subi un parcours horrible, tournant "aux fraises" à Tattenham Corner, venant dans l'équivalent anglais du "couloir Jean-Pierre Viel" de Vincennes, et n'était battue que du plus court des nez par Tuesday à qui Ryan Moore avait donné un parcours de rêve... Horriblement frustrant, cet échec a forcément nourri le clash survenu 3 semaines plus tard.
John Gosden et Frankie Dettori.
Mais ses problèmes ne faisaient que commencer. Archi favorite d'une revanche prévisible dans les Oaks d'Irlande début juillet au Curragh, elle n'a pas pu se rendre sur l'hippodrome car son vol prévu dans un avion postal a été annulé à cause d'une collision avec des oiseaux... Aucun autre vol n'avait pu être trouvé le même jour, car les aéroports anglais, faisant face à un cruel manque de personnel post covid, souffrent d'un chaos organisationnel complet. De guerre lasse, elle a finalement participé aux King George, avec Dettori... mais elle a tiré double dès la sortie des stalles avant de finir dernière décollée dans la plaine. Désormais, avec un bonnet fermé sur les oreilles, tout est oublié : plus de désamour, plus de malchance, mais un Gr.1 à la clé. Y a que ça de vrai !
