L'histoire de DNA Pedigree: Istabraq, le meilleur O'Brien

30/09/2020 - Grand Destin
Ayant eu sous sa férule de nombreux cracks de la trempe de Galileo, Giant's Causeway ou encore Rock Of Gibraltar, Aidan O'Brien avoue pourtant spontanément qu'Istabraq demeure, à ce jour, le meilleur cheval qu'il ait jamais entraîné. Thierry Grandsir (DNA Pedigree) vous conte l'histoire de cet authentique champion, lauréat de 23 courses sur les haies dont quatorze Gr.1.

 

Istabraq (h. b. 1992), par Sadler’s Wells et Betty’s Secret (Secrétariat)

 

Lorsque la presse demande à l’entraîneur irlandais Aidan O’Brien ce qu’il pense du cheval avec lequel il vient de remporter la grande course du jour, ce qui lui arrive plus souvent qu’à son tour, sa réponse est invariable : « C’est le meilleur cheval que j’ai jamais entraîné ! ». Evidemment, le maître de Ballydoylle travaille pour un consortium dont le but est de produire des étalons, et leur valorisation commence par les déclarations enthousiastes de leur mentor dans l’enceinte des balances.

 

 

Mais si vous lui demandez, en a parte, quel est réellement le meilleur cheval qu’il ait jamais entraîné, il vous rétorquera tout aussi invariablement : « Istabraq ! ». Etrange pour un homme qui eut dans les mains des phénomènes du calibre de Galileo, mais c’est ainsi : le sauteur Istabraq venait clairement, pour lui, d’une autre planète…

A la base, Istabraq avait été élevé en vue d’une carrière classique en plat et, si possible, pour remporter le Derby. Rappelons que sa mère Betty’s Secret (Secrétariat), une jument inédite dont il sera d’ailleurs le dernier foal, avait engendré avant lui un certain Secreto, vainqueur du grand classique d’Epsom du plus court des nez à l’issue d’une lutte épique avec El Gran Senor en 1976. Secreto était un fils de Northern Dancer comme Sadler’s Wells, le géniteur de Istabraq

 

Betty's Secret avec, à ses pieds, le jeune foal Istabraq

 

Mais Istabraq n’était pas que le trois-quarts frère d’un gagnant de Derby : sa mère était une sœur utérine de Caracolero (Graustark), vainqueur du Prix du Jockey Club (Gr.1) en 1974, et sa deuxième mère avait pour frères utérins le lauréat du Kentucky Derby (Gr.1) Majectic Prince et le gagnant des Dewhurst St. (Gr.1) Crowned Prince. Une famille qui s’enrichira plus tard des noms de Real Quiet, Close Conflict, Smooth Roller, Nezwaah et Sioux Nations, autres vainqueurs au plus haut niveau.

Istabraq fut donc fort logiquement orienté sur le plat, sous la houlette de John Gosden qui le débuta en novembre de ses 2 ans dans un maiden sur 1400 m à Doncaster : grosse déconvenue à la clé, le cheval conclut au huitième rang, incapable d’accélérer dans la phase finale. Istabraq ne brisera sa qualité de maiden qu’en août de l’année suivante avant de s’adjuger un modeste handicap, le tout en onze sorties publiques en plat.

Son propriétaire, Sheikh Hamdan Al Maktoum, le céda pour 38.000 Gns durant l’été 1996 à John Durkan, ex bras droit de John Gosden, en vue de l’entraîner pour l’obstacle. Un projet qui nécessita une révision dans ses modalités, car John Durkan apprit peu après qu’il était atteint de leucémie (qui lui sera fatale un an plus tard) : il confia donc le cheval au jeune Aidan O’Brien, dans l’espoir de le récupérer en cas de guérison…

Mais Aidan O’Brien ne tergiversa pas et prit derechef la carrière de Istabraq en mains : moins d’une semaine après son arrivée officielle dans ses boxes, il débuta le cheval sur les haies de Punchestown (deuxième battu de peu), le fit castrer quatre jours plus tard puis, seulement onze jours après, l’aligna au départ du Royal Bond Novice Hurdle (Gr.1) à Fairyhouse pour glaner un succès ridicule de facilité. La première d’une série de vingt-trois victoires sur les haies, dont quatorze au plus haut niveau !

 

 

Et ce jusqu’en mars de ses 10 ans où, fort de trois succès dans le Champion Hurdle (Gr.1) à Cheltenham, Istabraq tenta la passe de quatre. Favori à 2/1, il fut arrêté après le deuxième obstacle par son fidèle partenaire Charlie Swan, qui sauta de sa selle devant des tribunes frappées d’un silence assourdissant. La foule se désintéressa totalement de la course et, spontanément, acclama le Champion à tout rompre !

 

 

A l’heure où nous écrivons ces lignes, Istabraq coule des jours heureux dans son Irlande natale. Il a 28 ans, en paraît à peine la moitié, et sera à tout jamais le cheval de cœur de Aidan O’Brien, et le nôtre !

 


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