La nuit magique de Bhupat Seemar à Meydan, avec le Frankel russe et un revenant américain

02/04/2024 - Actualités
Après avoir pris la succession de son oncle Satish suspendu pour ses liens étroits avec le dictateur tchétchène Kadyrov, Bhupat Seemar s’est imposé comme un entraîneur leader à Dubaï. Samedi lors de la plus belle réunion du Carnaval, cet indien d’origine a remporté la Golden Shaheen avec un ancien cheval russe, et la World Cup avec Laurel Rivel, une fusée entraînée auparavant par Bob Baffert.  

 Bhupat Seemar aura vécu une soirée exceptionnelle à Dubaï, sellant les vainqueurs du Golden Shaheen et de la World Cup


La réunion de la Dubaï World Cup est un évènement inscrit de longue date sur les calendriers des plus grands acteurs de la planète galop. Chaque saison lors du dernier week-end de mars, les meilleurs chevaux européens, américains, et asiatiques s’affrontent en terre émiratie pour tenter de remporter des épreuves aux allocations pharaoniques. Cette arrivée massive de visiteurs venus à Dubaï le temps d’un week-end aurait toutefois tendance à nous faire oublier le circuit local composé d’entraîneurs d’élite soutenus par des propriétaires richissimes.
 
 
 Bhupat Seemar dans sa splendide écurie non loin de Nad Al Sheba
 
 
Originaire d’Inde, Satish Seemar a su s’imposer durant 20 ans comme l’un des meilleurs entraîneurs de Dubaï, étant sacré six fois champion, et possédant le record de succès du pays. Cependant en fin d’année 2021, Satish Seemar voit ses agréments d’entraîneur lui être retirés par l’Emirates Racing Authority. La raison ? Ses liens très proches avec le dictateur tchétchène Ramzan Kadyrov, pour qui il a sellé de nombreux vainqueurs. Satish étant sur la touche, c’est son neveu Bhupat, son assistant depuis 20 ans qui a pris le relais. L’écurie Sheemar avait plusieurs bonnes cartouches dans les épreuves sur le dirt, lors de la grande réunion de la World Cup.
 
 
 
 
Comme Kabirkhan (relire ici l’article sur Kabirkhan, le héros du Kazakhstan), Tuz a été acquis lors du dernier jour de la vente de yearlings à Keeneland pour la modique somme de $12,000 par des propriétaires russes. Ultra dominateur sur les terres de Vladimir Poutine, le poulain remporte les trois épreuves auxquelles il prend part par un total de 50 longueurs, héritant ainsi du surnom de "Frankel russe". Ses propriétaires décident donc de l’envoyer à Dubaï et le confient à Bhupat Seemar. D’abord aligné sur le mile, cet américain de naissance passa un cap lorsqu’il fut raccourci sur 1200 mètres. Transparent fin février en Arabie Saoudite, Tuz a montré un tout autre visage samedi sur ses terres, pulvérisant l’opposition dans le Golden Shaheen, laissant son premier rival, le japonais Don Frankie à 6 longueurs.
 
 
 Surnommé le Frankel russe, Tuz a été impérial dans le Golden Shaheen
 
 
La soirée commençait bien pour Seemar et le jockey irlandais Tadgh O’Shea, qui abordaient en confiance la Dubaï World Cup. Avant le coup cette édition 2024 de la course aux 12 millions de dollars s’annonçait très ouverte avec la présence du kazakh Kabirkhan, du vainqueur de la Saudi Cup Senor Buscador, sans oublier les japonais et les américains. Elevé par Juddmonte USA, Laurel River a débuté sa carrière chez Bob Baffert. Facile vainqueur des Pat O’Brien Stakes (Gr.2), ce fils de l’incontournable Into Mischief avait été déclaré non partant de dernière minute dans la Breeders’ Cup Dirt Mile, avant de disparaitre des radars.
 
 
 
 
Après une longue période de convalescence, Laurel River fut confié à Bhupat Seemar, qui fut par le passé assistant chez Bob Baffert. Après 516 jours d’absence, le puissant cheval de 6 ans fit sa réapparition sur les 1200 mètres de Meydan fin janvier, sans briller. Un mois plus tard, Laurel River retrouva le mile et pulvérisa l’opposition dans le Burj Nahaar (Gr.3), ce qui lui ouvra les portes de la World Cup. Encore tout neuf, avec 9 courses au compteur à 6 ans, le cheval de feu le Prince Abdullah était aligné pour la première fois sur 2000 mètres. Malgré le rallongement de distance, Laurel River a été à la même vitesse que sur le mile. Après être rentré dans la dernière ligne droite avec une quinzaine de longueurs d’avance, il produisit une performance rappelant celle de Dubai Millenium il y a 24 ans, en l’emportant par 8 longueurs et demi !
 
 
   Le succès de Laurel River dans la World Cup rappelle l'envolée de Dubaï Millenium

Voir aussi...