Alec Head, un géant des courses nous a quittés

22/06/2022 - Actualités
Fils de William Head, Alec Head aura été dans un premier temps un entraîneur d’exception, lui qui était en même temps l’entraîneur principal pour Pierre Wertheimer et l’Aga Khan à seulement 28 ans. Vainqueur de 28 classiques européens et de 4 Arc de Triomphe, Alec va racheter le Haras du Quesnay en 1958, et en fera l’une des plus grandes entités d’élevage de France, sortant nombre de cracks, dont sa dernière merveille Trêve.

 Alec Head chez lui au Quesnay, avec son dernier joyau Trêve en photo ©Jean-Pierre Mauger

 
C’est un très grand monsieur des courses françaises qui nous a quittés en ce mercredi 22 juin. Agé de 97 ans, Alec Head s’est éteint ce jour. Issu d’une famille d’origine anglaise, Alec Head est le petit-fils de William Head Senior, un jockey anglais marié à Henrietta Jennings, la sœur de Tom Jennings l’entraîneur du fameux Gladiateur, lauréat du Derby d’Epsom. Le couple vivra en France à Compiègne et aura 3 enfants, dont William George Henry Head, le père d’Alec. Dans les années 20, ce dernier s’installe entraîneur à Maisons-Laffitte, et obtiendra plus de 1200 victoires en plat et 700 en obstacle. Né en 1924, Alec (Jacques-Alexandre étant son nom de naissance ndlr.) Head marchera dans les pas de son père, devenant jockey à l’âge de 16 ans, et il remportera notamment la Grande Course de Haies d’Auteuil pour son père en selle sur Vatelys en 1946.
 
 
 Alec Head en selle sur Vatelys à Auteuil ©APRH
 
 
Dès l’âge de 23 ans, des suites d’une lourde chute, de problèmes de poids et par désir de sa jeune épouse Ghislaine (née Van de Poële) de le voir faire un métier moins dangereux, Alec décide de s’installer entraîneur. Nous sommes donc en 1947 quand Alec s’installe au Mesnil-le-Roi dans la cour de son père William. Le succès ne se fait pas attendre, et ce dans les deux disciplines. En effet dès sa deuxième année en tant qu’entraîneur, il conclut au 7e rang du classement national en obstacle, et remporte son premier Groupe en plat avec Admiral John dans le Grand Prix du Printemps Gr.2 (devenu Prix Chaudenay). En 1950, après s’être installé à Maisons-Laffitte, Alec franchit encore une marche en s’emparant de son tout premier Gr.1, avec Sanguine à l’occasion du Prix Morny.
 
 
 
Alec Head, au coté du jeune Prince Karim Aga Khan alors âgé de 23 ans ©APRH
 
 
L’année 1951 marque un nouveau tournant dans sa carrière d’entraîneur, puisqu’il se voit confier les chevaux de Pierre Wertheimer, ainsi que ceux de Son Altesse Aga Khan III, puis ceux de son fils le Prince Aly Khan, puis son petit-fils Karim. C’est d’ailleurs pour la mythique casaque verte épaulettes rouges qu’Alec remporte le premier de ses 4 Prix de l’Arc de Triomphe avec Nuccio en 1952. Il n’a alors que 28 ans ! Lors de l’hiver 1954-55, Alec décide de quitter Maisons-Laffitte pour rejoindre Chantilly, laissant alors son écurie à son père William. Ces années marquent l’apogée d’Alec Head qui est tête de liste en plat en 1954 avec 88 succès, devant François Mathet, et dans le top 6 en obstacle. Au total, il se forgera un impressionnant palmarès, étant sacré 5 fois consécutives tête de liste des entraîneurs, et épinglant pas moins de 24 classiques européens, dont le Derby d’Epsom 1956 avec Lavandin.   
 
 
 Alec Head aux ventes avec Alain et Gérard Wertheimer ©APRH
 
 
En 1958, un an avant sa victoire dans le Prix de l’Arc de Triomphe avec Saint-Crespin, Alec décide d’acheter le Haras du Quesnay, non loin de Deauville. Ce lieu historique dont le château date de 1602, et transformé en haras en 1904 appartenait à un américain Abraham-Kingsley Macomber. Durant la guerre, le Quesnay avait été réquisitionné par les allemands qui avait transformé les boxes en prison et repeint tous les bâtiments en noir. C’est donc d’immenses travaux qui étaient nécessaires, mais pas de quoi décourager Alec. Quelques années après cet achat, Alec fait naître un premier champion : Le Fabuleux, qui pour l’entraînement de son père, remportera le Prix du Jockey Club. Depuis nombre de chevaux hors-normes ont vu le jour au haras, comme Ravinella, Bering, Detroit, Zelzal, For Fun et bien-sûr Trêve.   
 
 
  Sa majesté la Reine Elizabeth II en visite au Haras du Quesnay en 1987 ©APRH
 
 
La famille Head est une véritable dynastie qui a marqué les courses françaises depuis plus d’un siècle. Sa fille Criquette deviendra la femme-entraîneur la plus titrée en France, remportant nombre de Groupes 1, avec en selle son frère Freddy, six fois cravache d’or et entraîneur à succès par la suite. C’est d’ailleurs avec Criquette qu’Alec va vivre l’une de ses plus grandes joies. En 2011, une pouliche née des œuvres de l’étalon maison Motivator et de Trévise est présentée aux ventes de yearlings mais ne trouvera preneur. Son nom ?  Trêve. La suite, tout le monde la connaît... Cette pouliche deviendra l’une des plus grandes de l’histoire, remportant 6 Grs.1 dont deux Prix de l’Arc de Triomphe. 
 
C'est incontestablement un géant des courses et de l'élevage francais qui nous a quittés.Toute l'équipe de France Sire présente à toute sa famille ses plus sincères condéloances.
 
 
Thierry Jarnet et Alec Head posant avec Trêve ©APRH

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