Grand Prix de Paris : Soul Sister en quête de la rareté

12/07/2023 - Grand Destin
Supplémentée au départ du Grand Prix de Paris par la famille Gosden, Soul Sister tentera de devenir la 11e femelle au palmarès de la course. La lauréate des Oaks fait face à un écart colossal, puisque ce n'est plus arrivé depuis Bagheera en 1949, dans une course record à 26 partants ! Avec France Galop. 

Brillante lauréate des Oaks, Soul Sister relève le défi dans le Grand Prix de Paris face aux mâles, pour marquer l'histoire

 

Le parcours classique mondial est fait de telle manière que mâles et femelles ne sont pas censés se retrouver avant l'automne, et les grandes joutes face aux vieux chevaux. Pourtant, les pouliches ont bien le droit de concourir face aux mâles dans les grandes épreuves du calendrier des 3 ans, une rareté certes, mais quelques grands souvenirs, comme en 2008, où la grise Natagora avait fait illusion pour remporter le Prix du Jockey Club, avant d'être dépassée dans les derniers 50 mètres par Vision d'Etat et Famous Name. Bref, qu'une femelle remporte un Gr.1 du programme dit "classique" face aux mâles est rarissime...et peut être pour la bonne raison que cela n'est pas souvent tenté ! 

 

Bagheera, la dernière femelle au palmarès du Grand Prix de Paris, en 1949 sous l'entraînement de René Pelat

 

Anglais, et donc pas forcément conservateurs, John et Thady Gosden tentent l'aventure dans le Grand Prix de Paris avec une pouliche, Soul Sister, qui a été supplémentée pour participer à la grande course de vendredi à Longchamp. La raison est simple : Soul Sister aurait pu courir les Irish Oaks, mais celles-ci arrivent trop tard dans son programme pour ensuite disputer les Nassau Stakes, une course dans laquelle elle devrait retrouver notre "Diane" Blue Rose Cen. Récente lauréate des Oaks à Epsom dans un style admirable, Soul Sister paraît comme une sérieuse candidate pour briser un écart de 74 ans ! C'est en effet le temps qui nous sépare de la dernière gagnante d'un Grand Prix de Paris : Bagheera

 

La victoire de Bagheera en 1949, avec 26 partants aux élastiques devant une foule démentielle !

 

Déjà, il faut savoir que de 1863 à 1986, le Grand Prix de Paris s'est couru soit sur 3000, soit sur 3100m. Dans cette configuration, 10 femelles ont remporté la course. La première fois fut la victoire de Sornette en 1870, qui doublait la mise après le Prix de Diane. Vraie pouliche de tenue, elle allait ensuite briller dans la Goodwood Cup et la Doncaster Cup. Est venue ensuite la légendaire Nubienne, championne d'Edmond Blanc qui allait même faire parler d'elle à travers des tableaux, ou encore des écrits de Emile Zola "himself". A cette époque, en 1879, les courses étaient à leur âge d'or, et le Grand Prix de Paris était LA course à ne pas manquer, attirant souvent des milliers de personnes à Longchamp. On se souviendra ensuite des noms de Ténébreuse (1887), Andrée (1895), Semendria (1900), Kizil Kourgan (1902), Reine Lumière (1925), Commanderie (1930), Crudité (1935) et donc Bagheera (1949).

 

La fameuse Nubienne, gagnante en 1879, et ici peinte par Charles Fernand de Condamy

 

Il fallait en tout cas à l'époque de vraies juments de tenues pour gagner la course. Ténébreuse, qui fut une grande championne, allait remporter avec l'âge le Ceasrewitch Handicap, le Prix Gladiateur, et faire l'arrivée de la Gold Cup d'Ascot. Ou bien d'immenses championnes comme Semendria, lauréate cette année 1900 de la Triple Couronne des juments : Poule, Diane et Royal Oak, ou encore Kizil Kourgan (Poule, Diane, Lupin..). Quant à Bagheera, la dernière lauréate du Grand Prix de Paris, elle restait sur un succès dans le Diane, et allait par la suite remporter le Prix Vermeille. Elle sera également placée du Cadran et de la Gold Cup. Pour l'anecdote, le Grand Prix de Paris de Bagheera est l'édition qui a rassemblé le plus de partants, 26 unités au total ! 

 

Cachée à la corde sous toque rose en 3e position, Guislaine est la dernière femelle à avoir fait l'arrivée du Grand Prix de Paris 

 

En 1987, le Grand Prix de Paris est passé sur 2000m, puis sur 2400m en 2005. De cette ère moderne, aucune pouliche n'est ressortie gagnante, et bien peu ont tenté leur chance. La dernière femelle à l'arrivée du Grand Prix de Paris fut Guislaine en 1992. Cette infortunée concurrente allait se faire écraser contre le rail dans l'emballage final par le gagnant Homme de Loi, monté par Thierry Jarnet pour les couleurs Moussac. A l'arrivée de la Poule et du Diane, Guislaine n'était pas la seule femelle au départ cette année là, puisque la bonne Verveine terminera 5e pour les couleurs Wildenstein. Pour le clin d'oeil, Guislaine était entraînée par Pascal Bary pour Jean-Louis Bouchard, soit le même duo que Feed The Flame, autre supplémenté vendredi et principal rival de Soul Sister. Dans ce match au sommet, la fille de Frankel venue d'Angleterre pourrait bien en profiter pour marquer l'histoire, 74 ans après ses illustres congénères. 

 

Alors Soul Sister, prête à relever le défi ?

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